PERRET Jacques : sa vie et son oeuvre

« Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)PERRET Jacques (1901-1992).

Né à Trappes (Yveli­ nes), élevé dans le respect des valeurs patriotiques et l'espoir d'une revanche su r l'A llemagne , Ja cques Perret fait de bonnes études à Paris, puis s'engage comme capo­ ral-tirailleur au Maroc (1921-1923) et se tourne vers le journalisme.

Il visite alors l'A mérique , la Guyane (où il se marie), tâte de l'agriculture en Touraine (1934), puis, revenant au reportage, suit la guerre d'Espagne du côté franquiste.

Ses deux premiers romans, Roucou ( 1936) et Ernest le Rebelle (1937), reflètent un goGt de l'aventure qu'il satisfait, en dehors de longues courses à la voile, en parcourant l'A lbanie sous occupation italienne et l 'Eu rope centrale en plein effondrement.

Mobilisé dans les corps francs ( 1939), médaillé militaire, il est fai t prisonnier en 1940.

Ses expériences de co mbat tant, ses tenta ti v es d'évasion finalement réussies, la clandestinité dans un maquis de la Résistance lui in spirent ses deux plus célèbres romans : le Caporal épinglé (1947) et Bande à part (prix Interallié 1951 ), peint ure humoristi­ que de la vie quotidienne des résistants où 1' héroïsme n'est pas toujours au rendez-vous.

Sa prod uct io n litté­ raire se diversifie : la Bête mahousse (1951), le Machin (1955), l'Oiseau rare (1959) sont l'œuvre d'un conteur s e nsible et cocasse; Bâtons dans les roues (1953), Salade de saison (1957), le Vilain Temps (1963) révèlent un pamphlétaire qui, à partir des années 1960, militera vigoureusement contre le gaullisme et pour l'Algérie f ran çaise.

Articles de sport (1991) regroupe une série de textes jubilatoires sur les jeux oly mpiq ues.

Trois volu­ mes de souvenirs, Grands Chevaux et dadas (1975), Rai­ son de famille (1976), Belle Lurette (1983) permettent de cerner la personnalité de cet anticonformiste dont les convic tions passionnées so nt toujo urs nuancées d'iro­ nie : «Comme à tout le monde il m'arrive de juger la guerre absurde, mais, devant un chromo du genre "Der­ nières Cartouches", ma raison flageole >> (Bande à part).

Son désintéressement s'allie à une désinvolture qui évo­ que celle de son ami Roger Nimier.

Et parce que cet anarchiste de droite a le goGt de la provocation, son écriture s'émaille de mots insolites (rhyzomateux, vis­ temboires pulvérulents), d'anglicismes orthographiés à la Quenea u (ouisqui, sandouiche, ouatère), de formules à 1' emporte-pièce ( « La variété de mes ennuis ne me permet jamais de m'ennuyer>>).

Mais sa phrase reste c lass ique et pré fè re tou jours la litote.

Dans cette œuvre traversée par les tragédies du siècle, 1' attachement au passé, la détermination de défendre celui-ci sans fausse honte -Jacq ues Perret se décrit lui-même comme un « folliculaire de la réaction >> - trouvent souvent, sous le masque de la gouaille, les che­ mins du lyrisme.. »