RICCOBONI (Marie-Jeanne Laboras de Mezières, Mme)

RICCOBONI (Marie-Jeanne Laboras de Mezières, Mme), actrice et romancière française (Paris 1713 - id. 1792). Actrice dans des théâtres de société, elle entra au Théâtre-Italien et épousa le fils du directeur, Antonio Riccoboni. Sans grand succès dans sa profession et malheureuse en ménage, elle eut une liaison qui ne la satisfit pas plus. Elle ne se tourna que tardivement vers la littérature et s'abrita d'abord derrière le nom célèbre de Marivaux en imaginant une suite de la Vie de Marianne, puis présenta les Lettres de mistriss Fanni Butler à milord Alfred Caitombridge (1757) et Y Histoire de M. le marquis de Cressy (1758) comme des traductions de l'anglais. Ces romans peuvent être dits féministes dans la mesure où ils peignent la différence psychologique entre la sensibilité féminine et l'indifférence ou l'égoïsme masculin. La femme serait capable d'élans et d'altruisme que l'homme ignorerait. Le succès l'encouragea à publier les Lettres de milady Juliette Catesby (1758), l'Histoire de miss Jenny (1764), les Lettres de la comtesse de Sancerre (1767), les Lettres d'Élisabeth-Sophie de Vallière à Louise-Hortense de Canteleu, son amie (1772), trouvant dans la forme épistolaire la possibilité de faire entendre une authentique voix féminine et d'exprimer des amitiés et des complicités entre femmes. Reconnue dans les milieux intellectuels, elle vit ses romans très lus, tant en France qu'à l'étranger, jusqu'à la Révolution. Elle eut une passion pour un Écossais, Robert Liston, de trente ans son cadet, auquel elle adressa une correspondance enflammée.