PARAIN Brice : sa vie et son oeuvre
Publié le 27/11/2018
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PARAIN Brice (1897-1971). Brice Parain est né à Cour-celles-sous-Jouarre, de parents instituteurs; après des études secondaires au collège de Meaux, il est mobilisé en 1916. Trois ans plus tard, il entre à l’École normale supérieure, dans la promotion spéciale des mobilisés. Ses goûts l’amènent à se spécialiser à la fois dans les disciplines linguistiques — il s’intéresse à la langue russe — et en philosophie; il passe avec succès l’agrégation dans cette discipline en 1926 après avoir effectué une mission en U.R.S.S. A partir de 1927, et jusqu’en 1967, Brice Parain remplit une tâche de direction aux éditions Gallimard, tout en élaborant une œuvre de réflexion philosophique, consacrée à l’étude du langage dans la société contemporaine. Il écrivit également deux romans, la Mort de Socrate (1950) et Joseph (1964), ainsi qu’une pièce de théâtre, Noir sur Blanc, qui sera montée en 1962; il reçut la consécration du grand prix littéraire de la Ville de Paris (1967) et le prix des Critiques pour Petite Métaphysique de la parole (1969).
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supeneure,
dans la promotion spéciale des mobilisés.
Ses goûts l'amènent à se spécialiser à la fois dans les
disciplines linguistiques -il s'intéresse à la langue
russe -et en philosophie; il passe avec succès l'agréga
tion dans cette discipline en 1926 après avoir effectué
une mission en U.R.S.S.
A partir de 1927, et jusqu'en
1967, Brice Parain remplit une tâche de direction aux
éditions Gallimard, tout en élaborant une œuvre de
réflexion philosophique, consacrée à l'étude du langage
dans la société contemporaine.
Il écrivit également deux
romans, la Mort de Socrate (1950) et Joseph (1964),
ainsi qu'une pièce de théâtre, Noir sur Blanc, qui sera
montée en 1962; il reçut la consécration du grand prix
littéraire de la Ville de Paris ( 1967) et le prix des Criti
ques pour Petir e Métaphysique de la parole (1969).
La réflexion de Brice Parain s'est élaborée à partir
d'une certaine idée du langage : celui-ci n'est pas seule
ment un matériel de traduction que l'homme utilise pour
faire passer ses émotions, ses actes; il se révèle aussi
capable de donner l'existence à ce que J'homme dit, et
permet ainsi la réflexion.
« L'étonnement initial, et par
suite le doute initial qui est à 1' origine de toute décou
verte, ne porte pas sur le cours des choses, mais sur leur
expression » (Recherches sur la nature et les fonctions
du langage, 1943).
Le philosophe attire également notre
attention sur le double sens du mot grec logos, qui signi
fie à la fois « raison >> et «discours » (Essai sur le logos
platonicien, 1942).
Mais cette qualité intrinsèque du langage porte en elle
ses risques : sa valeur morale et intellectuelle a pu être
ruinée par les sophistes, qui avaient réduit le langage à
une rhétorique.
De plus, le sens de la parole échappe à
1' homme sitôt qu'elle est proférée : dans Noir sur blanc,
M.
Jamet, le personnage principal de la pièce, assiste
avec terreur à la métamorphose de ses pensées en dis
cours définitif� qui trahissent finalement la réflexion ori
ginelle.
Dans Sur la dialectique ( 1953), Parain montre
également que.
fondé en rhétorique, le raisonnement dia
lectique ne peut être tenu pour rationnel ni naturel puis
qu' il est possible de prouver à la fois une chose et son
contraire.
Il y a plus grave, Je langage peut devenir res
ponsable du mal : «Nous n'avons rien à dire contre les
crimes et les guerres, parce qu'ils sont les conséquences
de nos mauvaises paroles>> (Petite Métaphysique de la
parole).
Ainsi les maladies du langage sont-elles un témoi
gnage de celles de la société et de 1' individu.
De là, vient
le danger de ce que Parain appelle le «galvaudage » des
mots, lesquels perdent leur sens dans un monde qui les
emploie à to rt ct à travers : « Il est sans doute plus dange
reux de toucher au langage qu'à la vie.
La vie sait réparer
elle-même ses blessures, comme un chien en les léchant.
Les mots, il faut combien de sacrifices pour les remettre
en place >> (F ran ce, marchande d'Églises, 1966).
li
importe donc de retrouver une forme de sagesse, que
Parain place dans une restauration de la vérité du lan
gage : « Il faut arrêter de se vautrer dans les contradic
tions, se guérir des extravagances de la dialectique; en
un mot, se dire que le mensonge détourne du réel »
(Preuves).
La pensée de l'écrivain prend donc une
dimension morale :.
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