QUESNEL Pasquier : sa vie et son oeuvre
Publié le 29/11/2018
Extrait du document
QUESNEL Pasquier (1634-1719). La figure du pcre Quesnel domine la troisième génération du jansénisme, celle qui, à la fin du siècle, recueille l’écrasant héritage d'Arnauld et de Pascal, premiers défenseurs de la doctrine de Saint-Cyran et de Jansénius. Pasquier Quesnel unit en lui la ferveur des « augustiniens » de la première génération et la passion des polémistes de la deuxième génération.
Après avoir reçu, pendant sept ans, l’enseignement des Jésuites au collège de Clermont, puis étudié la théologie, ce fils d'un libraire parisien d’origine écossaise, né rue Saint-Jacques, entre à l’Oratoire en 1657. 11 est bientôt, en 1662, à la direction de l’Oratoire de Paris et ne cache pas ses sympathies pour le parti janséniste et son admiration pour Arnauld. Ses premiers écrits sont des ouvrages de piété. Son souci est, alors, plus de prêcher une morale sévère, dans la ligne de Saint-Cyran, que d'attiser les controverses théologiques à un moment où Arnauld donne l’exemple de la conciliation. C’est ainsi que son Abrégé de la morale de l'Evangile, qui paraît en 1671, rassemble, selon Voltaire, « une foule de maximes saintes et pleines d'une onction qui gagne le cœur ». Aucune autorité ecclésiastique n’y trouve d’ail-
«
leurs
rien à redire, et le livre obtient les autorisations
nécessaires.
La reprise de la persécution contre le jansénisme, avec
la rupture de la « paix de 1 'Église >>, oblige le P.
Quesnel
à se retirer à Orléans, puis, après avoir refusé, à l'assem
blée de l'Oratoire de 1684, de signer un formulaire
contre la philosophie de Descartes, il rejoint Arnauld à
Bruxelles en 1685.
Dans l'exil, il produit une quantité
prodigieuse de mémoires et d'opuscules polémiques et
doctrinaux.
li défend les ouvrages poursuivis tels que le
Nouveau Testament de Mons, reprend et développe son
Abrégé de 1671 sous le titre le Nouveau Testament en
français avec des réflexions morales (1693), répond
inlassablement aux libelles jésuites par ses propres pam
phlets (ainsi celui qu'il intitule le Père Bouhours
convaincu de nouveau de ses anciennes impostures, faus
setés et calomnies, 1691).
Il entreprend surtout un histo
rique de la querelle théologique avec son Histo ir e abré
gée de la vie er des ouvrages de M.
Arnauld (1695), qu'il
complète d'une Justification de M.
Arnauld (1702).
Actif
chef de parti, suspect à Rome pour son gallicanisme, il
n'arrive pas à lever la méfiance de Louis XIV -qui a
toujours vu dans le jansénisme un ferment républicain
-.
malgré des ouvrages où il réaffirme, peut-être mala
droitement, le caractère sacré de la monarchie
héréditaire.
L'autorité que possèdent ses Réflexions -prisées par
Bossuet -l'amène à les augmenter de Réflexions sur
les Acres des Apôtres.
C'est ce prestige, cet ascendant
moral de Quesnel, joint à son activité polémique, qui
provoque l'ultime offensive contre le jansénisme.
Ques
nel est arrêté à Bruxelles en 1703.
Ses amis organisent
son évasion vers la Hollande.
Les condamnations pleu
vent alors sur son œuvre.
Le timide Noailles, archevêque
de Paris, condamne, en 1708, les Réflexions, dont il
recommandait la lecture en 1695; Quesnel n'en publiera
pas moins des Pensées pieuses tirées des Réflexions
morales ( 1711 ).
Enfin, le 8 septembre 1713, la fameuse
bulle Unigenitus condamne cent une propositions tirées
de ce livre qui circulait alors depuis quarante ans.
,Cette
décision ad hominem ouvre une crise grave dans l'Eglise
française au début du XVIII 0 siècle, «tant il est redoutable
ce prêtre isolé, sans école, sans église [ ..
.
], qui n'a d'au
tres ressources que sa plume, d'autre force que son talent
pour triompher du Pape, des RR.PP.
et du Roi >> (Albert
Le Roy).
Le rayonnement de Quesnel continuera cepen
dant d'exercer son influence à pa rt ir de la Hollande, avec
la publication posthume ( 1721) de ses Le ures spi
rituelles.
BffiLTOGRAPH!E De !"œuvre irnrnense de Quesnel seuls quelques fragments
sont facilement accessibles dans des recueils de morceaux choi
sis.
Citons Jansénisme er po li t ique .
textes publiés par R.
Tave
neaux, A.
Colin.
Paris.
1965.
A consulter.
-Albert Le Roy, la France et Rome de 1700 à
1715.
His roi re de la bulle Unigenitus, Paris, 1892, fac-similé
Slatkine, Genève, 1976; J.A.G.
Tans, Pasquier Quesnel er les
Pays-Bas [ ...
), Paris, Vrin, 1960; Louis Cognet, le Jansénisme,
Paris, P.U.F., «Que sais-je?», 1964..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- NOUVEAU TESTAMENT (Le) Père Pasquier Quesnel (résumé de l’oeuvre)
- BONNETAIN Paul : sa vie et son oeuvre
- ZÉVACO Michel : sa vie et son oeuvre
- WEYERGANS François : sa vie et son oeuvre
- VIE DE SAINT LOUIS de Jean, sire de Joinville (résumé de l'oeuvre & analyse détaillée)