Préface Fleurs du mal

« PRÉFACE Depuis l’Antiquité, le Beau est associé au Bon.

La beauté se caractérise par un idéal de perfection, notion pourtant rompue par Les Fleurs du Mal.

En e et, Baudelaire a rme vouloir « extraire la beauté du mal », c’est à dire rendre sublime, grâce au langage poétique et au travail sur les images, la réalité la plus triviale.

« Tu m’as donné ta boue et j’en ai fait de l’or », déclare-t-il.

Le titre du recueil, par l’antithèse qu’il comporte entre ’Fleurs’ qui suggère l’idée de la beauté, de l’amour, du plaisir, et de la vie, et ‘Mal’ qui renvoie à la laideur et à la sou rance, traduit bien cette volonté de s’inspirer de la laideur environnante pour la trans gurer.

Comment transmuter, sublimer l’immonde réalité? Comment fertiliser le mal et le malheur? Comment en faire l’occasion d’une beauté poétique? Baudelaire a recours aux ressources du langage poétique, il se fait magicien de la langue, pour faire advenir cette beauté complexe.

Le choix de ses mots (leurs valeurs et connotation), leurs association par les sonorités, les rythmes ou les images qu’ils suscitent (notamment au moyen des synesthésies) permettent au lecteur de se représenter les éléments évoqués par le poème.

De ce fait, chez Baudelaire, l’alliance du beau et du monstrueux, de l’or et de la boue, n’est jamais loin. Dans le poème « la Beauté » par exemple, il reprend une dé nition du beau empruntée à l’idée de perfection « je trône dans l’azur/« clartés éternelles » (v. 5 et 13).

Il y adjoint cependant la suggestion de la sou rance et de l’esclavage de l’artiste face à la beauté, « jamais j’en pleure et jamais je ne ris/ « reine impitoyable» (v.8 et 12), qui prend ainsi une dimension e rayante.

De même, la femme peut aussi lui faire entrevoir l’idéal.

Elle est ange « ange » et « sphinx », « or et acier ». Ses yeux mêlent « l’or avec le fer » (« le Serpent qui danse », v.16).

Sa beauté, d’une.... »