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PERROT D'ABLANCOURT Nicolas : sa vie et son oeuvre

Publié le 27/11/2018

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PERROT D'ABLANCOURT Nicolas (1606-1664). Nicolas Perrot d’Ablancourt naquit à Châlons-sur-Marne, dans une famille protestante. Son père lui donna la plus sérieuse éducation, puis l’envoya au collège de Sedan. Il fit son droit à Paris et, à dix-huit ans, fut reçu avocat au parlement. Comme Bayle à la fin du siècle, il passa au catholicisme, et revint, vers 1632, au calvinisme. Il voyagea, dans sa jeunesse, en Hollande et en Angleterre; protégé par Richelieu et par Condé, ami des frères Dupuy et surtout de Conrart et de Patru, il fut admis, en 1637, à l’Académie française. Mais des difficultés financières l’obligèrent peu après à se retirer en Champagne, où il mourut.

 

Ce protestant converti puis relaps était peut-être passablement sceptique, et le fidéisme qu’il affiche dans son Discours sur T immortalité de l'âme (publié par Patru en 1681) pourrait n’être qu’un masque. Mais c’était un esprit élevé qui méprisait l’argent et chérissait l’amitié. C’était surtout un grand écrivain, qui acquit une gloire immense par ses traductions des anciens : Minucius Félix en 1637, Cicéron en 1638, puis les Annales (1640-1644) et les Histoires (1651) de Tacite, Arrien (1646), Xénophon (1648 et 1662), César (1650), Lucien (1654), Thucydide (1662). A quoi s’ajoute la Description générale de T Afrique de Marmol (posth., 1667).

« Nombreuse et précise, douce et majestueuse à la fois, la prose de Perrot est fort belle, et elle mérita l'admira­ tion de Claudel et de Valery Larbaud.

Mais comment ne pas voir que son esthétique était datée et condamnée à mourir? Elle ne peut se comprendre qu'en un temps où les Anciens, sans être éperdument idolâtrés, paraissent toujours vivants et instructifs.

C'est-à-dire qu'on ne croit pas encore trop à 1 'hjstoire.

Quand celle-ci s'épanouira, Fontenelle et ses amis oseront dire que les auteurs grecs et latins ne leur sont que d'un mince profit.

Marivaux, qui fut formé dans les cénacles des Modernes et com­ mença par «travestir» 1'/liade, jugera que Perrot a eu tort de moderniser Thucydide, car il nous a ainsi dérobé « l'histoire de l'esprit humain» (Réflexions ...

, 1748).

Si les Anciens ne sont plus des maîtres de politique ou de morale, mais des témoins et des vestiges de leur temps, mieux vaut la traduction la plus fidèle (celle des Dacier) ou une totale recréation, comme le proposera La Motte.

Les « belles infidèles » sont le fruit d'une idéologie tran­ sitoire et antihistOrique, qui voudrait, au prix de quelques corrections, assimiler les Anciens et les confondre avec notre goOt et nos principes.

[Voir aussi TRADUCTION].

BIBLIOGRAPHIE Olivier Patru, Vie de M.

d'Ablancourt, dans Plaidoyers et œuvres diverses, Paris.

1681; rééd.

avec une préface de Valery Larbaud, Maestricht, Stols.

1934; Justin Bellanger, Histoire de la traduction en France (auteurs grecs et latins).

Paris, E.

Tho­ rin, 1903; Roger Zube r, les "Belles Infidèles" et la formatioll du goût classique, Perrot d'Ablancourt et Guez de Balzac.

Paris, Co li n , 1968; articles de R.

Zuber, dans Mémoires de la Société d'agriculwre ( ...

)de la Marne, 1962; Revue des Sciences humai­ nes, 1963.. »

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