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ROLLINAT Maurice : sa vie et son oeuvre

Publié le 01/12/2018

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ROLLINAT Maurice (1846-1903). Poète baudelairien dans la mouvance décadente, passionné de musique et de chant, Maurice Rollinat est né à Châteauroux, dans le Berry. Son père, François Rollinat, avocat de son métier, avait été représentant du peuple en 1848 : sous son influence, à cause aussi de George Sand, qui était une amie de la famille et sa marraine, Maurice Rollinat prend vite goût à la littérature, à la poésie surtout. Il termine ses études à Châteauroux, obtient son baccalauréat, travaille ensuite chez un avoué de sa ville natale, puis chez deux notaires d'Orléans. Puis sa mère, devenue veuve, l’envoie avec son frère à Paris : là, malgré son nom au bas d’une pétition en faveur de Rossel, il trouve un emploi à la mairie du VIIe arrondissement et partage son temps libre entre ses amitiés, ses amours et la littérature. Rollinat, en effet, qui publie ses premiers poèmes (notamment dans la troisième livraison du Parnasse contemporain), prépare aussi vers cette époque ses deux grands recueils à venir : le premier, Dans les brandes, sera publié en 1877 chez Sandoz et Fischbacher, mais il ne rapportera à son auteur que des dettes. Cette déception est cependant rachetée l’année suivante par un mariage qui semble assurer au poète une certaine sécurité, autant morale que

« matérielle.

Voulant écrire un ouvrage sur Pierre Dupont, Rollinat séjourne à Lyon pendant un an, puis il regagne la capitale.

Tl y fréquente les « Hydropathes », Je Chat­ Noir, le salon de Nina de Villard et se fait connaître : on lui demande de dire ses poèmes, de jouer ses partitions, mais surtout de chanter (par exemple, les poèmes de Baudelaire qu'il a mis en musique).

Rollinat devient une figure célèbre de la jeunesse littéraire, et le grand public le découvre à son tour, lorsque Barbey d' Aurevilly et Albert Wolff font paraître à son sujet des articles dithy­ rambiques.

Adulé, demandé dans tous les salons à la mode.

Rollinat est l'homme du jour, et, lorsque les Névroses paraissent en 1883 chez Charpentier, elles obtiennent un plein succès de curiosité et de scandale.

Quiné bientôt par sa femme.

épuisé également par une maladie nerveuse, attaqué enfin par des critiques qui lui reprochent tantôt son cabotinage, tantôt sa trop proche parenté d'inspiration avec Baudelaire, Rollinat fuit alors Paris pour la Creuse.

11 se réfugie à Fresselines, où il mène une vie apparemment tranquille avec sa nouvelle compagne.

Il publie aussi 1 'Abîme ( 1886), que sui vent Apparitions (1896) et Paysages et paysans (1899)- où continue de se manifester l'inspiration rustique du Livre de la nature (1893), destiné aux enfants.

L'air de la campagne, pourtant, ne guérit pas Rollinat : pauvre, oublié, usé par la vie, ayant perdu sa compagne, il meurt à l'âge de cinquante-sept ans.

La critique retient encore de lui En errant et Ruminations, proses d'un solitaire.

ouvrages parus respectivement en 1903 et 1904.

Rollinat avait assurément le culte de Baudelaire : il l'a déclaré lui-même, et il suffit de feuilleter les Névro­ ses pour y trouver, exacerbés.

poussés au noir, les thèmes des Fleurs du mal: hantises, luxures, effluves, angois­ ses, on trouve là tout 1 'arsenal du baudelairisme, avec ce côté méphistophélique que les contemporains distin­ guaient jusque dans le physique de Rollinat! Délibéré­ ment, il choisit d'apparaître mélancolique, malsain ou macabre, et quelques titres définissent bien cette théma- tique : «les Deux Poitrinaires», «le Magasin de suici­ des>> , « Villanelle du ver de terre», «l'Enterré vif», « le Soliloque de Troppmann ».

Il ne faudrait pourtant pas réduire Rollinat à cet aspect satanÏ!que et morbide, d'autant qu'il se combine chez lui, comme chez la plu­ part des romantiques, avec une certaine distance ironique.

Par cette ironie, Rollinat échappe à cette insincérité qu ·on lui a souvent reprochée et atteint au véritable fan­ tastique : les visions et les visages s'associent comme en rêve et peu à peu conduisent le poète vers le mal, la folie et la mort «dans l'horreur et le mystère».

Incurable­ ment, car c'est bien une maladie, la réalité rollinienne s'altère, se pervertit : les sons deviennent faux à l'oreille, la couleur devient demi-teinte, la chair se corrompt, se fane avant de retourner au néant.

Parfois, pourtant, la beauté résiste à cette universelle dégradation, elle s'im­ mobilise alors, par l'effet d'une sorte de grâce un peu magique; champs de seigle, carrés de légumes, flaques­ miroirs et pacages berrichons sont bien décrits, mais l'exactitude même de cette description semble irréelle : le laid et le beau y disparaissent, comme le bien et le mal, laissant la place à un climat bizarre et quelque peu incongru.

Car ce qui domine, finalement, chez Rollinat, et qu'on peut considérer comme la marque de son uni­ vers, c'est l'étrangeté, présente jusque dans les objets les plus quotidiens, jusque dans les êtres les plus humbles.

qui semblent receler aux yeux du poète un inquiétant secret, une angoisse indicible.

BIBLIOGRAPHfE Textes.

-Œuvres, t.

1 : Da11s le.f brandes, t.

2 : les Névroses, texte établi et présenté parR.

Miannay.

Mi nard,. »

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