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ROBERT DE BLOIS : sa vie et son oeuvre

Publié le 01/12/2018

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ROBERT DE BLOIS (fin du xiiie siècle). Contemporain de Saint Louis, auteur de chansons courtoises (on lui en attribue cinq), d’un roman breton, Beaudous (le fils de Gauvain, épris de Beauté, se lance dans les aventures, joute avec son père sans le reconnaître, est couronné par Arthur), d’un conte d’amour imité d’Ovide, Floris et Lyriopé (les parents de Narcisse), il est surtout connu pour ses petits traités en vers, où il expose le code de la vie courtoise. Ainsi, dans l’Enseignement des princes, constatant les symptômes de la décadence, après avoir longtemps « laissé le rimer », il décide de s’en prendre aux grands : la pièce commence par une exploitation allégorique de l’armure du chevalier, dont chaque élément correspond à une vertu (vers 41-296), passe à une dénonciation des vices de médisance, d’envie, d’orgueil, de la traîtrise des serfs, de l’avarice et de la fausseté (vers 1298-1039) et, après avoir proposé en modèle le roi Arthur (vers 1040-1237), s’achève sur l’éloge de la patience. L'Onor as dames développe l’idée que celui qui ne respecte pas les dames est sans honneur, car Dieu aime les femmes plus que les hommes (il a créé Ève à l’intérieur du paradis, Adam au-dehors, le Christ est lui-même né d’une femme, il s’est d’abord révélé à des femmes après sa résurrection). Ainsi se trouve décrite la position de la femme, source de valeur et de l’art, dans la société courtoise : « Par dame done l’on maint don/Et contrueve mainte chançon/Maint fol en sont devenu saige/Home bas monté en paraige/Hardis en devient main coarz ».

 

Le Chastoiement (« enseignement ») des dames vient offrir des règles précises de conduite pour améliorer moralement les dames aux yeux de l’Eglise et de la société, et rapprocher les individus du modèle idéal. Robert s’explique d'abord sur ses intentions : « C’est livre petit priseront / Dames, s’amandees n’en sont... / Por ce voil je cortoisement / Enseigner les dames cornent / Elles se doivent contenir ». Les préceptes portent sur les domaines les plus divers : il ne faut ni trop parler ni

« trop se taire, il ne faut pas permettre à un homme de mettre la main sur le sein (sauf au mari ...

, d'où l'usage de la broche); seul le mari a le droit d'embrasser; le corps doit être caché, les regards mesurés.

Parmi les vices à éviter, les principaux sont le « tancier » et la « gloutonie >>.Les joues sont-elles trop pâles? Il faut bien déjeuner le matin.

Contre la mauvaise haleine, rien ne vaut les herbes.

Avant de pénétrer dans la maison d'au­ trui, il est bon de tousser pour prévenir.

Il est en revanche fort mal vu de s'essuyer le nez ou la bouche à la nappe.

En amour, la règle d'or est de ne pas céder trop vite ...

Ce mélange hétéroclite de principes généraux et d'indi­ cations de détail manifeste, au-delà d'un pittoresque documentaire sur les mœurs du temps que retiendra sur­ tout Je lecteur moderne, la difficulté qu'il y a à définir une ligne de conduite «courtoise», une « mesure» qui semble menacée d'un côté par les attitudes provocatrices qu'entraînerait une trop grande sociabilité (cf.

les règles sur la pudeur) et de l'autre par l'« orgueil», le refus de l'ouverture à autrui : aussi l'auteur se rabat-il sur des préceptes très précis mais peu signifiants plutôt que de rechercher une voie générale et universellement applica­ ble.

Oo sent aussi, derrière ces déclarations, la méfiance, voire la peur, de la femme, dont certains traits relèvent de la tradition satirique.

BIBLIOGRAPHIE Textes.

-Œuvres complètes, éd.

J.

Ulrich, 3 vol., Berlin, 1889-1895.

A consulter.

-J.H.

Fox, Robert de Blois, son œuvre didactique et narrative.

Étude linguistique et littéraire, thèse, Paris, 1948.

A.

STRUBEL. »

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