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PÉTRARQUE

Publié le 02/09/2013

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1304 -1374

PÉTRARQUE est né en 1304 à Arezzo. Son père y avait été exilé. (Ami de Dante, il avait été avec lui banni de Florence, sa patrie.) Pétrarque eut une destinée errante.

Enfant, il est successivement emmené à Pise, à Avignon à la suite de Clément V; il habite Carpentras, étudie la théologie et le droit à Montpellier puis à Bologne.

Devenu orphelin, Pétrarque revient en Provence; il reçoit les ordres mineurs, mais la car¬rière ecclésiastique, pas plus que la carrière juridique, ne le retient. Ce qu'il veut, c'est s'adonner à l'étude de l'Antiquité.

Mais le 6 avril 1327, à vingt-trois ans, il rencontrera Laure dans l'église Sainte-Claire à l'office du vendredi saint. Dès lors, il l'aimera, la célébrera, la chantera jusqu'à sa mort sans que pour cela le mystère de l'identité de Laure ait été éclairci. Mais qu'importe ? Laure a existé his¬toriquement et poétiquement. Qui est-elle ? Cela n'est peut-être pas aussi important que les critiques littéraires voudraient le faire croire. Pour être plus près de Laure, Pétrarque choisira Vaucluse comme lieu de retraite. Désormais, son oeuvre plus que sa vie d'ailleurs sera consacrée à son amour. Malgré cet ermitage fixe, il continue ses voyages à travers la France, la Flandre, l'Allemagne, l'Italie; il étudie les auteurs anciens, les recopie, les commente et il écrit lui-même en latin. Il entretient des relations avec les grands empereurs et le pape; il est couronné poète à Rome, au Capitole, ressuscitant ainsi une cérémonie antique. Un texte de son ami Sennucio del Bene la raconte : il fut « couronné de trois couronnes : la première de lierre, comme Bacchus; l'autre, de laurier, comme les empereurs; et la dernière de myrte, comme le plus tendre des amants «.

Ce triomphe ne devait guère donner à Pétrarque toutes les satisfactions qu'il en attendait car, dit-il, « cette couronne ne m'a rendu ni plus savant, ni plus éloquent; elle n'a servi qu'à déchaîner contre moi les envieux et à me priver du repos dont je jouissais. Depuis ce temps, il m'a fallu être toujours sous les armes, toutes les plumes, toutes les langues étaient aiguisées; mes amis sont devenus mes ennemis. J'ai porté la peine de mon audace et de ma présomption «.

Laure meurt de la peste en 1348 et Pétrarque apprend cette mort alors qu'il était à Parme. « Cela fut à l'heure première, sixième jour d'avril qui jadis me lia, et à présent, hélas ! m'a délié. « Il revient à Vaucluse, y compose la seconde partie de ses Sonnets et de ses Triomphes. Puis, appre¬nant la mort de son protecteur, quitte définitivement la Provence pour Milan, Padoue, Vérone et Venise.

« ni même sa correspondance (Epistul11J familiares, EpistuldJ seniles, Epistul11J vari11J) qui apporte pour­ tant des documents à la fois sur Pétrarque et sur ses amis.

Le Canzoniere est l'œuvre italienne de Pétrarque.

C'est d'ailleurs pour nous la véritable œuvre de Pétrarque.

Ce recueil comprend les poèmes : A Laure vivante, A Laure morte, les Triomphes et des poésies diverses.

Laure est l'inspiratrice des deux premières parties du Canzoniere : ln vita di Madona Laura et ln morte di Madona Laura.

C'est en quelque sorte le journal d'amour de Pétrarque commencé le premier jour où ils se rencontrèrent et terminé dix ans après la mort de Laure.

Si je produis quelques bons fruits, c'est vous qui les avez semés.

Je suis, quant à moi, comme un terrain aride que vous avez rendufertile; toute la moisson vous appartient.

(Canzone VI, A Laure vivante.) A Laure vivante raconte les mille détails des rencontres quotidiennes, provoquées, ina­ vouées, etc., les espoirs, les désespoirs successifs du poète selon que sa dame s'est montrée coquette, indulgente ou sévère.

Et alors, un regard furtif, un geste, une pâleur, un gant qui tombe, tout a une signification et devient motif à poème.

Mais il s'agit toujours d'un amour éthéré, cérébral, imaginaire et juvénile.

On ne peut pas, en lisant ces pages, ne pas penser à l'influence certaine que les troubadours ont dû exercer sur Pétrarque qui semble en être imprégné : ces sentiments raffinés et fleuris ne se trouvent-ils pas déjà chez eux? Les jeux de mots sur le nom de Laure, la forme maniérée, subtile et précieuse nous ramène au monde de l' « amour courtois » avec tout ce qu'il a de charmant et de délicat mais aussi d'artificiel et de monotone.

Ces poèmes en l'honneur de Laure sont des sonnets, des « canzoni » ou stances, des sextines, des ballades et des madrigaux.

La douleur que cause la mort de la personne aimée constitue la deuxième partie du Canzoniere.

Laure morte devient un guide; elle est pour Pétrarque sa Béatrice, elle le transfigure en l'apaisant et l'acheminant vers les espérances de la vie éternelle et vers Dieu.

Dans les Triomphes, Pétrarque a voulu, comme Dante d'ailleurs, donner à son histoire d'amour une portée philosophique et religieuse.

Ils ne sont encore composés et écrits qu'en l'hon­ neur de Laure.

Il y est pourtant question de héros, de dieux, de personnages de la mythologie, de l' Antiquité et de la Bible mais ils défilent dans cette atmosphère d'amour sublime.

La Chasteté personnifiée par Laure triomphe de l'Amour; puis la Mort à son tour triomphe de l'Amour et de la Chasteté; la Renommée triomphe de la Mort; mais le Temps détruit la Renom­ mée; enfin !'Eternité, c'est-à-dire Dieu, triomphe du Temps et de toutes choses.

Les Triomphes, et particulièrement semble-t-il le Triomphe de la Mort, nous intéressent et nous retiennent par leur accent véridique et viril, leur grandeur et leur perfection.

On y trouve un grand lyrisme.

Les Poésies diverses découvrent un autre Pétrarque - celui qui dénonce la corruption des mœurs, l'horreur des guerres civiles, les abus du pouvoir des grands, etc.

« Vos discordes ( ô nobles) désolent la plus belle partie du monde! Est-ce parce qu'ils sont coupables, parce que vous êtes injustes ou parce qu'il doit en être ainsi, que vous opprimez les citoyens appauvris, que vous poursuivez les malheureux en fuite ...

et qu'il vous est agréable de voir répandre le sang et mettre à prix la vie humaine? ...

Oh! n'est-ce plus la terre où j'ai fait mes premiers pas? ...

Nobles seigneurs, voyez comme le temps vole!.

..

La mort vous touche presque les épaules! Tant que vous êtes encore ici-bas, songez au départ et n'oubliez pas que l'âme arrive seule et nue au terme mystérieux du voyage.

Pour achever la traversée, déposez volontairement toute haine et toute colère ...

» Les deux dernières parties du Canzoniere apportent autre chose que la fadeur qu'on peut trouver dans les deux premières.

Un double courant naît de Pétrarque : Avec Dante et Boccace, Pétrarque a révélé !'Antiquité et amorce le mouvement huma­ niste de la Renaissance.

Une partie de son œuvre aura peut-être une mauvaise influence en ce sens que ses défauts iront en s'exagérant et aboutiront au pétrarquisme : à l' Astrée, etc.

; une _autre partie a ouvert la voie à la grande poésie lyrique, par exemple à Léopardi.. »

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