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Parnassiens, décadents et symbolistes

Publié le 18/10/2011

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DÉCADENTS ET SYMBOLISTES Esthètes et symbolistes pour la plupart, pour les appeler par le nom générique qui les a désignés dans l'Europe littéraire en France et en Angleterre surtout, ils sont les dêcadents. C'est un livre à la manière de Huysmans, publié en 1885, Les Déliquescences du soidisant Adoré Floupette, qui a fixé le type de ce nouveau mal du siècle. Des Esseintes, le héros de Huysmans, est une caricature des nouveaux venus dans l'art, un snob à la fois quinteux et dyspeptique, qui nous livre les idées rêelles de l'élite sur le nouvel idéal artistique. Huysmans qui résistait encore à l'idéalisme venant de l'école naturaliste avait amorcé la discussion littéraire dans A Rebours de 1884. Une parodie de Gabriel Vicaire et d'Henri Beauclair, Les Déliquescences d'Adoré F/oupette, poète décadent, fut prise pour une œuvre sérieuse et longtemps on confondit les véritables décadents avec cette caricature. C'est pour cette raison que Jean Moréas formulant les principes de la nouvelle école dans le X/Xe siècle du 11 aollt 1885 repoussait le nom de décadent et revendiquait celui de symboliste. Déjà Paul d'Armon avait dans la France Libre reconnu que ces jeunes gens avaient le sens du mystère et que les décadents se rattachaient par leurs conceptions philosophiques à Hartmann et au bouddhisme. Mais Moréas se trouvait le véritable ancêtre. Il citait ces lignes de Poe qui caractérisent l'œuvre d'art: « Deux choses sont éternellement requises : l'une, une certaine somme de complexité ; l'autre, une certaine quantité d'esprit suggestif, quelque chose comme un courant souterrain de pensée non visible, indéfini; c'est l'excès, dans l'expression, du sens qui ne doit qu'être insinué, c'est la manie de faire du courant souterrain d'une œuvre le courant visible et supérieur, qui change, en prose de 

 

C'est en mars 1866 que sort des presses de l'éditeur Alphonse Lemerre le Parnasse contemporain, recueil de vers de poètes qui se reconnaissent tous pour maitres Théophile Gautier, Leconte de Lisle, Baudelaire et Banville. Le Parnasse contemporain publie des poèmes de Heredia, Sully Prudhomme, François Coppée, Léon Dierx et aussi de Verlaine et de Mallarmé.

 

Gustave Kahn (1859-1936) Il a été un des initiateurs, - lui même a affirmé en être l'inventeur- du vers libre. Il a voulu en effet permettre à la pensée de s'étendre dans le rythme approprié à l'expression. Il a le sens de la musique et a cultivé la prose poétique à la manière de Baudelaire. Ainsi les Palais nomades nous offrent des vers baudelairiens et des proses baudelairiennes et symbolistes. Comme l'a noté René Latou, ses Chansons d'amours datent. Il nous cite pourtant le jugement de Remy de Gourmont sur Domaine de fée : « le plus délicieux livret de vers d'amour qui nous fut donné depuis les Fêtes galantes J . L'auteur des Contes juifs a la nostalgie d'un Orient idéal, qui excite son éloquence poétique dans le Livre d'images, au titre rilkéen. Mais il est un chercheur souvent original qui en arrive à créer des harmonies inattendues avec du déjà vu.  

« Leconte de Lisle se révolte contre la science de son temps .

Déjà dans la préface des Poèmes antiques en 1852 , il constatait que c l'art et la science étaient prêts à se confondre » .

Mais en 1855, dans la préface des Poèmes et Poésies , il est véhément : c Je hais mon temps, déclare-t-il » et il le hait surtout à cause de c l'alliance monstrueuse de la poésie et de l'industrie ».

Pour ne pas « annihiler sa nature au profit de cette alliance », il va tenter l'évasion .

En fait toute sa vie, il est tourmenté par le mystère de la mort .

Il est possédé comme son mattre Fourier du désir de l'immortalité , parce que c'est la condition absolue du bonheur.

Il n'en est pas moins hanté par l'anéantissement total, l'idée et la vision de la mort universelle , où sombrent les êtres et les choses , auss i bien peuples , mondes, qu'individus .

