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On a dit : « Chacun est fils de ses oeuvres » Le mot est-il plus vrai et d'une application plus générale aujourd'hui qu'autrefois?

Publié le 12/02/2012

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On entend assez ce que signifie l'expression : être fils de ses oeuvres. Elle s'emploie pour désigner celui dont la position considérable est beaucoup moins le présent du hasard ou de la faveur que le prix de l'effort et du talent personnels. Que le mot rencontre sa traduction efféctive aujourd'hui plus souvent qu'autrefois, un coup d'oeil rapide sur l'organisation sociale avant et depuis la Révolution ne nous permettra pas d'en douter.

« Gardons-nous pourtant de rien exagérer : les frontières de la carte sociale n'étaient pas si bien défendues autrefois qu'elles fussent infran;­ chissables.

Lorsque tel seigneur, réduit à la propriété d'une grenouillère ou d'un colombier, se voyait contraint de tenir la charrue, la bourgeoisie possédait une porte constamment ouverte .sur l'aristocratie : la magis­ trature; et il fallait .moins .d'un quart de siècle au mortier du juge pour se métamorphoser en couronne nobiliaire.

ll y avait encore un moyen plus expéditif : maintes fois, une poterne s'ouvrit au tintement des écus; que· de roturiers les alliances matrimoniales n'ont-elles pas fait entrer dant la forteresse! N'oublions pas non plus les lettres de noblesse délivrées par leurs majestés l'Art et la Littérature : •Racine ni Boileau, Le Brun ni Man­ sart ne portent un front humilié au milieu des courtisans de Versailles; au siècle suivant, Voltaire fut roi, plus roi que Louis XV.

· ·Et aujourd'hui, le terrain est-il aussi aplani qu'on le proclame? De bons esprits, peut-être chagrins, prétendent que les entraves à la liberté n'ont fait que changer de nom et que l'injustice, bien souvent, donne à l'inca­ pacité le pas sur le mérite.

Autrefois, disent-ilsJ l'obstacle était odieux, mais il s'apercevâft de loin : on s'épargnait des i:nécomptès en bornant ses désirs; maintenant on ne le distingue que lorsqu'on s'y ·heurte : l'autre est préférable.

Ils ont eneore cette comparaison : les voyageurs qui escaladent lès pyramides d'Egypte se forit hisser de degré en degré par de robustes guides; considérez la foule qui grimpe à la pyramide de la société con­ temporaine : une main officieuse se prête aux tins, un pied brutal repousse les autres; combien peu atteignent les abords de la cime à la seule force dè leurs poignets l -.

· Si, dans ces jugements pessimistes, tout n'est point · vérité, convenons que tout n'est point errèur non plus.

Sans doute, une émulation féconde a réalisé des progrès ineomparablês ·dans l'ordre matériel; mais les progrès de l'ordre moral sont-ils aussi sensibles? L'homme est-il plus heureux, ou, cé qui revient au même, est-il plus vertueux?· Lè peuple n'avait autrefois que des ambitions humbles, donc faciles à contenter; san·s attendre lè len­ demain pour.jouir, il tirait du jour présent tout le contentement possible.

Il n'arrivait, il est vrai, ni aux honneurs ni .aux richesses; mais en quel temps l'or et la grandeur ont-ils donné la· véritable Joie? Que de châteaux furent bâtis pour y Joger le bonheur, où le bonheur n'est jamais entré, retenu qu'il était_ sous un pauvre toit! Aujourd'hui que l'on se croit toutes les ambitions permises, on s'engage dans la mêlée sans consulter ses forces.

-Pour un qui arrive, combien tom­ b~nt sur le chemin! ·Alors ce sont des regrets, des jal01isies, des haines·· qui étreignent le cœur jusqu'à en exprimer la dernière goutte de )oie.

D_'autres déceptions attenuent souvent aussi ceux qui parviennent; que de fois l'objet convoité n'est point ce qù'il semblait et ne vaut pas la peine que l'on s'est donnée! Plus d'tin remords persévère dans l'âme après ~ne vie de luttes et lui ravit la quiétude qu'elle s'~tait.

P!:omise.

Elle est parfois odieuse, parfois doulQureuse,_)'histoire du parvenu~ · · Que notre regard embrasse maintenant la société entière.

Elle ressem­ ~lait autrefois à un àolide navire que des cloisons divisaient en compar­ timents étanches; les intérêts, se trouvànt divises, se coalisaient difficile­ ment; une large ouverture pouvait se faire à la coque sans entraîner la · perte du navire.

Aujourd'hui que ces cloisons ont été supprimées, la sécu­ rité n'est plus la même; et l'on frémît à la pens~ du èataciysnie que pro~. »

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