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Proposition de corrigé du commentaire composé de la tirade d'Elvire, Dom Juan, Acte IV, scène 6.

Publié le 15/09/2006

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juan

Introduction : Dom Juan de Molière est une pièce où le personnage principal défie en permanence le Ciel. Les thèmes de l'amour et de la mort y sont étroitement associés. Cette tirade d'Elvire, extraite de la sixième scène de l'acte quatre en est révélatrice. Elvire est l'épouse trahie de Dom Juan. Après avoir pris la résolution de se retirer au couvent, elle vient le trouver, non plus pour lui faire des reproches, mais pour tenter d'obtenir son repentir. Avec l'approche du dénouement, Dom Juan voit peu à peu les menaces de châtiment se préciser (qu'il soit terrestre ou divin). Il semble intéressant de s'interroger sur la stratégie employée par cette femme déjà retirée du monde et de ses passions. Nous étudierons d'abord les procédés de persuasion employés par Done Elvire, puis nous verrons comment s'articulent dans ce passage l'amour divin et l'amour humain, avant d'observer, pour finir, les contrastes et les ambiguïtés de cette scène. I- Cette tirade vise à obtenir le repentir de Dom Juan. Elvire recourt à différents procédés de persuasion : après avoir capté l'attention de son interlocuteur, elle tente de susciter la peur de Dom Juan, puis sa compassion. 1- La captatio benevolentiae Par divers procédés, Done Elvire attire l'attention et attise la curiosité de Dom Juan (effet de surprise de sa visite imprévue, son apparence mystérieuse) Elle donne de la gravité à ses propos en insistant sur l'urgence de son message « un motif pressant «, « ce que j'ai à vous dire ne veut point du tout de retardement «. 2- la peur : elle présente le châtiment divin comme une menace imminente et terrible - de multiples expressions désignant ce châtiment jalonnent le texte : « colère redoutable «, « le plus grand de tous les malheurs «, « l'épouvantable coup qui vous menace «, « supplices éternels «, « le précipice où vous courez «, « exemple funeste de la justice divine « ( idée de punition et de destin qui donne une tonalité tragique à ce discours. - on remarque que chaque nom désignant le châtiment est accompagné d'un adjectif qui renforce son caractère effroyable. Elvire utilise des superlatifs (( hyperbole) et certains de ces termes sont mis en évidence en fin de phrases : (« au plus grand de tous les malheurs «, « supplices éternels «) - elle utilise des images fortes (métaphores) : la course « vous courez «, l'épée suspendue au-dessus de la tête de Dom Juan « détourner de dessus votre tête l'épouvantable coup qui vous menace « - elle insiste sur l'imminence de cette menace, le thème du temps très présent : « prête de «, « prompt «, « pas encore un jour « - une suite de propositions complétives (« que vos offenses ont épuisé (…), que sa colère redoutable est prête (…), qu'il est en vous de l'éviter (…) «) donne un caractère très rigoureux à son discours, soulignant que le dessein de Dieu est clair et définitif. - Ses phrases mettent en scène la lutte entre le Ciel et Dom Juan, en les associant dans chaque phrase, par le jeu des pronoms : « vous dire de sa part, (…), vos offenses (…) sa miséricorde, (…), sa colère (…) sur vous « - La toute puissance du Ciel est soulignée au début de la deuxième tirade : le Ciel décide de tout, il a décidé du salut d'Elvire, il peut décider du châtiment de Dom Juan (répétition du mot « Ciel « dans toutes les positions syntaxiques) 3- le deuxième procédé de persuasion consiste à faire appel à la compassion de Dom Juan : elle cherche à l'attendrir  - elle cherche à susciter un sursaut d'émotion chez son destinataire en l'interpellant et en l'impliquant sans cesse dans son discours (elle l'interpelle par son nom deux fois dans cette seule tirade, répétition du pronom personnel « vous «) - lyrisme quand elle évoque ses sentiments passés ou futurs : « chéri tendrement «, « joie incroyable «, « douce consolation «, expression de la plainte et de la douleur : «  douleur extrême «, « cruel déplaisir «, « avec larmes « - la tirade se termine sur une triple supplique : «De grâce Dom Juan, accordez-moi (…), ne me refusez point votre salut (…) m'épargnez le cruel déplaisir (…). « ( utilisation de l'impératif de prière, position d'humilité de Done Elvire, implorant Dom Juan. ( une situation paradoxale, où ce ne serait plus Dom Juan la victime du châtiment, mais Elvire elle-même. ( Elvire multiplie les procédés de persuasion pour amener Dom Juan à se repentir, mais elle se présente aussi en messagère du Ciel et en exemple de pécheresse repentie. II- Elvire nous montre l'alliance entre amour divin et amour humain : elle est l'envoyée du Ciel, mais elle est aussi l'amante qui se soucie de l'homme qu'elle a aimé. 1- la messagère du Ciel : - Elvire n'est qu'un instrument du Ciel (en position d'objet dans les phrases : « m'a inspiré «, « me conduit «) - Champ lexical de la religion : le mot « Ciel «, répété quatre fois, « miséricorde «, « repentir «, « retraite «, « expier la faute «, « austère pénitence «, « pardon «, « votre salut «, « mes prières «. - Elle se pose en modèle de renoncement et de détachement par rapport aux biens terrestres. Contraste entre sa « passion condamnable «, son « aveuglement «, ses « folles pensées « passés, et la paix de la religion (discours parfaitement construit et équilibré : « Pour moi (…) Mais dans cette retraite (…) «, illustrant le calme du personnage, que les dérèglements de la passion n'atteignent plus). Elle parle d'elle-même à la troisième personne « Ce n'est plus cette Done Elvire « pour montrer qu'elle n'est plus la même femme. Dom Juan est censé s'identifier à elle. 2- « ce parfait et pur amour « son amour pour Dom Juan est transcendé par la religion et la foi : tout est associé à la vie éternelle, au « salut «, le seul amour que Done Elvire s'autorise. ( la voix du Ciel, l'amante transformée en ange. III- le contraste du silence et de l'ironie de Dom Juan : l'ambiguïté du silence de Dom Juan Faut-il y voir un signe de faiblesse ? Done Elvire est tellement emportée dans son discours qu'elle ne laisse pas la parole à son interlocuteur, même s'il voulait la prendre. Elle ne pose aucune question. L'ironie dont DJ fait preuve en se moquant du sentimentalisme de Sganarelle « Tu pleures, je pense «, inciterait plutôt à prendre son silence comme une forme de mépris ou d'indifférence. S'il tente de retenir Elvire après tout ce discours, c'est bien qu'il prend tout ceci à contre pied et envisage de reconquérir cette femme qui semble lui échapper définitivement. (C'est ce qu'il dira à Sganarelle au début de la scène suivante) Mais la brièveté de ses répliques et le refus catégorique de Done Elvire, soulignent son impuissance. Conclusion : Elvire tente donc de ramener Dom Juan dans le droit chemin en lui faisant peur, en suscitant sa compassion, et en se présentant comme l'envoyée du Ciel, devant lui servir d'exemple et de modèle. Ce discours n'a pas l'effet escompté, bien que Dom Juan se dise par la suite touché, et envisage pour la première fois la possibilité de s'amender (« Oui, ma foi ! il faut s'amender ; encore vingt ou trente ans de cette vie-ci, et puis nous songerons à nous. «). Au contraire, cette omniprésence du Ciel dans le discours d'Elvire a tout pour exciter son défi, et l'on sait que Dom Juan est sourd à la compassion. Toujours est-il qu'Elvire est le seul représentant positif de la religion dans la pièce de Molière : elle incarne la pureté et le dévouement désintéressé.

