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Présentation des Fables de La Fontaine

Publié le 17/01/2022

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Dès le premier recueil des Fables, La Fontaine est en possession d'une vision personnelle du genre qui ne fera que s'approfondir par la suite. Tout d'abord, contrairement à de nombreux compilateurs de fables (Patru, Audin...) qui avaient une approche exclusivement morale de l'oeuvre d'Ésope, La Fontaine pense qu'il faut « s'accommoder au goût » de l'époque : pour lui, il s'agit d'instruire mais surtout de plaire. À la différence de Boileau qui utilise, dans ses fables, un vers rigide et plein d'austérité, La Fontaine introduit dans ses premières fables cette « gaieté » qui est sa nouveauté et qu'il définit comme « un certain charme, un air agréable » pour traiter tous les sujets ; en outre, la moralité lui semble secondaire par rapport à l'art de narrer ; enfin, il choisit ces vers irréguliers qui permettent tous les effets poétiques mais qui en même temps ont « un air qui tient beaucoup de la prose ».

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« Dès les Fables réunies dans le premier recueil, on notera la maîtrise d'un style propre au fabuliste qui lui permet de traduire le mouvement rapide et léger, tel celui du moucheron qui combat le lion : « Le lion et le moucheron », II, 9 ;il peut tout aussi bien évoquer l'effort pénible, dans le cas de « La grenouille qui veut se faire aussi grosse que leboeuf » (I, 3) : « Elle qui n'était pas grosse en tout comme un oeuf, / Envieuse s'étend, et s'enfle et se travaille, /Pour égaler l'animal en grosseur ». La Fontaine dispose aussi déjà de ce style mimétique : « Nous sentons, dit P.

Clarac, comme à les toucher, lesos saillants du loup famélique (« Le loup et le chien », I, 5), le poil velouté du chat, le poli de-la peau dudogue, tendue sur un corps bieroourri.

» En même temps que La Fontaine dispose d'un art du récit (maîtrise de la vitesse, de la logique des actions etde leur vraisemblance...) qu'il avait acquis en composant ses Contes, il dispose aussi d'un savoir-faire descriptif qui donne à voir les personnages : « Un lièvre en son gîte songeait / Car que faire en un gîte, à moins que l'onne songe ? » (« Le lièvre et les grenouilles », II, 14).

Par, ailleurs, le recours au discours direct, indirect etindirect libre permet au fabuliste de saisir les personnages dans leurs réflexions aussi bien que dans lessituations qui les opposent aux autres personnages. La Fontaine et les Anciens Dans ce premier recueil, La Fontaine suit assez souvent la vieille sagesse antique de l'apologue ésopique ; faitede méfiance envers les beaux parleurs, de prudence, de persévérance, de mesure, elle se trouve en harmonieavec le bon sens de la bourgeoisie française du XVIIe siècle autant qu'avec celle des paysans aguerris par unenature qui les oblige à la constance et à la patience : on retrouve peut-être là le fonds bourgeois etchampenois de La Fontaine. Enfin, de la part du fabuliste, on note déjà une propension à se mettre personnellement en scène.

La plupartdes livres s'ouvrent par des fables-liminaires où il évoque ses choix littéraires (Dédicace ; « Contre ceux qui ontle goût difficile », II, 1 ; « Le pâtre et le lion », VI, 1...) ; il intervient souvent dans l'univers de la fable oudans le glissement vers la moralité : « Son retour régulier introduit dans la discontinuité des fables la continuitéde la présence d'un tiers, critique, témoin ou narrateur, médiateur entre le contenu des fables et leur lecteur »(R.

Duchêne). III - LE SECOND RECUEIL (1678-1679) L'approfondissement d'une poétique Le second recueil ne fait que confirmer la virtuosité de La Fontaine dans le domaine du style, du rythme et de laversification. On peut considérer par exemple que les changements de mètre sont le plus souvent motivés : le passage du verslong au vers court provoque une contraction qui peut et doit généralement s'interpréter.

L'inverse de même : « On rencontre sa destinée / Souvent par des chemins qu'on prend pour l'éviter » (« L'horoscope », VIII, 16). L'octosyllabe traduit ici l'immédiateté et l'évidence de la rencontre tandis que l'alexandrin rendra compte de lasinuosité des chemins et de leur multiplicité. La Fontaine sait, par ailleurs, capter aussi bien la clarté du jour et la luminosité de l'eau (« L'onde était transparenteainsi qu'au plus beau jour », Le héron, VII, 4) que rendre l'obscurité des séjours souterrains et de l'insondabledomaine des morts : « Tous deux [le voyageur et sa monture] allèrent boire ; / Tous deux, à nager malheureux, / Allèrent traverser auséjour ténébreux / Bien d'autres fleuves que les nôtres » (« Le torrent et la rivière », VIII, 23). Le dernier vers est ici d'autant plus pathétique que sa rime demeure sans écho, si ce n'est dans un des refletssonores du vers lui-même (« autres » / « nôtres »). L'art du récit s'appuie sur la rapidité et la variété des actions ainsi que sur leur enchaînement (IX, 2).

La Fontaineexcelle aussi dans le style descriptif et si, dans le domaine de la nature morte, on peut se souvenir de ces raisins dupremier recueil « couverts d'une peau vermeille » (II, 11), que dire de la description de l'huître qui éveille lagourmandise non moins que la concupiscence par son prélassement lascif : « Parmi tant d'huîtres toutes closes, /Une s'était ouverte, et bâillant au soleil, / Par un doux zéphir réjouie, / Humait l'air, respirait, était épanouie, /Blanche, grasse, et d'un goût, à la voir, non pareil » (« Le rat et l'huître », VIII, 9). En outre, La Fontaine use toujours de ce mélange des tons qui participe de l'esthétique de la « gaieté » : unequerelle de basse-cour se voit traitée dans un style épique (« Les deux coqs », VII, 12) ; mais il va plus loin danscette voie et il affirme avec plus de constance dans ce second recueil son inspiration mondaine, héritée de Voiture :« La rhétorique mondaine se joue entre une double postulation, le registre amoureux et galant d'une part, le registrebadin, marotique, voire burlesque de l'autre, les deux tendances étant à l'oeuvre dans les six derniers livres des. »

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