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monologue final de Berenger, Rhinocéros, Ionesco

Publié le 08/05/2015

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LA12 (lecture analytique) OE (objet d'étude) => le théâtre et sa représentation Séquence 2 : - Ionesco, Rhinocéros (extrait, page 243 à 245) Introduction  Sur l'auteur, les oeuvres, l'oeuvre. D'abord nouvelle, puis pièce en trois actes créée dans sa version française à Paris en 1960, s'appuie sur une expérience personnelle. Ionesco de retour en Roumanie en 1938 constate la montée du fascisme et la séduction des intellectuels pour cette idéologie ou leur passivité. C'est pourquoi il décide d'écrire un apologue théâtral qui, d'une contextualisation précise s'ouvre à l'universel. Il met donc en scène l'intervention d'animaux symboliques tels que les rhinocéros (force et sottise) afin de montrer comment une idéologie peut métamorphoser une population et aliéner son libre arbitre. L'union du tragique et du comique (grotesque) permet également une réflexion plus large sur le langage et la communication typique du théâtre de l'absurde. Progressivement, les habitants d'une petite ville tranquille et conformiste deviennent des rhinocéros, même les engagés, les intellectuels, et l'amie de Bérenger. Seul ce dernier n'est pas atteint. Après le départ de Daisy, Bérenger se retrouve donc seul face à un miroir, et à des têtes de rhinocéros devenues très belles. Lecture Dans ce monologue final, Bérenger, ce marginal doutant de lui-même, s'interroge sur sa situation et se demande s'il ne devrait pas suivre l'idée commune. En effet, contre son désir il est le dernier homme et le dernier personnage à s'exprimer. Problématiques possibles : Fonction du monologue, étude du dénouement comme morale de la pièce, évolution du personnage de Bérenger, scène révélatrice du théâtre de l'absurde...Bérenger passe par tous les états psychologiques du vaincu : tentation de suivre le plus fort, honte et culpabilité, difficulté du choix c'est pourquoi le monologue délibératif suit une progression qui rend compte de ce débat intérieur de Bérenger. Le renversement final du personnage s'annonce dans les hésitations du personnage et la multiplicité des tons employés. Ce monologue occupe donc la place dévolue au dénouement et met en valeur le dépassement héroïque d'un personnage commun. Monologue délibératif comme expression de la parole solitaire, quête de valeurs humaines et morale de la pièce. Par sa situation (le dénouement), par sa forme (le monologue), par une mise en scène signifiante, cet extrait constitue un plaidoyer pour l'homme. PLAN : I. L'intérêt du monologue II. A la recherche d'une identité III. La théâtralité I. L'intérêt du monologue A. Un monologue délibératif : Monologue car parole solitaire ; énonciation « je ».Le monologue est composé de deux mouvements d'inégale longueur qui correspondent à deux désirs, deux sentiments opposés de Bérenger insistant sur l'aspect initiatique de ce passage: dans un premier temps le personnage aspire à se transformer en rhinocéros dans un rêve de conformité, d'obéissance à la loi du plus grand nombre « oh ! comme je voudrais être comme eux », « j'aurais dû les suivre à temps » ; dans un deuxième temps, il a un brusque sursaut et décide d'assumer sa différence, de résister seul contre tous, d'être le dernier homme « malheur à celui qui veut conserver son originalité », « je ne capitule pas ». Avant d'être le personnage tragique qu'il devient à l'issue de la pièce, Bérenger hésite devant son destin. La modernité de ce monologue réside dans l'instabilité du personnage qui, jusqu'à la fin, est à la fois un être dérisoire et un héros ambigu. Ce dialogue avec soi est en réalité le signe d'un déchirement, d'un dédoublement et d'un sentiment de culpabilité «j'ai eu tort », « hélas, je suis un monstre, je suis un monstre. », « j'ai trop honte ». Bérenger est celui qui juge et est jugé, regarde et est regardé (voir les didascalies) il « regarde », il « contemple » : gradation avec insistance et minutie. Bérenger se regarde également dans la glace. La thématique du miroir a une fonction importante dans la scène. Pour la première fois, Bérenger est véritablement face à lui-même alors qu'il avait toujours essayé de se fuir. Lorsque Bérenger se plaint, il dialogue avec lui-même en faisant alterner questions et réponses, preuv...
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« également dans la glace.

La thématique du miroir a une fonction importante dans la scène.

Pour la première fois, Bérenger est véritablement face à lui-même alors qu’il avait toujours essayé de se fuir.

Lorsque Bérenger se plaint, il dialogue avec lui-même en faisant alterner questions et réponses, preuve de son angoisse « deviendront-elles rugueuses ? » « j’ai la peau flasque ».

Les termes pathétiques abondent « oh ! », « hélas » (2fois), mais jamais 3 fois, ainsi que la ponctuation forte (exclamatives).

