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Ray BRADBURY (Le contribuable)

Publié le 25/02/2011

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   Il voulait partir pour Mars sur la fusée. Dès le jour levé, il alla jusqu'à la piste de lancement et, à travers le grillage de barbelés, il interpella les hommes en uniforme et leur déclara qu'il voulait partir pour Mars. Il leur dit qu'il était contribuable, qu'il s'appelait Pritchard et qu'il avait le droit de partir pour Mars. N'était-il pas un bon citoyen? Alors pourquoi ne pourrait-il pas, lui aussi, partir pour Mars? Il les menaça du poing et leur dit qu'il voulait quitter la Terre; n'importe quel individu sensé voulait quitter la Terre. D'ici deux ans, une vaste guerre atomique se déclencherait sur la Terre et il ne voulait pas être là quand elle éclaterait. Lui et des milliers de ses semblables, s'ils avaient une once de sens commun, partiraient pour Mars. Demandez-le-leur seulement! Échapper aux guerres, à la censure, à l'étatisme, à la conscription, au contrôle gouvernemental de ceci ou de cela, de l'art, de la science. La Terre, il l'abandonnait à qui la voulait. Il offrait sa main droite, son cœur, sa tête pour avoir une chance de partir pour Mars! Que fallait-il faire, quels papiers signer, quelles personnes connaître pour monter à bord de la fusée?    Ils se moquèrent de lui à travers le grillage. «Il n'avait sûrement pas envie de partir pour Mars«, dirent-ils. Ne savait-il pas que la première et la seconde expédition avaient échoué, disparu; que les hommes y étaient sans doute restés?    « Mais ils ne pouvaient pas le prouver, ils n'en étaient pas certains «, dit-il, accroché au grillage. Peut-être était-ce un éden, un pays de Cocagne, là-haut. Le capitaine York 1 et le capitaine Williams2 n'avaient peut-être aucune envie de revenir.    Et maintenant, allaient-ils lui ouvrir le portail et le laisser monter à bord de la troisième fusée expéditionnaire ou devrait-il la démolir à coups de pied? Ils lui dirent de la boucler. Il vit les hommes s'approcher de la fusée.    «Attendez-moi! cria-t-il, ne m'abandonnez pas dans ce monde terrible, il faut que je m'en aille; la guerre atomique est proche! Ne me laissez pas sur la terre! «    Ray BRADBURY.    1. Capitaine York : responsable de la première expédition qui remonte à 1 an.    2. Capitaine Williams : responsable de la deuxième expédition.    sujets au choix    1) Imaginez une suite à ce texte.    2) Dégagez les raisons qui poussent le contribuable Pritchard à quitter la terre; quelle est celle qui vous paraît la plus importante? Pourquoi?    3) Si vous aviez le droit de partir pour Mars, iriez-vous, ou préféreriez-vous rester sur la Terre?  conseils

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« — Lui qui aurait offert sa main, son cœur, sa tête pour obtenir l'autorisation de partir... A ceux qui cherchent à le raisonner, il oppose la violence de ses sinistres prédictions : «Vous prétendez me soustraire à une mort incertaine, mais vous êtes tous ici condamnés à disparaître...» — Ses paroles se perdent dans le vacarme du départ de l'engin. Sujet 2 Pritchard est prêt à tout pour quitter cette terre.

Outre le fait qu'il prétend exercer son droit le pluslégitime de «bon citoyen», il avance un certain nombre de raisons graves, qui se ramènent toutes à ceci : «Cemonde est terrible» et «la guerre atomique est proche». • Un conflit généralisé menace la planète.

Le danger atomique est inévitable. • Le bon sens pousse de toute façon à fuir tous les maux terrestres : — les guerres; — l'arbitraire et la tyrannie de l'État : censure, conscription (service militaire), contrôle gouvernemental dans tousles domaines. • En revanche il n'est pas fatal que l'expédition vers Mars échoue. Après tout, Mars est peut-être un paradis dont personne ne songe à revenir. On vous demande de choisir, parmi toutes ces raisons, la plus importante à vos yeux. On voit mal comment vous pourriez ne pas faire de la destruction atomique le plus grave des périls envisagés, maislibre à vous de développer l'autre série d'arguments : l'organisation sociale et politique du monde rend invivable laplanète Terre.

A vous d'en juger. Sujet 3 Qu'est-ce qui pourrait donc vous pousser à partir pour Mars ou vous retenir d'y aller? • A partir...

: — D'autres motifs que ceux avancés par Pritchard (voir sujet 2) sont imaginables : — Le goût de l'exploit; — La possibilité de réaliser un rêve longtemps entretenu par vos lectures, le cinéma, les reportages, les récits depionniers; — La fascination exercée sur vous par les «extraterrestres »; — L'envie de connaître et de partager l'existence des cosmonautes et des techniciens des stations orbitales; — Le goût de la science, de la découverte de mondes étranges; — La fierté d'être parmi les premiers à accomplir ce voyage extraordinaire.• A ne pas partir...

: — L'appréhension du danger de pareille expédition; — Peu d'attirance pour cet astre volcanique et inquiétant; — Un amour exclusif de la Terre, de ses merveilles, dont vous n'avez pas encore épuisé toutes les richesses; — D'autres attirances : pour l'exploration des fonds marins ou la spéléologie, par exemple; — La conviction d'être plus utile parmi les hommes, au milieu de leurs problèmes, qu'à des milliers de kilomètres à larecherche d'incertaines découvertes. — On pourrait ajouter une note d'humour et dire : «Je suis un fidèle de la Lune, je laisse Mars aux plus jeunes...

». »

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