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PIERRE LOTI: Souvenirs africains.

Publié le 14/02/2011

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loti

   Ce soir, je revoyais les sentiers de sable de Dakar, à peine tracés dans le pays désert, les sentiers familiers d'alors, qu'on suivait, énervé de chaleur et de lourdes exhalaisons africaines, certain sentier surtout qui contournait une dune triste et s'en allait se perdre au loin dans l'âpre campagne du Cap Vert ; le jour, sous le soleil torride, les lézards bleus à la tête orange y chassaient des insectes singuliers, sous des herbes inconnues ; le soir, les vautours et les aigles y abattaient leur vol lourd, à l'heure où les daturas ouvraient dans le sable leurs fleurs violemment odorantes. Sur le grand horizon morne, les vapeurs crépusculaires s'épaississaient, sorte de lointain vague et mystérieux, sur lequel se découpaient d'antédiluviennes silhouettes de baobabs, et le soleil se couchait derrière, un large soleil jaune et rouge, sans éclat, sans rayons, tout déformé par d'étranges mirages, et dont l'aspect éveillait des idées de bouleversements cosmiques, de mondes éteints, de chaos.    P. LOTI, Journal intime.    Introduction.    Les romans de P. Loti nous promènent aux quatre coins du monde, de l'Islande (Pêcheur d'Islande) au Pays Basque (Ramuntcho), de Tahiti (Le Mariage de Loti) ou du Japon (Madame Chrysanthème) à la Turquie (Aziyadé ; Les Désenchantées) .Partout, même quand les cadres exotiques sont le plus charmeurs, règne une profonde mélancolie : partout la déception, la fragilité du bonheur humain, la hantise de la mort et le sentiment de l'universelle illusion. Mélancolie poignante dans un cadre exotique — et provoquée par ce cadre exotique — n'est-ce pas ce qui inspire cette page écrite par P. Loti au terme de sa carrière, dans son « Journal intime « ? (Lecture du texte.)

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