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Rhinocéros acte II tableau 2

Publié le 12/03/2012

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Eugène Ionesco (1909-1994) est un auteur dramatique et écrivain roumain et français représentant du théâtre de l'absurde qui a écrit plusieurs romans notamment La Cantatrice chauve, Les Chaises et Rhinocéros.  

Le texte que nous allons étudier est extrait de Rhinocéros, publié en 1959, sans doute une de ses pièces les plus célèbres. Elle est constituée en trois actes, elle met en scène la contamination d’une population par une étrange épidémie de « rhinocérite «. Les habitants sont les uns après les autres transformés en rhinocéros. Cette pièce est généralement interprétée comme une métaphore de la montée du totalitarisme à l’aube de la seconde guerre mondiale.

Nous sommes ici dans le second tableau du premier Acte. Dans ce passage, Bérenger rend visite à Jean pour s’excuser de la dispute de la veille et se réconcilier avec son meilleur ami. Jean semble souffrant : il tousse, se plaint de maux de tête, et plus précisément du front. Mais il refuse de laisser Bérenger appeler un médecin alors que ses symptômes se multiplient : sa peau durcit et verdit, ses allées et venues se font rectilignes et brutales, ses propos violents et décousus. Effectivement, le malade présente les symptômes du rhinocérisme et l’on va voir qu’il va se métamorphoser peu à peu.

« n'est pas si mal que ça ! ", l.

10), des formules tranchantes et définitives (" La nature a ses lois.

La morale estantinaturelle ", l.

20, etc.).

Les exclamations abondent, exprimant la véhémence (" L'humanisme est périmé ! ", l.

38; " Des clichés ! ", l.

40 ; " Des bêtises ! " , l.

41, etc.).

Enfin, les interrogations reflètent elles aussi la tension dudialogue (" Que dites-vous là, cher ami ? ", l.

4 ; " Et pourquoi donc ? ", l.

8 ; " Perdez-vous la tête ? ", l.

43 ; "Comment ? ", l.

48, etc.).

Elles reflètent l'étonnement, le besoin d'explication et finalement l'incompréhension quis'installe entre les deux personnages. B.

Le contraste entre les personnages On note dès le début une discordance de langage entre les deux personnages. D’un coté le ton mondain de Bérenger « je vous en prie », « mon cher Jean » et ses appels répétés à la réflexion («penser », « comprendre », « savoir », « réfléchir ») qui expriment son désir de raisonner Jean grâce à la logique et àl'examen lucide des propos énoncés. De plus, Bérenger exprime sa subjectivité (son avis, son opinion, son point de vue personnel) en utilisant des : - verbes qui expriment un jugement de vérité : « je doute », - verbes qui expriment une opinion : « penser », « croire » - adverbes : « évidement » L’interjection « Voyons » et la locution adverbiale « Tout de même » (mentionné à deux reprises par Bérenger)expriment son impatience et indignation face aux propos insensés de son ami. On observe, par ailleurs, une évolution dans son discours « Il m'est difficile de dire » qui sera succédé àl'affirmation: « Je ne suis pas du tout d'accord avec vous ». Au début de l’acte, Bérenger apparaissait comme quelqu’un d’indécis, alors que dans cette scène il exprime de plusen plus nettement ses convictions. De l’autre coté, Jean parle avec violence et fermeté et en imposes ses idées avec de l’autorité : l’interdiction «Jevous l’interdis absolument », des reproches « Vous voyez le mal partout.» deviennent ensuite des attaques àl'encontre de Bérenger : « vous me racontez des bêtises ». De plus, Jean utilise de nombreuses tournures impersonnelles : « Il faut dépasser la morale », « La nature a seslois..

», « Il faut reconstituer les fondements de notre vie.

II faut retourner à l'intégrité primordiale ».

Elles indiquentsa déshumanisation progressive. Pour finir, les points de suspensions indiquent les interruptions de Jean face aux propos de Bérenger : Bérenger :« Car vous le savez aussi bien que moi, l’Homme… » - Jean, l’interrompant : «L’Homme… Ne prononcez plus cemot ! ».

Cette scène est donc une lutte entre deux langages, celui de Jean tentant d’écraser celui de Bérenger, et celui deBérenger tentant de raisonner son ami. Les relations entre les deux personnages évoluent donc nettement du début à la fin de la scène.

Tout d'abord,ceux-ci, familiers, semblent appartenir à une même communauté humaine, comme en témoignent la formule depolitesse " cher ami " ou les pronoms personnels «nous », « la nôtre » ou encore la certitude de Bérenger qui dit« connaître » les pensées de son interlocuteur (« je vous connais trop bien pour croire cela Les deux « amis » sont donc en totale désaccord. Si nous avons envisagé les contrastes concernant le ton, la psychologie des personnages et leurs propos, il nousreste maintenant à étudier plus précisément leur contenu. Chacun défend en effet une idéologie : Ionesco nous propose donc, par-delà la métamorphose étrange de Jean et ladispute entre ses deux personnages, une réflexion grave et essentielle sur " l'humain ".. »

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