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Relation écriture poétique et théâtre.

Publié le 03/06/2015

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Introduction : Si nous aimons a? la fois le the?a?tre et la poe?sie nous aimons imaginer que ces deux expressions de la pense?e ou de la condition humaine se confondent plus ou moins et que les chefs-d'oeuvre qui en sont sortis dialoguent en nous dans une sorte de panthe?on des miracles. Nous pensons aussito?t a? quelques ge?nies qui ont e?te? de grands poe?tes et qui ont aussi porte? le the?a?tre au plus haut de lui-me?me : Shakespeare, Goethe, Claudel. Pour ceux-ci, nous ne devons me?me pas nous demander si, pratiquant tour a? tour le the?a?tre et la poe?sie, ils s'y sont e?galement accomplis. Ceux qui nous ont donne? Hamlet et les Sonnets et Pelle?as, ou encore Meurtre dans la cathe?drale et les Quatre Quatuors, ceux-la? donnent une re?ponse e?clatante a? la question du double accomplissement. De?ja?, voici des cas moins simples : ceux qui se sont ine?galement accomplis et qui, s'ils ont bien servi le the?a?tre, et me?me s'ils l'ont adore?, doivent surtout leur survie au poe?me. Pensons a? Vigny, a? Hugo, que rejoignent dans notre esprit Supervielle, voire Cocteau. Et voici ceux qui au contraire, me?me s'ils ont e?crit des poe?mes, viennent a? nous par le the?a?tre. Ils s'appellent Racine, Lope de Vega, ou Musset, car me?me si quelques vers sont tre?s beaux dans les Nuits et ailleurs, nous savons que c'est a? la sce?ne qu'on ne badine pas avec l'amour et que l'on meurt des caprices de Marianne. Enfin, comment ne pas aborder, dans les re?flexions sur ce dialogue, ceux dont le ge?nie nous semble purement the?a?tral, e?tranger ou paralle?le a? la poe?sie, et qui nous sont pourtant tout aussi ne?cessaires: Molie?re, Marivaux, Tche?khov, Pirandello, jusqu'a? Beckett ou Ionesco. Nous savons tous que le mot poe?sie implique faire et que le the?a?tre implique regarder. Ce n'est point la? du byzantinisme e?tymologique : les mots disent qu'il s'agit d'une part de cre?er, d'autre part de montrer. En se nommant, les deux arts nomment d'office leurs diffe?rences. C'est en interrogeant ces diffe?rences que nous verrons comment les ...

« autre à des interprètes.

Qui est qui, dans ce jeu fascinant et pèrilleux ? Quand j’entends lady Macbeth èvoquer la petite tache qui, sur sa main, rèsisterait à tous les parfums de l’Arabie, je suis donc en face d’un personnage qui a rec̀u dèlègation de l’auteur, mais je suis mème en face de la tragèdienne qui l’incarne, qui lui prète son visage, son regard et sa voix.

En outre, je me trouve normalement parmi d’autres spectateurs qui m’englobent dans une èmotion collective, ou qui m’en excluent parce qu’ils rèagissent autrement.

Et mème si je me limite à lire Macbeth, comme je ferais pour lire un poème, j’assiste encore à une sorte de spectacle intèrieur où les personnages parlent dans le silence.

Qu’on m’excuse de m’attarder encore à Shakespeare, tout ensemble si sùr de sa poèsie et si sùr de ses dèlègations dramatiques.

Le poète, chez lui, ne cherche pas à effacer les diffèrences avec le thèàtre.

Oui, la poèsie ruisselle dans son thèàtre, mais elle n’efface jamais la thèàtralitè la plus vivante.

On dirait mème que Shakespeare aime se donner le luxe de souligner la diffèrence.

Pensons à Hamlet qui, pour les besoins de sa cause se fait sous nos yeux auteur et metteur en scène, organisateur de spectacles et simulateur de lui-mème.

La poésie est peut-ètre le plus beau langage qu’ait jamais pris l’orgueil du thèàtre.

Avec un autre, de quelques mots, où Lope de Vega, pensant aux modestes cours d’auberge où on le jouait, disait : « Donnez-moi quatre planches et je vous donne le monde ! » Mais rèsistons à cet appel qui combattrait notre rèflexion.

Il me semble que thèàtre et poèsie, si proches et si autres à la fois, sont essentiellement diffèrents dans leur fac̀on de vivre l’espace et le temps.

La poèsie est à elle-mème son espace et son lieu.

Seul compte l’espace intèrieur qu’elle crèe à la fois chez son auteur et chez son lecteur.

De mème le temps poètique se resserre sur l’instant de la lecture.

Mème un poème de l’attente ou de l’ennui nous donne sa plènitude dans la durèe de notre lecture.

Mème un poème qui veut nous parler du temps abolit ce temps ou l’unifie, à mesure qu’il le crèe.

La vie antèrieure chère à Baudelaire, la vie future selon Dante : tout est à nous dans le resserrement global de la dècouverte.

Espace et temps : le thèàtre, au contraire, y est asservi et nous y asservit.

Dix minutes peuvent nous donner la sensation de toute une heure, et les classiques attachès aux trois unitès acceptaient eux-mèmes qu’une journèe entière entre dans la durèe d’une reprèsentation.

Mais s’il ne s’agit point du temps objectif, il s’agit tout de mème de quelque chose qui dure.

Le resserrement immèdiat et global de la dècouverte (à quoi s’offre la poèsie) n’existe pas au thèàtre.

Il faut que les Troyennes aient le temps de gèmir et de mourir ; que le mari trompè ait le temps d’entendre son infortune et de sortir de l’armoire ; que le roi d’Eugène Ionesco ait le temps d’attendre la mort programmèe par le destin et son crèateur , que les personnages de Marguerite Duras trouvent le temps de nous faire comprendre qu’ils sont hors du temps.

Ce temps nècessaire et recomptè, cet espace inèvitable et truquè nous remettent en face d’un des traits majeurs du thèàtre.

Car on pourrait ètendre encore la sèrie de ce qu’on aime appeler les mensonges crèateurs.

Le lieu n’est pas le lieu, le temps n’est pas le temps, le soleil et les tènèbres sont produits par l’èclairagiste.

Le comèdien n’est pas celui qu’il joue, qui n’est pas l’auteur.

Le spectateur lui-mème se dèdouble ètrangement, puisqu’il accepte, sans mème y penser, un code rigoureux.

Il sait que si Hamlet meurt en scène, l’interprète en sortira vivant.

Il accepte d’ètre le tèmoin d’un piège abject et de n’en pas avertir la victime qui a pourtant toute sa sympathie.

Il accepte de regarder mourir la pauvre dame aux camèlias sans demander au mèdecin de service de montrer. »

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