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Pierre de Ronsard : « Ode »

Publié le 22/02/2012

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ronsard
Ma douce jouvence est passée, Ma première force est cassée, J'ai la dent noire et le chef blanc, Mes nerfs sont dissous, et mes veines, Tant j'ai le corps froid, ne sont pleines Que d'une eau rousse en lieu de sang. Adieu, ma lyre, adieu, fillettes, Jadis mes douces amourettes, Adieu, je sens venir ma fin : Nul passe-temps de ma jeunesse Ne m'accompagne en la vieillesse, Que le feu, le lit et le vin. J'ai la tête toute élourdie. De trop d'ans et de maladie; De tous côtés le soin me mord, Et soit que j'aille ou que je tarde, Toujours après moi je regarde Si je verrai venir la Mort, Qui doit, ce me semble, à toute heure Me mener là-bas, où demeure Je ne sais quel Pluton, qui tient Ouvert à tous venants un antre Où bien facilement on entre, Mais d'où jamais on ne revient. Vous ferez de ce texte un commentaire composé en cherchant, par exemple, par quels moyens et sur quel ton Ronsard traduit ici le dépouillement d'un être devant la vieillesse et la mort. Dans ses Odes (1550-1556) ou dans les sonnets des Amours, Ronsard a bien souvent chanté le thème épicurien de la joie de vivre et de la joie d'aimer, de même que son corollaire : le sentiment de la fuite du temps et l'angoisse de la mort. Vers la fin de sa vie, ces thèmes vont trouver dans son oeuvre une résonance plus personnelle et plus émouvante : malade, alité, torturé par la goutte, Ronsard écrit encore quelques poèmes où il exprime ses souffrances physiques et sa préoccupation de l'au-delà.

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