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PLACE DE FAUST DANS L'OEUVRE DE GOETHE

Publié le 01/04/2011

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Le 27 mars 1801, Schiller écrivait à Gœthe: «On a le droit d'exiger d'une œuvre poétique qu'elle soit expressive dans toute la plénitude du terme, car il faut qu'elle ait du caractère... Mais, ce qu'exprime le poète parfait, c'est l'humanité dans toute sa totalité «. Plus près de nous, André Gide, dans Les nourritures terrestres, disait: «Assumer le plus d'humanité possible «.    Les deux penseurs se rejoignent. Et, étudier de ce point de vue le problème Gœthe-Faust, c'est préciser la place que le Faust tient dans l'œuvre de Gœthe.    «Il est difficile de trouver une monade1 plus riche, plus complète, humainement, que Gœthe. Au seuil de l'époque moderne, qui est l'ère de la division du travail et des talents spécialisés, il se dresse comme un spécimen accompli de ce que peut être l'Homme « total «. Nous ne connaissons pour ainsi dire plus autre chose, aujourd'hui, que l'homme « partiel «, le Teil-mensch selon l'expressive formule allemande, chez qui tel ou tel élément de la personnalité a pris un développement anormal, parfois même pathologique, tandis que le reste des facultés subit une atrophie plus ou moins complète...

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« l'a d'ailleurs suffisamment mis en contact avec cette humanité en constante douleur de self-enfantement, pour quelui, Gœthe, ait pu vouloir faire don à l'homme de son expérience de sage, pour qu'il ait pu concevoir que le fin motde la sagesse, c'est de faire œuvre utile.

« Faust parvenu au terme de sa course découvre que le dernier mot de lasagesse et l'activité limitée, exercée librement en vue d'une fin utile à la collectivité.

Wilhelm Meister, dontl'idéalisme artistique confus s'opposait initialement à l'utilitarisme terre-à-terre, apprend finalement que l'individu doitrenoncer au développement complet de son moi pour s'efforcer de s'intégrer comme citoyen utile dans une sociétéharmonieusement ordonnée.

» (H.

Lichtenberger). Nous pouvons saisir, maintenant, la valeur, la place du Faust dans l'œuvre de Gœthe, dans cette œuvre qui est lavie d'un homme transposée en leçon valable pour l'humanité entière. Au Prologue dans le ciel, Méphisto dit de Faust : Au ciel il réclame les plus belles étoiles, à la terre les suprêmes jouissances.

Nul objet, proche ou lointain, n'apaisece cœur tumultueux. et le Seigneur répond : S'il ne me sert maintenant encore que dans la confusion je le conduirai bientôt vers la clarté.

Le jardinier sait bien,quand verdoie l'arbrisseau, que les années futures le pareront de fleurs et de fruits. Et, si nous complétons la citation précédente par les paroles suivantes de Faust : Tu entends bien, il n'est pas question ici de plaisir.

Je me voue au vertige, à la jouissance la plus douloureuse, à lahaine amoureuse, au dégoût réconfortant.

Mon cœur guéri de la soif du savoir, ne doit désormais se fermer àaucune souffrance ; et ce qui est départi à l'humanité entière, je veux en jouir dans mon moi intime, saisir en monesprit les sommets et les abîmes étreindre en mon cœur ses joies et ses douleurs... si nous rapprochons cette citation et la précédente de tout ce qui a été dit auparavant — alors, la place de Faustdans l'œuvre s'éclaire de soi-même. Il importe seulement de se rappeler trois faits : 1° Faust fut conçu et en partie réalisé dès la jeunesse de Gœthe; 2° Il fut repris et mené à bien dans sa première partie au moment de la maturité de l'auteur, grâce à l'influence deSchiller; 3° Il fut terminé (le Second Faust) dans son extrême vieillesse et il est le dernier message qu'il ait adressé àl'humanité. On en tirera facilement ces conclusions : 1° Si chaque œuvre de Gœthe (jusqu'à Wilhelm Meister et Faust) est une expérience douloureuse, 2° si Wilhelm Meister est la leçon à tirer de cette somme d'expériences, 3° Faust (le Premier et le Second réunis) est en quelque sorte le plan du chemin qui peut et doit conduire l'homme àla belle humanité harmonieuse, à la Sagesse qui fut celle de Gœthe, et dont il a voulu, par son œuvre, enseigner lechemin à l'humanité. Cette « quête » faustienne de l'homme dépasse d'ailleurs la condition purement terrestre de l'humain.

Il ne faut pasoublier que {Prologue dans le Ciel) elle commence auprès de Dieu et que (fin de la seconde partie et de l'œuvre) ellea sa conclusion dans le Ciel.

Cette « quête » de l'homme est donc en définitive une quête divine, dépassant ladécouverte de Wilhelm Meister; et, comme elle fait le tour de toutes les activités humaines possibles, on pourraitfaire dire à Gœthe ce que Gide dit encore dans les Nourritures Terrestres : « N'espère pas, Nathanaël, trouver Dieuailleurs que partout.

». »

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