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PERRAULT (Charles)

Publié le 12/03/2019

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PERRAULT (Charles), écrivain français (Paris 1628-id. 1703). Fils d'un avocat au Parlement, il était le dernier de quatre frères, et le jumeau d'un cinquième qui ne survécut pas. La critique moderne, et notamment M. Soriano, a vu dans cette

 

gémellité ratée la source de l'agressivité et des choix esthétiques de l'écrivain ; hanté par « une incertitude fondamentale concernant son existence ou la nature même de sa personnalité », Perrault aurait été travaillé toute sa vie d'un besoin contradictoire : celui de participer à une œuvre collective et celui de distinguer avec précision la part qui lui revient dans cette œuvre. Dès ses années de collège, Charles Perrault entreprit — avec ses frères Nicolas (1611-1661), qui devait devenir un théologien janséniste, et Claude (1613-1688), le médecin-architecte auteur de la colonnade du Louvre et vilipendé par Boileau — un pastiche du VIe livre de l'Értéide et un poème burlesque, les Murs de Troie (1653). Entré dans les services de son frère Pierre (1608-1680), premier commis de Colbert, il travailla pendant vingt ans à organiser dans l'art et la littérature le système louis-quatorzien du pouvoir absolu : contrôleur général de la surin tendance des Bâtiments du roi, membre de la commission chargée de rédiger les inscriptions des monuments publics (la future Académie des inscriptions et belles-lettres), il fut dès 1671, et en raison de ses familiarités ministérielles, un des membres les plus influents de l'Académie française. Il s'attacha alors à glorifier son siècle contre les idéaux dépassés de F Antiquité : il joua ainsi la carte de l'épopée chrétienne (Saint Paulin, évêque de Noie, 1686) et le 27 janvier 1687 lança par sa lecture, à l'Académie, du poème le Siècle de Louis le Grand la querelle fameuse des Anciens et des Modernes. Entraîné dans une longue polémique, en particulier avec Boileau, Perrault publia les quatre parties du Parallèle des Anciens et des Modernes (1688-1697) qui traitent successivement des arts et des sciences, de l'éloquence, de la poésie, des techniques, de la philosophie et de la musique. Il récidiva avec les Hommes illustres qui ont paru en France pendant ce siècle, avec leur portrait au naturel (1696-1700). Ses Mémoires (publiés en 1759) se font l'écho de ces débats et de ces luttes (dans lesquelles il fut d’autant plus malmené qu'il était plus en faveur), mais aussi de

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« ses préoccupations pédagogiques : il resta veuf en 1678 avec quatre enfants, dont le jeune Pierre qui signera les Contes et qui, coupable d'un meurtre, s'engagera dans l'armée et sera tué avant vingt ans.

Or ce haut fonctionnaire n'est pas passé à la postérité pour avoir triomphé du Bernin ou avo ir rend u p u bli ques les séances de réception à 1 'Académie française.

Ce sont ses Contes, connus aussi sous le titre d'Histoires ou Contes du temps passé (1697), qui lui assurent une place dans la littérature universelle.

Censés s'inscrire en faux contre l'immoralité des contes antiques, ils dépassent nettement ce pieux pré· texte.

Les doubles jeux de la croy ance et de l'ironie, de l'archaïsme et de la clarté linguistique.

de la moralité et du sous-entendu en font une des œuvres à la fois les plus populaires et les plus énigmatiques de la littérature française.

Leur succès dans la littérature de colpo r­ tage et dans les ouvrages scolaires fut et reste aussi grand que celui des Fables de La Fontaine.

En réalité, les Contes tiennent une place capitale dans la définition de la « modernité » par leur auteur.

Contre la tradition pédante de l'imitation des Anciens, ils illustrent les ra cin es médiévales et autochtones de la littérature française et la part que la culture populaire ou « naïve » (c'est-à ­ dire celle qui ne dépend pas des collèges et du latin) prend dans la culture mon­ daine et moderne : rôle des « mères et mères-grands » conteuses et gardiennes des traditions orales, supériorité du langage des femmes de la Cour contre la langue des doctes et la mi sogyn ie d'un Boileau (que Perrault avait d'ail le urs dénoncée, en 1694, dans son Apologie des femmes).

Les Contes ont peut-être aussi joué leur rôle dans le mythe -et le malheur -personnel d'un père qui voulut reconstituer avec son fils un couple gémellaire.

Dans ses Réflexions chrétiennes, Perr au lt notait que «l'odeur agréable des grands bois de haute futaie n'est dans son origine que la puanteur de quelque vieille souche pourrie » : ainsi l'humus de la vie d'un académicien classique a·t·il donné nais· sance à un chef-d'œuvre improbable.

dont la fraîcheur intacte brille toujours d'un éclat inquiétant.. »

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