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On ne badine pas avec l'amour (Scène 5 - Acte II) - Musset

Publié le 24/04/2011

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amour

La cinquième scène située à la fin de l'Acte II présente le dialogue entre Perdican et Camille. Celle-ci a demandé à celui-là de se rendre à un dernier rendez-vous avant son départ, avant qu'elle ne quitte définitivement la demeure de son oncle le Baron et refuse le mariage prévu avec son cousin, Perdican. Nous sommes ici à la toute fin de la scène : Camille a déjà exprimé son désir de se retirer dans un couvent, loin des tentations terrestres. Perdican, qui tente déjà depuis le début de la scène de l'en dissuader, essaie, pour une dernière fois, de la ramener à la raison. Quelle vision de l'amour Musset exprime-t-il à travers le personnage de Perdican, qui domine la fin de la scène ? Nous étudierons tout d'abord la critique portée contre la religion qui opprime les coeurs, puis l'éloge de l'amour qui permet à l'homme d'échapper à sa condition misérable.

amour

« secrètement de passions charnelles.

La virulence des propos traduit l'amour blessé du jeune homme, qui n'a rienoublié de son enfance auprès de Camille et de leur affection mutuelle.

Dans cette scène il donne de façon exaltée etlyrique sa vision de l'amour, totalement opposée à la vision faussée qu'en a sa cousine. Perdican associe tout d'abord l'amour aux souvenirs de son enfance, qui représente une sorte de paradis perdu :innocents, Perdican et Camille s'aimaient alors tendrement.

Il rappelle donc à la jeune fille les « jours de [s]onenfance », durant lesquels ils étaient heureux, se considérant comme le « frère » et la soeur.

Leur mariage, souhaitépar la mère de Camille avant sa mort, ne devait être que l'aboutissement de cette inclination naturelle, comme lerappelait déjà Perdican à la scène 1 de l'acte II : « elle a voulu que notre amitié fût éternelle ».Perdican évoque donc naturellement les lieux de son enfance, « ce bois », « cette pauvre petite fontaine », «l'herbe », paysage idyllique qui abritait les amours enfantines et donne à l'amour un aspect romantique : ce n'estpas dans la société et dans ses « masque[s] » que l'amour peut s'épanouir, mais dans l'osmose avec les élémentsnaturels.

La nostalgie de Perdican le rend sentimental, et l'amène à personnifier « la pauvre petite fontaine » « touten larmes », ce qui est pour lui une façon indirecte d'indiquer à Camille ses propres sentiments cachés par la colèreprésente.

A la simplicité du décor naturel qui abritait leur tendresse passée, Perdican fait correspondre le natureldes âmes : alors que l'esprit de Camille est perverti par la réflexion et le savoir, son « coeur », « qui ne sait pas lire», « a battu » et a ramené la jeune fille sur ces lieux de la félicité d'antan.

Le « coeur » dans sa pureté a su vaincrela volonté de Camille : « tu voulais partir », « tu ne voulais revoir ».

A la vision pessimiste de sa cousine, Perdicancherche donc à opposer le souvenir heureux d'une enfance tendre et naturelle. Perdican est cependant bien conscient de leur évolution et de leur âge : lui a vingt-et-un ans, elle dix-huit.

Ils nesont plus des enfants, mais ils sont entrés dans le monde des adultes dont la pièce offre une représentation dansles quatre figures des fantoches : le baron, Maître Bridaine, Maître Blazius et Dame Pluche sont des personnagesgrotesques, pédants et obtus, auxquels les jeunes gens ne peuvent absolument pas s'identifier.

Devenir adulte,dans la pièce, signifie perdre un peu de son âme ; c'est pourquoi le Choeur, attendant le retour de Perdican dansl'acte I, espère « retrouver l'enfant dans le coeur de l'homme ».

Perdican développe très largement cette idée d'unehumanité pleine de vices et de défauts ; il reprend ainsi à son compte la thèse de Camille qui croit les hommesdépravés.

Il accentue l'idée d'une humanité complètement pervertie en associant les femmes aux hommes avec uneanaphore (« tous », « toutes ») et deux énumérations successives de défauts, portant principalement sur laduplicité (« menteurs », « faux », « hypocrites », « perfides », « artificieuses »), l'orgueil (« orgueilleux », «vaniteuses »), et la dépravation (« inconstants », « lâches », « sensuels », « dépravées »).

Le « monde » est décritavec une métaphore qui associe plusieurs images afin d'en montrer la turpitude : l' « égout » et la « fange »évoquent la saleté, le dégoût qu'il peut inspirer, les « phoques » « informes » qui « rampent » et « se tordent »figurent l'humanité comme fondamentalement atrophiée, avilie, et déshumanisée.

L'auteur accumule les imagesdégradantes afin d'accentuer le contraste qu'il ménage comme une chute à cette longue phrase et qui intervientavec le « mais » : « une chose » s'oppose à cette série d'images négatives, mise en valeur avec la tournured'intensité «il y a…c'est », il s'agit de « l'union de deux de ces êtres si imparfaits et si affreux ».

L'amour estdonc présenté comme ce qui peut sublimer l'homme, le faire accéder à son humanité entière (« c'est moi qui ai vécu»), voire même à une certaine divinité, car cette union est « sainte et sublime ».

Musset, dans les propos dePerdican, définit l'amour comme le moyen, pour l'homme, de se réaliser.

Cette vision de l'amour, exaltant lesentiment, s'inscrit dans la sensibilité romantique. L'amour n'est cependant pas présenté comme une chose facile ; Perdican insiste dans la fin de sa deuxième répliquesur la souffrance pouvant découler du sentiment amoureux.

Il répond ainsi à Camille qui auparavant déclarait : « Jeveux aimer, mais je ne veux pas souffrir ».

Il présente l'amour comme une source possible de douleur, mais surtoutcomme la seule possibilité pour l'homme de vivre pleinement.

Cette idée est développée dans une suite depropositions qui se font écho : la première, écrite avec un « on » généralisant dans un rythme ternaire souligné parla répétition de l'adverbe « souvent », montre la souffrance née de l'amour ; la deuxième s'oppose (« mais ») etmontre l'importance de l'amour, seul élément important au moment du bilan final (« sur le bord de sa tombe ») ; latroisième reprend le rythme ternaire et l'idée de souffrance de la première, ainsi que l'opposition de la deuxième («mais j'ai aimé »), condensant ainsi les effets pour mieux persuader. Pour conclure, dans l'affrontement qui oppose Perdican et Camille dans la scène 5 de l'acte II, la jeune fille quijusqu'alors, par sa froideur, avait dominé les relations, est réduite au silence par son cousin très énervé contre lesreligieuses qui ont selon lui perverti son âme.

Il leur reproche leur hypocrisie et leurs médisances sur l'amour.

Pour. »

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