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PIXÉRÉCOURT René Charles Guilbert de : sa vie et son oeuvre

Publié le 27/11/2018

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PIXÉRÉCOURT René Charles Guilbert de (1773-1844). «Prince du Boulevard», «Corneille du mélodrame », « Shakespeare moderne »... : le dithyrambe a longtemps été de rigueur lorsqu’il s’agissait de désigner périphrastiquement Pixérécourt. Il est vrai que ce Lorrain inonda les scènes parisiennes, provinciales et étrangères de plus de cent vingt pièces, totalisant, entre 1795 et 1835, plus de trente mille représentations pour la France seule, et fit triompher, en utilisant toutes sortes de ficelles, « les idées religieuses et providentielles [...], les sentiments moraux » que la bourgeoisie postrévolutionnaire souhaitait inculquer au public populaire.
 
« Ma vie aurait suffi à trois individus bien organisés »
 
C’est par ces mots qu’au soir de son existence, goutteux et aveugle, Pixérécourt résumait sa carrière en préface à l’édition de son Théâtre choisi (1841-1843). Né à Nancy dans une famille de noblesse récente, le jeune Guilbert suivit son père dans l’émigration, en 1791, et abandonna ses études de droit. Revenu clandestinement, il se découvre une vocation dramatique en adaptant deux nouvelles de Florian, Sélico et Claudine (1793). L’année suivante, il ridiculisait le conventionnel Marat-Mauger dans un « fait historique mêlé de vaudeville », le Jacobin en mission. Inquiété de nouveau, il dut son salut à la protection de Carnot, qui le nomma à la section de la Guerre en 1795 : il y resta peu de temps, préférant s’adonner à la rédaction de pièces qui, cependant, ne franchissaient toujours pas la rampe. Enfin, en 1797, les Petits Auvergnats furent joués à l’Ambigu-Comique; l’année suivante, Victor ou F Enfant de la forêt triomphait au théâtre Favart. Et dès lors, au rythme de trois ou quatre productions l’an (neuf pour la seule année 1801 !), seul ou en collaboration (à partir de 1826 avec Méles-ville, Antier, Brazier, Ducange...), il devait fournir les scènes populaires de mélodrames — soixante-trois en tout, parmi lesquels Coelina ou /’Enfant du mystère (1800), le Pèlerin blanc ou les Orphelins du hameau (1801), P Homme à trois visages ou le Proscrit de Venise (1801), la Femme à deux maris (1802), Tékéli ou le Siège de Montgatz (1803), les Ruines de Babylone (1810), le Chien de Montargis ou la Forêt de Bondy (1814), etc. —, de pantomimes, d’opéras-comiques, de vaudevilles et même de tragédies, jusqu'à Latude ou Trente-Cinq Ans de captivité ( 1834), qui fut son dernier grand succès.
 
Une carrière bien remplie, donc, et qui, selon ses propres dires, lui rapportait des revenus annuels de 25 000 francs. Mais, « afin d’obtenir des appointements pendant trente ans et une retraite sûre dans un avenir lointain », il occupa la charge de directeur des Domaines, poste qu’il cumula avec la direction de l’Opéra-Comique et du théâtre de la Gaîté.
 
Le « créateur » d'un genre... classique
 
« Tout était dit, tout était fait, quand je parus. Il fallait donc inventer un nouveau théâtre». Vanité d’auteur? L’autosatisfecit des Dernières Réflexions... (1843) ne fait, en réalité, que résumer le concert des critiques contemporains : c’est Nodier qui vénère « le mélodrame tel que nous l’avons vu depuis 1800 naître, se développer, grandir sous les inspirations de l’auteur inventif de la Femme à deux maris »; c’est le mesuré Deschamps qui, préfaçant les Ruines de Babylone, parle à l’auteur « du mélodrame tel que vous l’avez créé »; c’est encore Paul Lacroix (le Bibliophile Jacob) qui écrit : « Vous êtes le créateur d’un genre [...]. C’est vous qui avez fondé les règles de ce genre qu’on essaierait en vain,

« CoELINA ou l'Enfant du mystère.

Mélodrame en trois actes et en prose de René Char les Guilb ert de Pixerécourt (1 773-1844), créé à Paris au théâtre de l 'Ambigu -Comique le 2 sep tem bre 1800, et publié à Par is chez Jean -Noël Barba la mêm e année.

Nobliau de provin ce émig ré à Coblence puis venu clandes tinement à Parts où, en pleine Révolution, il enlu­ mine des éventails et écri t des pièces de théâtre, Pix e réc ourt mène une vie auss i aventureuse que celle de ses héros avant de devenir , so us le Cons ula t et jusqu'à la fin de l'Empire, le "Co rneille des Boulevards ,.

qui régna alo rs pres­ qu e sans partage sur les théâ tres popu ­ laires.

Au départ de ce tte fortu ne, Coe­ lina, qui co nnut un retentissement exceptio nn el no n seu l ement à Pari s (se lon Plxerécourt, 387 représe nta­ tions) mals aussi en province (1 089 représe ntations) et surtou t à l'ét rang er, en particulier en Anglete ne où, dans un e adaptatio n de Tho ma s Holcroft, elle fut jouée avec gr and su ccès à Cove nt Ga rden en 1802.

La pièce, effectivement, semblait ann once r ce que Pau l Lacroix, " le Bibli ophile Jacob », appellera la " re n ai ssance du théâtre, après la bar ­ barie dramatiq ue de la pério de révo lu­ tionnaire ,.

; elle tempérait en to ut cas les outra nces du ro man de Ducray­ Dum ln il dont elle s'inspira it et faisait succéder aux c productions g iga ntes­ que s et monstrue uses,.

(Lep an , Co urri er des spectacles) à la mode sous le Direc­ toir e et dans lesq ue lles on trouvait dia ­ bles et fantômes, un e intrigue comp li­ quée mais de bon sens qu i pro posait à un nouveau public qui " ne savai t pas lire,.

(Plxe récou rt) les magies co nju­ gu ées de l'illusio n et du pathétique dan s un spectacle visuel à vocation civique et m orale .

Sous le te rme de c mélodrame ,., mi s à la mod e par le monol ogue lyrique de J .-J.

Rousseau , Pygmalion , et rep ris à l 'époque révo lu­ tio nn aire pour se.s p ro mes ses de specta ­ culaire, Coelin a définissa it les canons d 'u n genre qui , se lo n Nod ier, était le " tabl eau véritable du mo nde que la société nou s a fait et la se ule trag é die populaire qui convienne à notr e épo­ qu e•.

L "honnêt e Duf our a recue illi chez lui sa nièce Coelina don t a adm inistre les b4ens avec une si scrupu leuse honnêteté qull hésite à donner en mariage à son fils Stéphany, qu i l'a ime et en est almé, cette jeun e fille bien dotée .

Du four a aussi offert l'hospitalité à un pauvre hère, Francisque Hum bert.

rendu muet à la suite d'une sauvage. »

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