Devoir de Philosophie

RENART Jean : sa vie et son oeuvre

Publié le 01/12/2018

Extrait du document

RENART Jean (début du XIIIe siècle). Avec Jean Renart s’affirme dans le roman médiéval une nouvelle tradition, préparée certes au xiie siècle mais illustrée surtout au XIIIe siècle par Renaut dans Galeran de Bretagne, par Jakemes dans le Roman du châtelain de Coucy et de la dame du Fayel, par Gerbert de Montreuil dans le Roman de la violette, par Philippe de Bcaumanoir dans Jehan et Blonde et dans la Manekine. Quelques grandes caractéristiques permettent de regrouper ces œuvres : la recherche du vraisemblable, voire du réel, dans le choix de la matière; l’art perfectionné des descriptions, plus longues et plus minutieuses; une géographie plus précise; des héros pseudo-historiques (c’est un empereur d’Allemagne qui tient la vedette dans le Roman de la Rose ou de Guillaume de Dole, au milieu de personnages secondaires bien réels, nommément désignés, contemporains de Jean Renart et contemporains entre eux); l’intervention fréquente de l’auteur dans la matière qu’il traite; un intérêt marqué pour la psychologie et les conflits moraux, qui s’expriment dans des dialogues plus proches de la conversation réelle; enfin, une certaine distance à l’égard
 
du sujet — de là, des réflexions humoristiques et malicieuses.
L'insertion de poèmes lyriques
 
Une autre trouvaille de Renart — dont il se flatte — a été, dans Guillaume de Dole, d’entrelacer le texte narratif, sans en rompre la cohérence, de poèmes lyriques appartenant au registre tant popularisant (rondets de carole, chansons de toile, pastourelles) qu’aristocratisant (grands chants courtois français ou provençaux, anonymes ou signés). Citations littéraires dont sont précisés à l’occasion l’origine et les exécutants, ces chansons ont une fonction sociale : rituelles et collectives, elles prennent l’aspect d'un jeu, servent à accueillir un messager, accompagnent une marche, une chevauchée, une danse. Mais surtout, réintroduisant dans le roman, sous un autre mode, les topoi traditionnels de la lyrique courtoise, elles commentent le texte, l’explicitent — et en particulier les sentiments de l’empereur —, établissent un jeu délicat d’oppositions; il semble que ce soient les personnages qui improvisent à leur gré et que nous pénétrions ainsi dans l’intimité de leur être.


« merveilleux, les personnages, les lieux et les exploits ressortissant au monde arthurien, et cela au profit de données empruntées à la réalité matérielle (costume, habitat, alimentation -les repas constituant une part importante de l'œuvre) ou sociale : son univers comporte des représentants de la bourgeoisie, peinte sous un jour favorable; on assiste aux divertissements de la société mondaine (chasse, tournoi, poésie et chant, musique, jeu de dés et d'échecs, plaisirs champêtres) et aux fêtes, à l'occasion de l'accueil d'un haut personnage, d'un mariage et d'un couronnement, dans un extraordinaire déploiement de luxe et de beauté; on suit les différentes étapes du procès fait au sénéchal félon.

A ce réalisme juridique s'ajoute le réalisme géographique -Guil­ latane de Dole se déroule dans la région de Liège et sur le Rhin -et historique : les protagonistes portent des noms de la vic courante; les personnages secondaires sont d'authentiques seigneurs qui ont vécu à la fin du xne siècle et au début du XIII0 siècle en France et en Allemagne.

Un détail réaliste fait le charme de maint passage : un garçon courant avec un lévrier, ou la bulle impériale, scellée d'or, qui suscite l'admiration de Guil­ laume et de ses compagnons, car, inconnue en France, elle était réservée à l'empereur d'Allemagne et à la sei­ gneurie de Venise ...

D'autres scènes sont plus dévelop­ pées : le chambellan de l'empereur sort le heaume de son étui et l'essuie à l'aide d'une serviette; puis le prince prend l'objet et, le tenant par le nasal, le présente à Guillaume ébloui: autant de gestes qui n'ont pas échappé à ce fin observateur qu'était Jean Renart.

S' i 1 reprend un motif stéréotypé comme celui du tour­ noi, il le renouvelle en évoquant l'envers du décor : pré­ paration matérielle de la joute, retour des chevaliers contusionnés et salis, problème des rançons (le mot de prisonniers revient avec insistance).

D'autre part, il tend à désacraliser héros et héroïnes, qui n'accomplissent pas d'extraordinaires prouesses et qui, pour une part, appar­ tiennent à la petite noblesse; il explore d'autres milieux : dans l' Escoufle, Guillaume devient serviteur dans un hôtel de pèlerins, puis fauconnier d'un grand seigneur, tandis qu' Aélis gagne sa vie comme brodeuse.

Ce réalisme aigu peut se charger d'ironie : les tournois sont qualifiés de « mal >>, de .

Renart démythifie la chevalerie, quelquefois vantarde, hypocrite, et même certaines formes de l'amour courtois qui se confondent avec la galanterie.

Toutefois, c'est sans méchanceté, l'air amusé, qu'il dévoile les faiblesses et les ridicule5.

de la société chevaleresque.

La satire politique, en revanche, est plus acerbe: l'empereur Conrad, dans Guillaume de Dole, apparaît comme l'anti­ thèse de Philippe Auguste, qui avait réintroduit dans son armée l'arbalète, arme des lâches, qui se méfiait des grands et recherchait J'amitié de gens de peu, qui impo­ sait de lourds impôts à ses sujets.

Toutefois, C•! réalisme reste tributaire de la tradition courtoise.

Quand Renart décrit la robe de Liénor, dans Guillaume de Dole, il le fait à la manière de Benoît de Sainte-Maure dans le Roman de Troie et de Chrétien de Troyes dans Érec et Énide.

Il prête à ses héros les vertus qui, selon le code courtois, doivent distinguer le parfait chevalier.

D'autre part, Guillaume de Dole, qui est la revanche des chevaliers tournoyeurs, ne nous montre jamais le héro� dans son ascension, face aux obstacles qu'il rencontre : c'est plutôt, comme Michel Zink l'a dit,. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles