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ROBERT DE CLARI : sa vie et son oeuvre

Publié le 01/12/2018

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ROBERT DE CLARI (seconde moitié du xiie siècle -début du XIIIe siècle). Robert de Clari est souvent victime des multiples comparaisons que l’on a faites entre son œuvre et celle de Villehardouin, et qui ont tendance à l’écraser. En effet, autant Villehardouin s’impose à nous par sa forte personnalité, son action constante à la tête de la quatrième croisade, l’importance qu’il y joua, autant Clari se fond dans la masse des croisés. Mais on aurait tort de déprécier son témoignage : c’est un bon échantillon de la petite chevalerie des xiie et xiiie siècles, qui nous permet de pénétrer au cœur du Moyen Age; il nous donne de précieux renseignements, grâce auxquels nous pouvons mieux apprécier les divergences qui opposèrent les croisés.
 
Un humble seigneur picard
 
C’est un petit chevalier sans importance, que Villehardouin ne cite jamais. Lui-même ne se mentionne pas parmi les croisés. Il possédait le fief de Cléry-lès-Pernois (Somme), qui, d’une étendue d’environ 6,5 ha, « était tout juste suffisant à lui valoir le titre de chevalier et certainement insuffisant à le nourrir ». Il participa à la quatrième croisade, qu’il raconte dans une chronique composée de deux parties disproportionnées: les 112 premiers chapitres relatent les faits qui vont de 1198 à 1205 — préparatifs, voyage, prise de Constantinople par deux fois et établissement de l’Empire franc 


« nous donne de précieux renseignements, grâce auxquels nous pouvons mieux apprécier les divergences qui oppo­ sèrent les croisés.

Un humble seigneur picard C'est un petit chevalier sans importance, que Ville­ hardouin ne cite jamais.

Lui-même ne se mentionne pas parmi les croisés.

Il possédait le fief de Cléry-lès-Pernois (Somme), qui, d'une étendue d'environ 6,5 ha, «était tout juste suffisant à lui valoir le titre de chevalier et certainement insuffisant à Je nourrir>>.

Il participa à la quatrième croi :;ade, qu'il raconte dans une chronique composée de deux parties disproportionnées : les 112 premiers chapitres relatent les faits qui vont de 1198 à 1205 -préparatifs, voyage, prise de Constantinople par deux fois et établissement de l'Empire franc-; les sept derniers chapitres vont de la bataille d'Andrinople (1205) à la mort d'Henri Ter de Hainaut (1216): ils sont très brefs, en sorte que l'on peut penser que Clari avait quitté Constantinople vers le milieu de 1205.

Son unique souci semble être de rapporter le vrai sans que des engagements politiques et polémiques viennent le fausser.

Petit chevalier curieux et bavard, vassal de Pierre d'Amiens, dont il partage l'enthousiasme dans les premiers temps de la croisade, mais ignorant les desseins et les accords des chefs, impartial, modeste- même s'il a le sentiment d'avoir participé à une entreprise épique -, partagé entre l'hostilité à l'égard des hérétiques déloyaux et le remords d'avoir commis une injustice, en allant contre Constantinople plutôt qu'à Jérusalem; fortement influencé par la propagande de l'armée croisée, qu'il est incapable d'interpréter, il est doué d'une bonne mémoire visuelle, mais reste à la surface des choses et est gêné par son manque de préparation politique: au total, un homme simple qui démythifie sans le vouloir les grands personnages.

Le porte-parole des petits chevaliers Clari est émerveillé par les beautés de Constantinople, peut-être plus par la richesse des matériaux et des substances; le cas échéant par les vertus thérapeutiques de ces dernières -surtout par la mer, témoin le récit du départ de la flotte pour Zara: pour pallier un vocabulaire limité, il utilise des mots intensifs et les images du four­ millement et de l'embrasement.

A quoi s'ajoute tout ce qui ressortit au merveilleux et à l'exotisme; mais le charme de son récit vient de ce que l'histoire et l'extraor­ dinaire baignent dans un climat de familiarité et de réalisme.

A travers anecdotes, brefs tableaux et petits discours au style direct, transparaît 1' idéal chevaleresque qui détermina la conduite de Clari : préoccupations religieu­ ses et goût pour les actions héroïques -mais les fem­ mes, exclues de la chronique de Villehardouin, ne le sont pas ici.

Son modèle est Pierre de Bracheux, à la pointe du combat lon de la seconde prise de Constantinople, consommant la défaite de l'usurpateur Murzuphle, ren­ dant visite à Johannisse Je Blaque, conquérant son royaume sur les Sarrasins.

Ciari est surtout le porte­ parole des petits chevaliers déçus : il se montre indiffé­ rent à l'égard des Vénitiens, qu'il lui arrive d'admirer pour leur richesse et leurs qualités de marins; méprisant envers les Grecs, qu'il juge traîtres, versatiles et lâches; sévère pour Boniface de Montferrat, cupide et ambitieux, mauvais vassal de l'empereur Baudouin; clouant au pilori les hauts barons, hypocrites, orgueilleux, poussés par la convoitise et l'ambition, traîtres envers leurs com­ pagnons, finalement châtiés par Dieu lors de la défaite d'Andrinople.. »

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