MIDI (extrait) Midi , roi des étés, épandu sur la plaine , Tombe en nappes d'argent des hauteurs du ciel bleu.

Tout se tait.

L'air flamboie et brOie sans haleine; La terre est assoupie en sa robe de feu .

L'étendue est immense , et les champs n'ont point d 'ombre , Et la source est tarie où buvaient les troupeaux ; La lointaine forêt, dont la lisière est sombre, Dort là-bas , immobile , en un pesant repos.

Seuls le s grands blés mOris, tels qu'une mer dorée, Se déroulent au loin , dédaigneux du sommeil ; Pacifiques enfants de la terre sacrée, Ils épuisent sans peur la coupe du soleil.

Parfo is , comme un soupir de leur âme brOiante , Du sein des épis lourds qui murmurent entre eux, Une ondulation majestueuse et lente S'éveille , et va mourir à l'horizon poudreux.

Non loin, quelques bœufs blancs, couchés parmi les herbes Bavent avec lenteur sur leurs fanons épais, Et suivent de leurs yeux languissants et superbes Le songe intérieur qu'ils n'achèvent jamais.

(Po èmes antiques , 1852.

A.

Lemerre, éditeur) NOX Sur la pente des monts les brises apaisées Inclinent au sommeil les arbres onduleux ; L'oiseau silencieux s'endort dans les rosées, Et l'étoile a doré l'écume des flots bleus .

Au contour des ravins, sur les hauteurs sauvages Une molle vapeur efface les chemins ; La lune tristement baigne les noirs feuillages ; L'oreille n'entend plus les murmures humains.

Mais sur le sable au loin chante la mer divine, Et des hautes forêts gémit la grande voix, Et l'air sonore, aux cieux que la nuit illumine , Porte le chant des mers et le soupir des bois.

Montez, saintes rumeurs, paroles surhumaines , Entretien lent et doux de la terre et du ciel 1 Montez , et demandez aux étoiles sereines S'il est pour les atteindre un chemin éternel.

0 mers, ô bois songeurs , voix pieuses du monde, Vous m' avez répondu durant mes jours mauvais; Vous avez apaisé ma tristesse infOConde, Et dans mon cœur aussi vous chantez à jamais : (Poèmes antiques, 1852.

A.

Lemerre, éditeur.) Théodore de Banville (1823-1891) On peut di re que Théodore de Banville est le meil- · leur disciple de Théophile Gautier en ce qui concerne l'art.

C'est à la richesse de la rime qu'il s'est appliqué et au vers bien frappé dont il donne les caractéristi­ ques dans son Petit traité de versification française de 1872.

Il est un poète délicat , fin et charmant , doué de fantaisie en ces recueils que nous lisons avec plai­ sir : les Cariatides (1842) , les Stalactites (1846) , les Odelettes (1857) et surtout les Odes funambulesqu es (1857).

LE SAUT DU TREMPLIN (extraits) Oown admirable, en vérité 1 Je crois que la postérité, Dont sans cesse l'horizon bouge, Le reverra , sa plaie au flanc .

Il était barbouillé de blanc, De jaune, de vert et de rouge .

Il s'élevait à des hauteurs Telles , que les autres sauteurs Se consumaient en luttes vaines .

Ils le trouvaient décourageant, Et murmuraient : c Quel vif-argent Ce démon a-t-il dans les veines ? » C'était avec son cher tremplin.

Il lui disait : « Théâtre plein D'inspiration fantastique, Tremplin, qui tressailles d'émoi Quand je prends un élan, fais-moi Bondir plus haut, planche élastique ! « Par quelque prodige pompeux , Fais-moi monter, si tu le peux, Jusqu'à ces sommets où, sans règles , Embroùillant les cheveux vermeils Des planètes et des soleils, Se croisent la foudre et les aigles ...

Enfin de son vil échafaud, Le clown sauta si haut, si haut, Qu'il creva le plafond de toile Au son du cor et du tambour, Et , le cœur dévoré d'amour , Alla rouler dans les étoiles.

(Février 1857 .

Odes funambulesques .) Léon Dierx (1838-1912) Léon Dierx est le disciple de Leconte de Lisle, né · comme lui dans l'De de la Réunion.

ll est déjà symbo­ liste, celui qui à la mort de Mallarmé sera proclamé « Prince des Poètes ».

Quelles impressions subtiles, quel. »

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