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Objet d’étude : Convaincre, persuader, délibérer.

Publié le 18/01/2020

Extrait du document

CORPUS

TEXTE A. Jean de La Bruyère, « De l’homme », XI, n° 128,

Les Caractères, 1688-1696.

TEXTE B. Fénelon, Lettre à Louis XIV, 1693.

TEXTE C. Victor Hugo, Discours à VAssemblée, 30 juin 1850.

TEXTE D. Arthur Rimbaud, « Les Effarés », Poésies, édition posthume de 1895 (texte composé en 1870).

> TEXTE E. Émile Zola, L’Assommoir, 1877.

ÉCRITURE

I. Vous répondrez d’abord à la question suivante.

Question (4 points)

Identifiez dans l’ensemble du coipus quatre procédés argumentatifs et dites en quoi ils sont efficaces pour dénoncer la misère du peuple.

II. Vous traiterez ensuite l’un des sujets suivants.

1. Commentaire (16 points)

Vous commenterez le texte de Zola (texte E).

2. Dissertation (16 points)

« Eh bien, dérangez-vous quelques heures, venez avec nous, incrédules, et nous vous ferons voir de vos yeux, toucher de vos mains, les plaies [...] » (extrait du texte de Hugo).

Vous montrerez en quoi l’écriture littéraire sous toutes ses formes est particulièrement apte à dénoncer les problèmes de la société.

Vous utiliserez pour cela les textes du corpus, ceux que vous avez étudiés en classe et vos lectures personnelles.

3. Invention (16 points)

Vous avez été témoin, dans votre propre commune, d’une scène proche de celle que décrit Rimbaud dans « Les Effarés ». Vous la racontez dans une lettre à un élu local pour lui faire part de vos émotions et l’inciter à agir.

Émile Zola, L’Assommoir, 1877.

Au milieu de cette existence enragée par la misère, Gervaise souffrait encore des faims qu’elle entendait râler autour d’elle. Ce coin de la maison était le coin des pouilleux, où trois ou quatre ménages semblaient s’être donné le mot pour ne pas avoir du pain tous les jours. Les portes avaient beau s’ouvrir, elles ne lâchaient 5 guère souvent des odeurs de cuisine. Le long du corridor, il y avait un silence de crevaison, et les murs sonnaient creux, comme des ventres vides. Par moments, des danses s’élevaient’, des larmes de femmes, des plaintes de mioches affamés, des familles qui se mangeaient pour tromper leur estomac. On était là dans une crampe au gosier générale, bâillant par toutes ces bouches tendues ; et les poitrines 10 se creusaient, rien qu’à respirer cet air, où les moucherons eux-mêmes n’auraient pas pu vivre, faute de nourriture. Mais la grande pitié de Gervaise était surtout le père Bru, dans son trou, sous le petit escalier. Il s’y retirait comme une marmotte, s’y mettait en boule, pour avoir moins froid ; il restait des journées sans bouger, sur un tas de paille. La faim ne le faisait même plus sortir, car c’était bien inutile 15 d’aller gagner dehors de l’appétit, lorsque personne ne l’avait invité en ville.

Quand il ne reparaissait pas de trois ou quatre jours, les voisins poussaient sa porte, regardaient s’il n’était pas fini. Non, il vivait quand même, pas beaucoup, mais un peu, d’un œil seulement ; jusqu’à la mort qui l’oubliait ! Gervaise, dès qu’elle avait du pain, lui jetait des croûtes. Si elle devenait mauvaise et détestait 20 les hommes, à cause de son mari, elle plaignait toujours bien sincèrement les animaux ; et le père Bru, ce pauvre vieux, qu’on laissait crever, parce qu’il ne pouvait plus tenir un outil, était comme un chien pour elle, une bête hors de service, dont les équarrisseurs1 2 ne voulaient même pas acheter la peau ni la graisse. Elle en gardait un poids sur le cœur, de le savoir continuellement là, de l’autre côté du 25 corridor, abandonné de Dieu et des hommes, se nourrissant uniquement de lui-même, retournant à la taille d’un enfant, ratatiné et desséché à la manière des oranges qui se racornissent sur les cheminées.

