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PIERRE SEGHERS

Publié le 06/09/2012

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Pour s'être, depuis 1939 - où il fondait la revue Poètes casqués, devenue par la suite Poésie 40-48 - inlassablement occupé de donner aux poètes des possibilités d'expression, après avoir fondé le groupe de Villeneuve-lès-Avignon où se retrouvaient, dès 40, d'Aragon à Pierre Emmanuel, de Loys Masson à Paul Eluard, de Francis Ponge à André Frénaud, les écrivains «résistants«, ...

« 308 niquer le monde de l'intelligence avec les quartiers popu­ laires où l'on trime, les quais où fument les navires et les labours que l'homme et son cheval creusent d'un même cœur.

Sans doute, Seghers, qui avait vingt ans aux plus belles heures du surréalisme, a-t-il connu, comme nous tous les poètes de sa génération, le vertige qui s'empara des meilleurs et ne les a pas tous lâchés ; mais il fut de ceux qui avaient l'amour des êtres et des choses trop solidement ancré au cœur pour renoncer à leur commerce ; ayant eu la patience qui fait défaut à beaucoup (il ne publia des vers qu'à partir de 1939) il bénéficia en outre d'un recul qui lui permit de situ~ sa propre voix dans le concert brillant, mais confus, de la poésie de son temps.

La guerre survint peu après, puis commença la vie masquée, ardente et périlleuse de la Résistance, à laquelle Seghers prit la part que l'on sait.

Poésie et Vérité allaient se confondre pour l'auteur de Bonne Espérance, comme elles se confon­ daient pour un Paul Eluard, pour un Louis Aragon, pour un Robert Desnos ; il était merveilleusement préparé à cette osmose par son amour des hommes, son goût de l'action et d'une vie tendue, à plein régime, toujours à la limite de ses forces.

Les poèmes du Domaine public, du Futur antérieur, naîtront, tout naturellement, comme les drapeaux rouges naissent des barricades, de l'existence « offerte » que mène Pierre Seghers au carrefour du risque et de la poésie, de l'espoir et du danger.

LE PIPE-LINE DE BASSORAH Ceux qui sont mort.~ pour rien ne reviendront jamais dans cet empire Là-haut d'autres drapeaux, le sable chaud ne change pas Les mains des soldats morts forent les puits de l'air liquide Leur sang coule dans le pipe-line de Bassorah Dans les forges des Enfers des guerriers tués attisent les flammes Le bois d'ébène, l'or de Colomb, la Standard Oil Et Troie Hector Priam sont de la même chaîne. »

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