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POURQUOI ÉCRIRE ?

Publié le 19/01/2020

Extrait du document

> QUESTION [4 pts]

Quatre écrivains s’expriment sur le rôle de l’écriture. Vous reformulerez en quelques lignes la réponse de chacun d’eux à la question : « Pourquoi écrire ? »

> TRAVAIL D'ÉCRITURE [I6pts]

I - Commentaire

Vous commenterez les quatre premières strophes du poème de Victor Hugo, de « Dieu le veut... » à «... comme aux flots ».

II - Dissertation

En vous appuyant sur les textes du corpus et sur des exemples variés de lectures, vous direz dans quelle mesure, selon vous, le travail de l’écrivain est utile, et même indispensable, pour lui-même comme pour la société.

III - Écrit d'invention

Deux interlocuteurs confrontent leurs points de vue sur la littérature. Pour l’un, toute œuvre littéraire, même si elle appartient au passé, parle aux hommes d’aujourd’hui. Pour l’autre, une œuvre littéraire ne peut être comprise et appréciée que par des lecteurs contemporains de l’auteur. Indication complémentaire : vous veillerez à ce que les arguments se répondent et s'enchaînent en s'appuyant sur des exemples précis.

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Écrire permet aux écrivains de gagner de l’argent, de trouver de quoi se loger et se nourrir. La Fontaine par exemple paie les dons de son mécène, Fouquet, par des poèmes. Lorsqu’il écrit « Le songe de Vaux », il a pour but de se procurer un confort matériel enviable. Dans la fable « La cigale et la fourmi », il renvoie dos à dos la fourmi industrieuse et égoïste, qui ne pense qu’à l’argent, et la trop imprévoyante cigale. Le bon artiste doit allier la prévoyance de l’une au chant de l’autre ! Les auteurs trouvent aussi dans la littérature la possibilité d’accéder à la gloire, à la célébrité, à la reconnaissance. Pour le courtisan qu’est Racine, la littérature est indispensable : c’est en faisant le portrait de rois courageux, qui obéissent à leur devoir, comme Titus ou Alexandre le Grand, qu’il peut séduire Louis XIV et qu’il accède au statut d’historien du roi. De façon pragmatique, la littérature a donc une utilité matérielle pour les écrivains.

Objet d'étude : convaincre, persuader, délibérer

>>> CORPUS:

1. J.-M. G. Le CLÉZIO, « Écrire est un art exigeant », article paru dans Le Magazine littéraire, février 1988.

2. J. SEMPRUN, E. WlESEL, Se taire est impossible, 2001.

3. V. HUGO, Les Rayons et les Ombres, 1840.

Victor Hugo, Les Rayons et les Ombres, 1840

Dieu le veut, dans les temps contraires

Chacun travaille et chacun sert, .

Malheur à qui dit à ses frères :

Je retourne dans le désert !

5 Malheur à qui prend ses sandales

Quand les haines et les scandales

Tourmentent le peuple agité !

25 On le raille. Qu’importe ! il pense. Plus d’une âme inscrit en silence Ce que la foule n’entend pas.
Il plaint ses contempteurs1 2 frivoles ; Et maint faux sage à ses paroles
30 Rit tout haut et songe tout bas !...
Peuples ! écoutez le poète !
Ecoutez le rêveur sacré !
Dans votre nuit, sans lui complète, Lui seul a le front éclairé.
35 Des temps futurs perçant les ombres, Lui seul distingue en leurs flancs sombres Le germe qui n’est pas éclos. Homme, il est doux comme une femme Dieu parle à voix basse à son âme
40 Comme aux forêts et comme aux flots.
C’est lui qui, malgré les épines, L’envie et la dérision, Marche, courbé dans vos ruines, Ramassant la tradition.
45 De la tradition féconde
Sort tout ce qui couvre le monde, Tout ce que le ciel peut bénir. Toute idée, humaine ou divine, Qui prend le passé pour racine
50 A pour feuillage l’avenir.

« Polynésie, septembre 2003 20 choses inutiles.Un bon autodafé, rien de tel ! »Mais, réflexion faite, cela me donnait immédiatement un argument irréfutable: puisque tout ce que j'ai fait est inutile, il faut que je continue ; peut-être trouverais-je enfin quelque chose d'utile ...

J'en concluais qu'un écrivain est sans doute quelqu'un d'imparfait, qui n'est pas terminé, et qui écrit, justement, en vue de cette terminaison ; qui recherche inlassablement cette perfection.

© Le Magazine Lirréraire !Il Texte 2 : Jorge SEMPRUN, Élie WIESEL, Se taire est impossible, 2001 Élie Wiesel et Jorge Semprun ont vécu, chacun, l'expérience douloureuse des camps de concentration.

Tous deux sont écrivains.

E.W.

: Se taire est interdit, parler est impossible.

J'ai toujours eu peur de perdre la mémoire.

Je sais que la mémoire est vulnérable.

Elle s'émiette.

Est-ce qu'il y a des choses que j'ai oubliées? Est-ce qu'il y a des visages qui ne sont plus dans mon visage, dans mon regard? Est-ce qu'il y a des gestes 5 qui ne sont plus là, des gestes qui ne sont plus à ma portée ? Alors, comment faire? Comment faire pour tout dire, pour dire ce qu'il faut? L'écrivain que je suis, et que tu es, ne peut pas ne pas se poser ces questions-là.

J.S.

: Moi, je parle de mon rapport à l'écriture en tant qu' écrivain.J'ai été obligé de me taire pendant quelque temps, quinze ans, pour survivre.

C'est une expé- 10 rience d'ailleurs assez générale.

D'autres sont revenus à la vie en écrivant.

Primo Levi.

D'autres sont arrivés àla vie, parce qu'ils ont réussi à écrire vite.

[ ...

] Mais alors, il m'arrive une chose particulière par rapport à la mémoire, par rapport à l'angoisse del' oubli.

Plus j'écris -trois livres ont un rapport direct avec l'expérience des camps, même si, dans les autres livres, il y a des réfé- 15 rences beaucoup plus indirectes, romanesques, disons, ce sont des person­ nages, ce n'est pas moi qui ai ce rapport-là-, plus j'écris, plus la mémoire me revient.

C'est-à-dire qu'après ce dernier livre, j'ai encore plus de choses à dire qu'avant de commencer le premier.

Comme si l'oubli avait été si profond qu'il fallait le travail de l'écriture, de la mémoire volontaire, de la 20 recherche volontaire dans le passé, des images, des souvenirs, des visages, des anecdotes, même des sensations, elles reviennent.

De là ma théorie que c'est une écriture inépuisable, à la fois impossible et inépuisable.

On ne peut pas dire, mais on n'aura jamais tout dit.

On peut dire à chaque fois davantage.

25 E.W.

: Dernièrement, j'ai écrit dans mes rêves.

Je rêve de plus en plus de cette période-là.

Au commencement, pendant la guerre, on rêvait d'autre chose, de nourriture, de paix.

Chez moi, je rêvais de shabbat, de fêtes juives, de ma famille.

Ensuite, après la Libération, c'était différent.

Et maintenant, de plus en plus, presque chaque nuit, une sorte de cauchemar.

Je me 30 retrouve là-bas.

Le matin, je me lève et j'écris très vite ce qui me reste de ces rêves-là.

Parce qu'en vérité, tout ne sera pas dit.

121. »

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