Les travaux d'écriture

La question

L'intitulé de la question explicite la problématique du corpus : « et dites en quoi ils sont efficaces pour dénoncer la misère du peuple. » Comme c'est l'usage, la question est à la fois un travail à effectuer et une aide pour aborder la diversité des textes. Une fois que vous avez répondu à la question, vous êtes armé(e) pour aborder le sujet que vous aurez choisi. Ici, la question met en lumière la visée argumentative du texte de Zola donné à commenter en même temps qu'elle vous invite à vous pencher sur les procédés employés. Par ailleurs, cette même question noue un lien entre les procédés littéraires et la finalité critique; on remarquera que le verbe « dénoncer » apparaît dans les deux consignes. Et enfin l'étude des procédés demandée permet une lecture précise du poème de Rimbaud qui sert de support à l'écriture d'invention. Il serait donc bien maladroit de ne pas répondre à la question avant d'aborder le sujet proprement dit.

Le commentaire

Même si les élèves qui ont passé l'épreuve en 2007 n'ont pas été entraînés durant l'année à travailler sur le roman, les techniques acquises à l'occasion du commentaire d'autres textes (poèmes argumentatifs, apologues...) permettent d'aborder le sujet sans appréhension. La compréhension du texte ne pose pas de problème et la dénonciation de la misère y est évidente. La problématique du corpus éclaire la lecture et oriente le commentaire: on attend que vous montriez comment l'écriture littéraire (ici l'écriture romanesque) sert la dénonciation.

La dissertation

La dissertation, comme c'est la règle dans l'épreuve de français du baccalauréat, se nourrit de la problématique du corpus. La diversité des textes met au jour la variété des procédés littéraires au service d'une cause; tout naturellement, la dissertation approfondit la réflexion amorcée dans la question en interrogeant sur l'aptitude de « l'écriture littéraire sous toutes ses formes » à « dénoncer les problèmes de société ».

L'écriture d'invention

S'appuyant sur « Les Effarés » de Rimbaud, l'écriture d'invention propose en quelque sorte de mettre en pratique ce qui a été observé dans les différents textes du corpus. L'écriture littéraire (la mise en place d'une fiction narrative) attendue est au service d'une argumentation. Il s'agit donc à la fois d'un travail de réflexion sur un problème actuel et d'une composition littéraire.

« Sujets du bac 2007 TEXTE A Jean de La Bruyère,« De l'homme», XI, n° 128, Les Caractères, 1688-1696.

L'on voit certains animaux farouches, des mâles et des femelles répandus par la campagne, noirs, livides et tout brûlés du soleil, attachés à la terre qu'ils fouil­ lent et qu'ils remuent avec une opiniâtreté invincible; ils ont comme une voix articulée, et quand ils se lèvent sur leurs pieds, ils montrent une face humaine, et s en effet ils sont des hommes ; ils se retirent la nuit dans des tanières où ils vivent de pain noir, d'eau et de racine: ils épargnent aux autres hommes la peine de semer, de labourer et de recueillir pour vivre, et méritent ainsi de ne pas manquer de ce pain qu'ils ont semé.

TEXTEB Fénelon, Lettre à Louis XIV, 1693.

Le peuple même (il faut tout dire), qui vous a tant aimé, qui a eu tant de confiance en vous, commence à perdre l'amitié, la confiance, et même le respect.

Vos victoires et vos conquêtes ne le réjouissent plus; il est plein d'aigreur et de désespoir.

La sédition 1 s'allume peu à peu de toutes parts.

Ils croient que vous s n'avez aucune pitié de leurs maux, que vous n'aimez que votre autorité et votre gloire.

Si le roi, dit-on, avait un cœur de père pour son peuple, ne mettrait-il pas plutôt sa gloire à leur donner du pain, et à les faire respirer après tant de maux, qu'à garder quelques places de la frontière, qui causent la guerre ? Quelle réponse à cela, Sire ? Les émotions 2 populaires, qui étaient inconnues depuis si longtemps, 10 deviennent fréquentes.

Paris même, si près de vous, n'en est pas exempt.

Les magistrats sont contraints de tolérer l'insolence des mutins, et de faire couler sous main quelque monnaie pour les apaiser; ainsi on paye ceux qu'il faudrait punir.

Vous êtes réduit à la honteuse et déplorable extrémité, ou de laisser la sédition impunie et de l'accroître par cette impunité, ou de faire massacrer avec inhuma- is nité des peuples que vous mettez au désespoir en leur arrachant, par vos impôts pour cette guerre, le pain qu'ils tâchent de gagner à la sueur de leurs visages.

1.

la sédition: le soulèvement contre l'autorité.

2.

les émotions: les révoltes.

54. »

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