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Quelles sont les motivations et les attentes qui poussent les spectateurs à aller au théâtre ?

Publié le 08/01/2013

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nos certitudes. Le comique est en effet, selon Ionesco, « l'intuition de l’absurde «. Né après la Deuxième

Guerre mondiale, le théâtre de l'absurde, notamment avec Ionesco et Beckett, cherche, à travers des

situations invraisemblables ou étranges, à nous faire mesurer l'absurdité du monde, les limites du

langage, incapable de nous aider à communiquer avec authenticité, à nous libérer des angoisses qui

nous étreignent - la peur de la mort, l'oppression insidieuse des préjugés: ainsi, La Leçon de Ionesco

illustre l'agressivité et l'inhumanité des rapports humains, le pouvoir dont se croit investi celui qui a le

savoir. Le rire nous permet de les reconnaître, peut-être même de les exorciser. [Conclusion] Le Nom de

la rose, de l'écrivain italien Umberto Eco, se présente comme un roman policier médiéval dans ... un

couvent mais c'est aussi une sorte d'apologue qui illustre le pouvoir du rire et l'horreur qu'il suscite chez

« Le comique permet notamment de détendre l'atmosphère, d'atténuer la portée de certaines audaces. Dans Dom Juan de Molière, Sganarelle, le valet de Dom Juan, par ses commentaires ridicules, ses maladresses, ses chutes bouffonnes, nuance le caractère choquant et provocateur des professions de foi libertines de son maître.

C'est lui qui a le mot de la fin: alors que Dom Juan vient d'être englouti par l'Enfer en châtiment de ses crimes, Sganarelle réclame pitoyablement le salaire qui lui est encore dû: « Mes gages! mes gages! » Lorsque Tartuffe fait des avances pressantes à Elmire, la femme d'Orgon, la situation serait extrêmement gênante si le spectateur ne savait qu'Orgon est sous la table, témoin scandalisé de la trahison de son cher Tartuffe.

[2.2.

Reproduire la vie, «grotesque » et «sublime »] Victor Hugo, dans sa mise en œuvre du drame romantique -le théâtre qui devait remplacer à la fois la tragédie et la comédie classiques -, alterne scènes comiques et scènes dramatiques ou pathétiques donnant ainsi, selon lui, l'image de la vraie vie, où se mêlent et «sublime» et «grotesque». Dans son drame Ruy BIas, alors que se joue le destin de la Reine et de Ruy Blas, Don César fait gaiement bombance et s'amuse de la situation mystérieuse à laquelle il est mêlé malgré lui.

Rostand, dans Cyrano de Bergerac, alterne aussi les moments d'émotion et de fantaisie comique: la scène pathétique du balcon est suivie du face-àface de Cyrano et de de Guiche où Cyrano, masqué, pour retarder de Guiche, feint de tomber de la lune et lui raconte, avec force détails, son voyage cosmique. [2.3.

Les choix et les apports de la mise en scène] Ces aspects comiques ne prennent toute leur dimension que sur la scène: c'est donc des choix du metteur en scène - atténuer ou accentuer les virtualités comiques contenues dans le texte - que dépend l'impact de la pièce; le metteur en scène - et l'acteur - sont, au sens fort, des « interprètes» de l'œuvre, au risque parfois de commettre des contresens volontaires.

Que penser d'un Malade imaginaire où Argan serait manifestement vraiment malade? Dans une mise en scène récente de Dom Juan, Sganarelle, au lieu d'être déguisé en médecin pour échapper avec Dom Juan à leurs poursuivants, est ...

en infirmière perruque blonde, poitrine avantageuse et talons hauts: le spectateur reconnaît là une parodie de Mrs Doubtfire et ... s'amuse du clin d'œil.

Molière n'avait sûrement pas prévu cet avatar de Sganarelle.

Dans L’École des femmes, Arnolphe, le barbon prétentieux, sent que lui échappe Agnès, la jeune fille qu'il a fait élever pour la rendre la plus ignorante possible et en faire ainsi une épouse docile.

Il se rend alors compte qu'il lui est vraiment plus attaché qu'il ne le croyait et le voilà jouant le rôle piteux de l'amoureux éconduit, suppliant, s'humiliant: « Me veux-tu voir pleurer? Veux-tu que je me batte? Veux-tu que je m'arrache un côté de cheveux? Veux-tu que je me tue? [ ...

]» (acte V, scène 4) Au gré des metteurs en scène, Arnolphe peut être ridicule dans ses protestations d'amour, voire pathétique ...

Mais y a-t-il une seule façon, juste et définitive, de comprendre et d'interpréter Arnolphe ? Certainement pas: ce serait nier cette ambiguïté que portent souvent en eux les vrais personnages.

[3.

La fonction morale, satirique, philosophique du rire] Par-delà cette fonction dramatique, le comique peut servir les intentions de satire sociale de l'auteur ou ses desseins moraux et même son propos philosophique.

[3.1.

La force de la satire] Le théâtre est une tribune à partir de laquelle l'auteur et son metteur en scène peuvent attaquer avec véhémence des personnes ou des institutions en les ridiculisant.

Molière, dans Tartuffe, met en scène un faux dévot qui menace de ruiner toute une famille.

En rendant ridicule Orgon qui s'est entiché de Tartuffe au point de lui céder sa fortune, sa fille et presque sa femme, Molière nous fait comprendre les dangers de ces intrigants qui, sous le prétexte de la religion, ne poursuivent que leur intérêt personnel.

Figaro, dans son long monologue du Mariage de Figaro, fait un bilan de sa vie.

Il passe en revue toutes les injustices dont il a été victime - organisation inique de la société avec tous les privilèges pour des aristocrates sans talents et rien pour les hommes du peuple qui essaient de s'élever par leur propre mérite.

Il dénonce avec ironie cette société mal faite où les incapables obtiennent les places, où les voleurs sont récompensés, où l'originalité est immédiatement censurée ...

« Sans la liberté de blâmer, il n'est pas d'éloge flatteur; [ ...

]. »

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