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Personnage de théâtre et personnage de roman : quelles différences ?

Publié le 28/02/2011

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 les personnages de Proust qui se transforment en vieillissant : Albertine, Charlus, St Loup... Proust, par bribes, montre le travail de l'usure du temps et une peinture pointilliste (voir Vocabulaire technique) ; les années accusent certains traits et en même temps en font apparaître d'autres que l'on ne connaissait pas encore.   

« Exemple aussi : les personnages de Proust qui se transforment en vieillissant : Albertine, Charlus, St Loup...Proust, par bribes, montre le travail de l'usure du temps et une peinture pointilliste (voir Vocabulaire technique) ; lesannées accusent certains traits et en même temps en font apparaître d'autres que l'on ne connaissait pas encore. B.

Le théâtre n'a pas le temps. Tout d'abord pour des raisons purement matérielles.

On ne peut raisonnablement espérer retenir l'attention d'unesalle de spectateurs pendant plus d'un maximum de 3 ou 4 heures, les grandes pièces de Claudel étant à ce titreredoutables ; d'autre part pour des raisons qui tiennent à l'art dramatique, aucune œuvre dramatique n'ayant jamaisexisté sans composition serrée.

Le théâtre qui est animé par le discours direct ne peut se permettre des digressionsqui feraient perdre le fil de l'action et l'alourdiraient.

Tout est contracté et stylisé à l'extrême. Exemple : la tragédie racinienne, qui se situe toujours à un moment de crise décisive, qui joue le rôle de révélateurpour les personnages.

Ainsi, dans Iphigénie, les dieux exigent d'Agamem-non qu'il sacrifie sa fille s'il veut des ventsfavorables vers Troie.

Devant le dilemne ainsi posé, les principaux personnages révèlent leur personnalité profonde :Agamemnon admiré et respecté montre qu'il n'a pas l'étoffe du héros que tout le monde et lui-même croyaient qu'ilétait, alors qu'au contraire Iphigénie, au début jeune fille tendre, aimante, soumise, prend une dimension de martyrequi se préoccupe de réconforter ses proches au lieu de gémir sur son fatal destin.4.

Troisième partie : Le roman peut se permettre le foisonnement de la vie.

Là encore le théâtre doit choisir, éliminer. A.

Dans le roman, on trouve une foule de personnages secondaires entourant le héros dont la psychologie est aussifouillée et tout aussi passionnante.

Ainsi dans Guerre et Paix de Tolstoï, à côté de Natacha, Pierre Bezoukov et leprince André, nous voyons vivre Nicolas Rostov, la princesse Marie, la belle Hélène et son frère Anatole leséducteur, sans compter le vieux prince, les parents de Natacha...

Tous sont vivants, bien caractérisés, ont leursidées, leurs préjugés, leurs goûts, évoluent selon leur propre orbite, à tel point qu'on peut s'amuser à lire le romanen fonction d'eux et non plus des personnages principaux, ce qui donne au livre un aspect tout à fait différent maistout aussi passionnant.

On pourrait en dire autant de La Chartreuse de Parme (Stendhal) et de la faune animée etpittoresque de la cour de Rome, de son souverain. Il y a donc grouillement, foisonnement de personnages qui ne gênent pas le lecteur : il peut revenir en arrière,reprendre le fil interrompu, ou même sauter des pages.

Tout lui est possible pour dominer ce monde si divers. B.

On ne peut se le permettre au théâtre. Rien ne le montre mieux que les différentes adaptations de Guerre et Paix (ou Les Possédés de Dostoïevski, adaptépar Camus).

Tout d'abord ont été supprimés ceux que l'on considérait comme personnages secondaires et ceux quirestent auprès des héros sont traités de façon sommaire : la laide princesse Marie aux yeux lumineux n'est là qu'entant que faire-valoir de Natacha, et de son propre frère le prince André.

Le fil conducteur sera surtout les amoursde Natacha qui existent certes dans le roman mais ne sont pas l'essentiel.

Toutes les nuances de sa personnalitéque l'on voit peu à peu se révéler dans le livre, avec certaines notations comme le caractère profondément russequ'elle révèle lors d'une danse après la chasse, tout est frotté, limé, pour ne conserver que les traits essentiels.

Onest obligé à ce choix sous peine de dispersion de l'intérêt.

Cette version épurée a, certes, son charme ; mais lepersonnage perd en vie ce qu'il gagne en élégance. 5.

Conclusion Il existe en fait une différence totale entre personnages de roman et de théâtre.

Le personnage du roman est pleinde sève, il se meut dans un univers vivant, dans le temps, dans l'espace (du moins, dans le roman dit classique).

Ildonne l'impression du vrai comme Zola et les ouvriers de Germinal, Flaubert et la grisaille d'une vie d'échec deL'éducation sentimentale.

Le héros de roman, que l'auteur en soit conscient ou non, trouve toujours sa source dansla vie, la réalité, « naiss[ant] de mariages que le romancier contracte avec le réel » (Mauriac).

Le personnage dethéâtre, même dans le théâtre réaliste de Mirbeau, Becque, O'Neill...

reste toujours beaucoup plus stylisé en raisondes exigences mêmes du théâtre.

L'auteur de pièces est toujours contraint de choisir, de resserrer, de styliser, cequi fait que rarement un romancier réussit au théâtre (exemple de François Mauriac).

Peut-être un auteur comme Françoise Sagan dont les pièces sont intéressantes atteint-elle le succès en raison deses qualités de discipline, de construction, de sécheresse même, qui en fait, sont des qualités « où l'on sort duroman [...], qui appartiennent au théâtre et au discours direct » (Thibaudet). Quant à discuter de la valeur comparée de l'un et l'autre type de personnages, cela paraît très vain tant on estdans deux domaines différents.

Tout au plus pourrait-on dire avec Gide qu'il n'est pas d'art sans contrainte, sanschoix, sans ascèse.

Dans ce cas le théâtre paraît encore plus un art que le roman.. »

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