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« - Elle se pose en modèle de renoncement et de détachement par rapport aux biens terrestres.

Contraste entre sa « passioncondamnable », son « aveuglement », ses « folles pensées » passés, et la paix de la religion (discours parfaitement construit etéquilibré : « Pour moi (…) Mais dans cette retraite (…) », illustrant le calme du personnage, que les dérèglements de la passionn'atteignent plus).

Elle parle d'elle-même à la troisième personne « Ce n'est plus cette Done Elvire » pour montrer qu'elle n'estplus la même femme.

Dom Juan est censé s'identifier à elle. 2- « ce parfait et pur amour »son amour pour Dom Juan est transcendé par la religion et la foi : tout est associé à la vie éternelle, au « salut », le seul amour queDone Elvire s'autorise. ( la voix du Ciel, l'amante transformée en ange. III- le contraste du silence et de l'ironie de Dom Juan : l'ambiguïté du silence de Dom Juan Faut-il y voir un signe de faiblesse ? Done Elvire est tellement emportée dans son discours qu'elle ne laisse pas la parole à soninterlocuteur, même s'il voulait la prendre.

Elle ne pose aucune question.L'ironie dont DJ fait preuve en se moquant du sentimentalisme de Sganarelle « Tu pleures, je pense », inciterait plutôt à prendreson silence comme une forme de mépris ou d'indifférence.S'il tente de retenir Elvire après tout ce discours, c'est bien qu'il prend tout ceci à contre pied et envisage de reconquérir cettefemme qui semble lui échapper définitivement.

(C'est ce qu'il dira à Sganarelle au début de la scène suivante) Mais la brièveté de ses répliques et le refus catégorique de Done Elvire, soulignent son impuissance. Conclusion :Elvire tente donc de ramener Dom Juan dans le droit chemin en lui faisant peur, en suscitant sa compassion, et en se présentantcomme l'envoyée du Ciel, devant lui servir d'exemple et de modèle.

Ce discours n'a pas l'effet escompté, bien que Dom Juan sedise par la suite touché, et envisage pour la première fois la possibilité de s'amender (« Oui, ma foi ! il faut s'amender ; encorevingt ou trente ans de cette vie-ci, et puis nous songerons à nous.

»).

Au contraire, cette omniprésence du Ciel dans le discoursd'Elvire a tout pour exciter son défi, et l'on sait que Dom Juan est sourd à la compassion.

Toujours est-il qu'Elvire est le seulreprésentant positif de la religion dans la pièce de Molière : elle incarne la pureté et le dévouement désintéressé.. »

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