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RAIMBAUT D'ORANGE : sa vie et son oeuvre

Publié le 28/11/2018

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RAIMBAUT D'ORANGE (xiie siècle). La critique poétique place depuis peu ce poète paradoxal au premier rang des troubadours.

 

On reconnaît en lui de façon sûre un grand seigneur : fils de Guilhem d’Aumelas — de la famille des Guilhem de Montpellier — et de l’héritière du comté d’Orange, il vécut surtout dans son château de Courthézon, tout près du Rhône. Mais on devine autour de lui des problèmes psychologiques et des problèmes de civilisation. Il lui plut de sortir de son rang pour entrer dans la confrérie du trobar, y soutenir des polémiques, s’y faire connaître sous le surnom de Linhaure et y passer pour jongleur. La tradition relie son nom à celui des deux poétesses, Azalaïs de Porcairagues et la plus célèbre des trobciiritz, celle qu’on nomme comtesse de Die, sans que ce titre et cette localisation soient bien assurés. Il chanta peut-être une dame catalane, la comtesse d’Urgel. Il joua publiquement un personnage peu banal, rassurant les maris en se prétendant châtré, célébrant son excellence poétique sur un ton de fanfaronnade.

 

La situation poétique de Raimbaut s’éclaire de données historiques et de données sociologiques. Quand il commence à chanter vers 1147, le trobar lèu règne dans la société aristocratique entre le Poitou, la Saintonge, l’Espagne du Nord et Toulouse. C’est alors que Bernard de Ventadour va le porter à ses sommets. Mais la charge de Marcabrun vient d’être poussée à partir d’un sentiment populaire et d’une moralité cléricale : elle a pris une forme savante et obscure où l’on reconnaît un nou

« veau trobar, Je elus.

Reprenant la rhétorique et les raffi­ nements du elus, les débarrassant de toute sévérité for­ mene ou de contenu, Je troubadour, à la fois aristocrate et oriental, marginal par rapport à 1' aire des mondanités antérieures, capable par son rôle public de relancer la mode en la transformant, en fait un jeu du langage, une sorte de baroquisme découvrant.

C'est l'acte de nais­ sance d'un troisième trobar, le rie, qui allait devenir Je style le plus prisé.

De fait, l'invention strophique franchit avec lui de nouveiJes étapes (il est malheureusement impossible de connaître Raimbaut d'Orange comme musicien; nous n'avons de lui qu'une mélodie).

Mais ce n'est pas le plus important.

De la forme exaspérée d'invention dérive J'évidement parodique du contenu.

C'est sans doute ce que les contemporains ont reconnu en l'appelant « folie ».

Raimbaut dit lui-même, dans une pièce où stro­ phe et mélodie se brisent en contre-texte prosaïque, qu'il compose un «je ne sais quoi », une « baJle de folie ».

Cet évidement lui-même est une ruse du sens.

A lire attentivement Raimbaut, on voit bien que l'apparente fantaisie recouvre une volonté de subversion poétique.

Ce troubadour est en effet le poète du monde inversé : grand seigneur jouant au baladin, séducteur jouant à l'impuissant, artiste jouant à l'amuseur, capable, au demeurant, d'écrire avec simple élégance dans le style de l'amour courtois le plus banal, peut-être inverti confi­ dent des dames, il découvre en fuyant.

Pour cette raison, il a écrit dans une forme orgueiJleusement rhétorique, sur le sujet des saisons renversées, de la neige. »

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