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Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle: commentaire

Publié le 08/09/2014

Extrait du document

TEXTE

SPLEEN

Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle

Sur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis,

Et que de l'horizon embrassant tout le cercle,

Il nous verse un jour noir plus triste que les nuits ;

Quand la terre est changée en un cachot humide,

Où l'Espérance, comme une chauve-souris,

S'en va battant les murs de son aile timide

Et se cognant la tête à des plafonds pourris ;

Quand la pluie étalant ses immenses traînées D'une vaste prison imite les barreaux, Et qu'un peuple muet d'infâmes araignées Vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux,

Des cloches tout à coup sautent avec furie Et lancent vers le ciel un affreux hurlement, Ainsi que des esprits errants et sans patrie Qui se mettent à geindre opiniâtrement.

— Et de longs corbillards, sans tambours ni musique,

Défilent lentement dans mon âme ; l'Espoir,

Vaincu, pleure, et l'Angoisse atroce, despotique,

Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir.

BAUDELAIRE, Les Fleurs du mal.

 

Vous commenterez ce poème de Baudelaire en vous attachant à définir l'originalité de son inspiration et de son art.

... lisent les deux êtres antagonistes que le poète porte en lui et le tragique combat dont il n'est que le théâtre.

Baudelaire en vrai poète possède le don des images. Tantôt elles sont à peine suggérées. Au premier vers, ce ciel comparé à un couvercle, évoque, sans appuyer, comme une impression d'étouffement et d'écrasement. Tantôt elles s'imposent avec une puissance de réalité étonnante par quelques détails suggestifs comme ce cachot « humide « aux « plafonds pourris «. Tantôt enfin elles s'étalent en une vision pathétique :

« Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir. «

 

Ce drapeau noir, symbole funèbre du désespoir, flotte victo­rieusement sur la citadelle conquise et ce « crâne incliné « exprime la soumission et l'abdication.

« LA POÉSIE COMMENTAIRE PROPOSÉ INTRODUCTION Ce poème est l'un des quatre qui dans Les Fleurs du mal portent le même titre : « Spleen ».

La première partie du livre, où figurent ces quatre poèmes, s'appelle «Spleen et Idéal».

C'est assez dire quelle importance revêt au sein de l'œuvre le thème ici traité et quelles résonances il évoque dans l'âme du poète.

On ne saurait donc s'étonner que la qualité de l'expression soit à la hauteur de l'émotion ressentie.

« Spleen » nous ouvre de riches perspectives sur l'inspiration et l'art de Baudelaire.

1.

LE THÈME En ce qui concerne l'inspiration nous retrouvons, .semble-t-il à première vue, un vieux thème, cher aux Romantiques.

C'est « le grand secret de mélancolie » que Chateaubriand chantait naguère, qu'exploitent Lamartine ou Vigny entre autres et qui, à l'époque, a si largement exercé ses ravages, qu'on a pu l'appeler « le mal du siècle ».

Mais ce vieux thème trouve chez Baudelaire une note originale.

La mélancolie chez Lamartine prenait l'aspect d'une aspiration vague vers l'idéal, chez Vigny la forme d'un désabusement.

Chez Baudelaire il s'agit d'un incu­ rable ennui, d'un dégoût profond de la vie, entretenu par des revers de carrière, des ennuis d'argent, des déboires sentimen­ taux et surtout par la maladie.

Par là s'explique la note morbide qui domine dans ce poème.

Contre cette angoisse qui le ronge, pour épanouir en lui cette Espérance à laquelle il ne veut pas renoncer il lui reste le suprême recours de l'idéal artistique.

C'est cette lutte tragique qui résume tout le drame baudelairien.

En raccourci ce poème nous offre même l'image des Fleurs du mal, dans leur ensemble, puisque dans leur déroulement pathé­ tique, au cours des pages elles nous montrent le poète sombrant progressivement dans l'angoisse et bannissant bientôt toute espérance.

II.

LA COMPOSITION La composition du poème nous fait assister à l'envahissement progressif de l'angoisse, à l'hallucination qui gagne plus large­ ment, de proche en proche, l'âme du poète.

Au début c'est un paysage mélancolique qui nous est évoqué.

Mais il reste très. »

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