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PAULHAN Jean : sa vie et son oeuvre

Publié le 27/11/2018

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PAULHAN Jean (1884-1968). Il y a un mystère Paulhan à traquer : comment distinguer l’auteur derrière le directeur de la Nouvelle Revue Française, l’écrivain derrière « l’éminence grise des lettres », comme on se plaît trop à le limiter? Et puis, dès lors, une surprise : les cinq gros volumes de ses œuvres complètes, qui rassemblent les textes épars, les articles confidentiels, les opuscules jusque-là inaccessibles en un ensemble dont l’unité étonne. C’est que, sans cette révélation, Paulhan pouvait passer au gré des passions de ses lecteurs d’occasion, uniquement pour l'auteur d'un paradoxal essai sur l’usage de la rhétorique, ou d’ouvrages singuliers sur la peinture moderne, ou — pour les fureteurs — de brefs récits sur la guerre, l’amour et la logique, ou même, tout simplement, pour un préfacier d'œuvres érotiques (Sade ou Histoire d'O). Que ces auteurs se fondent en un seul et s’éclairent mutuellement, voilà qui ne peut qu’attirer l’attention. Ce serait peu : que cette diversité de sujets et de tons révèle une recherche opiniâtre, poursuivie jusqu’à la mort, voilà qui peut illuminer Paulhan le « souterrain ». Quant à ce dessein, qui mieux que lui pourrait le décrire : « Il s’agit de parvenir à une connaissance précise, dans le langage, des rapports du sens et des mots. [...] Il s’agit aussi de bâtir à partir de cette connaissance une fois acquise, toute une nouvelle méthode des choses de l’esprit. En bref de recommencer, en mieux, la révolution cartésienne. Tu vois » (lettre à Marcel Arland).

 

Né à Nîmes, Jean Paulhan fait ses études à Paris et obtient une licence de lettres avant d’entreprendre l’apprentissage du chinois. Mais c’est à Madagascar qu’il partira en 1907, comme professeur. Puis chercheur d’or, planteur et coupeur de bois, entre autres; boxeur et coureur motocycliste : tous métiers qui ne sont que la partie civile et discrète de son séjour, tout son intérêt allant à l’étude des mœurs et de la langue malgaches. Ses compétences lui permettent, de retour à Paris, d’enseigner à l’École des langues orientales et de faire paraître les Hain-Tenys mérinas (1913), recueil de poèmes populaires malgaches. Il y expose comment, confronté à des duels poétiques auxquels il assiste, comme spectateur puis comme acteur, il découvre avec ravissement le proverbe, forme qui peut à volonté, mais à condition de se prêter à son jeu, se charger ou non de sens et gagner son autorité. Il participe aussi à la revue le Spectateur qui s’efforce de créer une grammaire des idées et de déceler les illusions de la pensée à travers l’étude des propos les plus quotidiens. Ses contributions à cette enquête philosophique et logique donneront naissance, plus de

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« trente ans après, à 1 'Entretien sur des faits divers ( 1945).

En 1914, il est sergent dans le corps des zouaves et blessé à Bois-Saint-Mard.

De son expérience militaire, il tire un récit d'une surprenante modernité, le Guerrier appliqué ( 1917), où un narrateur analyse minutieusement les résultats sur lui-même d'une «application» à la guerre.

Celle-ci, vécue comme une simplification de la vie courante en tant qu'elle ordonne toutes les percep­ tions, aboutit en retour, par un mouvement tout aussi appliqué d'oubli, à une révélation de l'être délivré du monde; révélation violente, brève et qui se clôt dans la blessure.

Après la guerre, Paulhan va suivre avec symp�thie les éclosions dadaïstes et surréalistes (il présente Eluard à Breton), mais d'ores et déjà sont en place les trois pôles - langagier, logique et ontologique -qui vont présider à toute son œuvre à venir.

Il ne manque plus à cet obser­ vateur lucide et ironique du monde des lettres que la place forte lui permettant de poursuivre ses recherches.

C'est Jacques Rivière qui va la lui offrir en l'appelant comme secrétaire à la N.R.F.

en 1921.

A la mort de Rivière, en 1925, il lui succède au poste de directeur; ainsi parvient-il au lieu même de son inquiétude, directe­ ment au centre de cette littérature où il veut que le secret du monde soit enfermé.

Tout en s'absorbant dans son travail de critique infatigable et de découvreur (voir NOUVELLE REVUE FRANÇAISE), il écrit, discrètement : des récits (le Pont traversé, 1921; Aytré qui perd l'habitude, 1921; le très beau Progrès en amour assez lents, publié en 1966), des articles et des essais dont La Rhétorique renaît de ses cendres ( 1938) et surtout les Fleurs de Tarbes ou la Terreur dans les lettres qui paraît en 1941 après maintes transformations mais dont la rédaction débute dès 1925.

Face à la critique « terroriste» qui, au nom de 1' originalité -et de la peur du cliché -, produit J'écrivain-honteux ou «irresponsable» (que celui-ci s'efface derrière Je réalisme ou le surréalisme il s'agit toujours de prôner une production littéraire dont il serait innocent), Paulhan propose une nouvelle rhétorique.

Il démonte les illusions du « pouvoir des mots >> ou de la. »

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