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NIZAN Paul : sa vie et son oeuvre

Publié le 25/11/2018

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NIZAN Paul (1905-1940). Tué à l’ennemi au cours de la Seconde Guerre mondiale, Paul Nizan, romancier et journaliste, mais aussi communiste militant jusqu’à la dramatique rupture de septembre 1939, éprouva son époque jusqu’à se confondre avec elle et en proposa une image variée mais cohérente qui vaut autant par la qualité du reportage que par la vérité des expériences vécues.

 

Révolte et roman

 

Journaliste, essayiste, romancier, Nizan a rendu compte de son temps avec une simplicité agressive et parfois schématique. Il a, du journaliste, tout à la fois les qualités et les défauts. S’il affronte — avec hardiesse, lucidité et humour — les difficiles questions que pose à l’intellectuel français de 1930 la présence simultanée d’un monde universitaire éloigné des réalités et d’une classe ouvrière accablée par la misère, il cède trop souvent à la facilité et à la caricature. De l’École normale supérieure, « troupe orgueilleuse de magiciens » (Aden Arabie) où il fut reçu en 1924, le pamphlétaire donne une image déformée par les exigences de la polémique. La philosophie, quant à elle, que Nizan étudia brillamment aux côtés de Jean-Paul Sartre (son camarade d'études dès 1917 au lycée Henri-IV, puis en khâgne à Louis-le-Grand), de Raymond Aron, de Georges Can-guilhem, est exécutée par lui avec une rage si froide, si brouillonne que la démonstration perd beaucoup de sa crédibilité.

 

Entre bons et mauvais philosophes, Nizan fait le partage sans nuances. Si la « philosophie idéaliste » énonce des « vérités sur l’homme », elle méconnaît « la carte de la répartition de la tuberculose dans Paris qui dit comment les hommes meurent ». Le manque de clairvoyance qui poussa Nizan à écrire que «jamais les philosophes ne s’occupent effectivement des hommes » fut comme l’envers du courage dont il fit preuve en dénonçant les professeurs en place comme les « chiens de garde » de la bourgeoisie, s’interdisant du même coup toute possibilité de carrière à l’intérieur de l’Université. Désireux de parler aux hommes de la réalité de leur vie (« Il est question d’être utile. Et non de faire l’apôtre »), il refuse la « philosophie présente » et prône le « ralliement à la philosophie de Marx et de Lénine ». Délaissant Spinoza (qu’il étudia longuement à l’École normale) et Heidegger (qu’il fut le premier à présenter au public français à travers un extrait de Qu’est-ce que la métaphysique ? traduit par Alexandre Koyré dans le numéro 8 de la revue Bifur, 10 juin 1931), il manifeste un intérêt qui ne faiblira jamais pour les « matérialistes de l’Antiquité », titre de l’ouvrage (1936) le plus lu du vivant de Nizan (6 000 exemplaires vendus en 1938) et notamment pour Èpicure, qui « domine l’histoire du matérialisme antique ». Invitant à trahir « la bourgeoisie pour les hommes », il propose du monde une vision que le manichéisme prive d’une grande partie de sa richesse. Les expériences du jeune normalien (les Chiens de garde, 1932), du voyage d’Aden, accompli au cours de sa scolarité rue d’Ulm (Aden Arabie, 1931), du militant communiste de Bourg-en-Bresse, où, jeune agrégé de philosophie, il enseigne en 1931-1932 (le Cheval de Troie, 1935), se traduisent par une suite de tableaux où s’opposent oppresseurs et opprimés, philosophes complaisants et philosophes révolutionnaires, prolétaires lucides et déterminés et intellectuels désœuvrés succombant aux séductions du fascisme.

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