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QUERELLE DES ANCIENS ET DES MODERNES

Publié le 31/05/2012

Extrait du document

Au rationalisme cartésien s'allia ce que nous avons appelé le

rationalisme mondain. Ce rationalisme mondain tire ses principes

de la mode, des convenances, de l'opinion; il n'admet point

de vérité, de beauté hors des choses qui ont cours dans la société

polie; et, comme le mouvement gcnéral des idées, en France, a

cette date, porte vers l'esprit et vers la science, vers l'exercice

exclusif des facultés intellectuelles et discursives, l'idéal mondain

est forcément l'exagération de celte tendance. De plus, la notion de

l'honnète homme, que la société demandait à chacun de réaliser en

soi, a rendu dans le cours du siècle l'instruction plus légère, plus

superficielle : on a imposé à l'homme du monde de n'afficher

aucune compétence spéciale, et on a fini par l'amener à n'avoir en

effet aucune sorte de compétence...

« 1.

l'EHR,\ULT I:T DOILEAU ACX PRISES.

II faut d'abord rappeler les faits sommairement.

Nous avons parlé plus haut de ces épopées prosaïquement emphatiques, auxquelles Je goùt précieux avait donné naissance.

Les sujets de ces « romar;s "en vers étaient presque tous tirés de l'histoire mo­ derne, et ornés d'un " merveilleux " emprunté a la religion chré­ tienne.

Un de ces auteurs, Desmarets de Saint-Sorlin, ayant donné son Clovis en 1657, crut nécessaire, lorsqu'il vit s'élever une école dont les maximes essentielles allaient, dnns tous les genres, à suivre les anciens et a reprendre les sujets déjà traités par eux, de justifier le choix qu'il avait fait dans son poème d'un héros moderne et chrétien.

li multiplia Préfaces et Traités 1, et ne se dêfendit pas sans donner plus d'une atteinte aux poètes anciens.

Il tendit ainsi à généraliser la question, et à faire Je procès a toute J'antiquité.

C'est contre Di1smarets que Boileau, par une malheu­ reuse application de sa doctrine, prohiba au troisième chant de son Art poetique l'emploi de la religion chrétienne en poésie, et, juste au moment où Milton venait d'écrire son Paradis perdu (ce que, du reste, il ignorait), nia assurément la valeur poètiyue de Satan.

Le vieux IJesmarets, avant de mourir, légua sa querelle à Charles Perrault.

Vers le mème temps, la lutte s'engagea sur un autre point : il s'agissait de savoir si l'inscription d'un arc de triomphe dirait la gloire du roi en latin ou en français.

JI se fit de gros volumes pour et contre J'emploi des deux langues, et là encore la question tendit à se généraliser : on se mit à comparer le latin et le français, à en débattre les mérites respectifs, la capacité et l'illustration 2 • Cependant Je moment de la grande bataille n'est pas venu.

On s'en tenait aux escarmouches, aux actions de détail.

C'était la Préface d'Iphigénie, où Racine s'égayait aux dépens de Pierre Per­ rault, qui avait critiqué Euripide sans l'entendre (i67i).

C'était la Preface d'une traduction du Sceau enlevé de Tassoni, où Pierre Per­ rault attaquait les anciens et malmenait Boileau à mots cou· verts ( 1678).

C'était une fable satirique où Claude Perrault dési- 1.

Discours imprimé dans l'édit.

in-8 du Clovis de 1673; Comparaiso>t de la langue et de la poésie française, in-12, ·1670; la D(f(ense du poème héroïque, in-4, 1674; la Défense de la poésie et de la langtte /'rançaise, in-8, 1675 2.

A consulter : F.

Charpentier, Défense de la langue française P"'-"' l'inscription d'un ar-e de triomphe.

in-12, 1676; le P.

Lucas, jésuite, De monztmentis publicis latine inscribendis; F.

Charpentier, De l'excellence de la lan que française.1683, 2 vol.

in-12.

Ce dernier ouvrage pose très nettement la questton de:; anciens et de;; modernes. »

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