L’oralité du langage, peu de transitions, montrent que Bérenger délibère sous le coup d’une émotion forte comme le soulignent les répétitions La déploration de Bérenger oscille entre espoir « comme je voudrais être comme eux » (cf, le conditionnel) et constat désenchanté « je n’ai pas de corne, ce n’est pas ça ».

Les temps verbaux illustrent parfaitement ce déséquilibre : conditionnel présent à valeur modale (souhait), présent de l’indicatif (présentation d’un fait dans sa réalité), futur de l’indicatif (évocation de l’avenir).

Le texte joue surtout sur le présent de l’indicatif et le conditionnel.

Par le présent de l’indicatif, il émet un constat désabusé plus fort que les souhaits du conditionnel.

Le temps s’appuie sur des verbes de souhait (vouloir, falloir, aurais du, devenir).

Le futur peu présent au début de l’extrait, domine la fin du monologue et exprime le choix de l’avenir chez Bérenger.

B.

Le sentiment de culpabilité : C’est pourquoi, Bérenger évoque la beauté des rhinocéros face à sa propre laideur.

Le lexique de l’esthétique est souvent lié aux rhinocéros : « beaux », « charme » 2 fois avec des expressions hyperboliques « magnifique ».

Mais au-delà de la beauté, c’est la puissance des rhinocéros qui fascine Bérenger « peau dure », « vert sombre », « âpre », « vigueur ».

Même la valorisation du corps « nudité…sans poil » participe à l’idée de vigueur et de force.

Au champ lexical de la force s’oppose celui de la faiblesse de Bérenger « faible » avec tournures hyperboliques « que c’est faible ! ».

Elle est d’abord physique avec des termes de dévalorisation « front plat », « traits tombants », « mains moites », « flasque ».

Même la blancheur du corps est signe de débilité « trop blanc ».

C’est à un portrait descendant et critique que nous convie Bérenger.

Cette faiblesse physique se retrouve dans le manque de puissance vocale de Bérenger.

Il s’évertue, pour se mettre du côté des vainqueurs à apprendre leur langage c'est-à-dire l’absence de langage.

Il constate que son échec provient encore de sa faiblesse « je hurle seulement ».

La nuance « Je n'arrive pas à barrir.

Je hurle seulement.

» révèle l'emprisonnement dans la condition humaine déplorée.

Il aboutit alors à ce renversement paradoxal de valeurs qui lui fait dire, toujours dans la répétition, « Hélas, je suis un monstre, je suis un monstre.

» pour signifier son obsession de n'être qu'un homme ; en revanche le rhinocéros n'a pour lui rien de monstrueux et reste le modèle à adopter.

Bérenger passe de sa situation actuelle « je », « ici », « maintenant » à la généralisation « Malheur à qui veut conserver son originalité ! ».

Ce dernier, face à son état, éprouve donc un sentiment de mauvaise conscience, de culpabilité.

La forme verbale « j’aurais du les suivre à temps » est l’expression d’un regret dans le passé.

De même, le lexique de la morale souligne bien le jugement que Bérenger porte sur lui-même « j’ai eu tort », « mauvaise conscience », « je ne suis pas beau », « que c’est laid ».

Bérenger se sent alors coupable d’être différent.

Il est devenu un monstre étymologiquement celui que l’on montre par sa différence.

La récurrence du verbe « pouvoir » souligne enfin l’impuissance de Bérenger à devenir comme les autres « si je pouvais », « je ne peux plus ».

Cette culpabilité par rapport aux autres se double d’une certaine honte d’être lui-même.

Exclamative : « J’ai eu tort ! » « je n’aurai plus honte », « Comme j’ai mauvaise conscience », « J’ai trop honte ! ».

Au-delà du personnage, c’est l’essence même de l’homme qui est remise en cause.

Le monologue exprime donc la déshumanisation progressive du personnage mais surtout une réflexion sur la norme.

En effet, Bérenger n’a pas changé, c’est la norme qui s’est modifiée faisant de lui un être différent donc rejeté.

C’est pourquoi il regrette de ne pas pouvoir devenir rhinocéros : « Je ne peux plus changer.

Je voudrais bien, je voudrais tellement, mais je ne peux pas ».

Les répétitions et l’opposition entre vouloir et pouvoir montre son désespoir + conditionnel. C.

Le discours tragique de l’identification au rhinocéros : La vulnérabilité physique de Bérenger s’accompagne également d’une faiblesse morale se traduisant par un mépris de soi « j’ai trop honte ».

Les formules privatives et négatives qui abondent dans le texte le soulignent également « je n’ai pas », « je n’avais plus », « ne pas … », « manque ».

Cette fascination pour la puissance fait de Bérenger un paria, un étranger malheureux de l’être.

Les 2. »

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