Devoir de Philosophie

Romain GARY, La Promesse de l'aube

Publié le 25/02/2011

Extrait du document

gary

(Romain Gary a quitté la Pologne avec sa mère; ils se sont installés à Nice où ils connaissent de graves difficultés financières.) J'étais alors élève de quatrième au lycée de Nice et ma mère avait, à l'Hôtel Négresco, une de ces «vitrines« de couloir où elle exposait les articles que les magasins de luxe lui concédaient; chaque écharpe, chaque ceinture ou chemisette vendue lui rapportait dix pour cent de commission. Parfois, elle pratiquait une petite hausse illicite des prix et mettait la différence dans sa poche. Toute la journée, elle guettait les clients éventuels, fumant nerveusement d'innombrables gauloises, car notre pain quotidien dépendait alors entièrement de ce commerce incertain. Depuis treize ans, déjà, seule, sans mari, [...] elle luttait ainsi courageusement, afin de gagner, chaque mois, ce qu'il nous fallait pour vivre, pour payer le beurre, les souliers, le loyer, les vêtements, le bifteck de midi — ce bifteck qu'elle plaçait chaque jour devant moi dans l'assiette, un peu solennellement, comme le signe même de sa victoire sur l'adversité. Je revenais du lycée et m'attablais devant le plat. Ma mère, debout, me regardait manger avec cet air apaisé des chiennes qui allaitent leurs petits.    Elle refusait d'y toucher elle-même et m'assurait qu'elle n'aimait que les légumes, et que la viande et les graisses lui étaient strictement défendues.    Un jour, quittant la table, j'allai à la cuisine boire un verre d'eau. Ma mère était assise sur un tabouret; elle tenait sur ses genoux la poêle à frire où mon bifteck avait été cuit. Elle en essuyait soigneusement le fond graisseux avec des morceaux de pain qu'elle mangeait ensuite avidement et, malgré son geste rapide pour dissimuler la poêle sous la serviette, je sus soudain, dans un éclair, toute la vérité sur les motifs réels de son régime végétarien.    Romain GARY, La Promesse de l'aube.    sujets au choix    1) Imaginez une suite à ce texte.    2) Le soir, la mère de l'auteur médite sur «l'incident « et sur la pauvreté, brutalement révélée à son enfant.    3) Présentez, en les ordonnant, les sentiments que vous éprouvez à la lecture de ce texte.

gary

« — tantôt les conséquences de cette histoire dans l'esprit de son garçon; — tantôt ce qu'il convient de faire pour sortir de cette situation intenable; — tantôt les explications qu'elle devra fournir pour apaiser les craintes de l'enfant...; — etc. • On vous demande d'imaginer le monologue intérieur, forcément «décousu» de cette mère en proie à millesentiments contradictoires et violents. Sujet 3 • Ne vous contentez pas de commentaires stéréotypés du genre : «L'injustice sociale est ici flagrante, il estscandaleux...

» Non que cette appréciation soit à rejeter, mais parce qu'elle vaudrait pour cent textes différents etqu'elle généralise ce qui doit être ici singulier : le cas précis illustré par Romain Gary. • Vous noterez par exemple : — que l'histoire n'a pas pour cadre le monde ouvrier. — que la misère relative est liée au caractère incertain, irrégulier du commerce auquel se livre la mère du garçon. — que celle-ci met un point d'honneur à ce que son fils ne manque de rien, pour lui-même et aux yeux des autres(souliers, vêtements...). • Vous en tirerez les conclusions qui vous paraîtront s'imposer quant aux personnages, à l'anecdote rapportée etaux idées qu'elle fait naître en vous. • Il ne vous est pas interdit de rapprocher ce texte d'autres exemples, vécus ou non, de prise de conscience par unenfant de certaines difficultés de la vie sociale ou de la vie tout court.

Votre témoignage gagnera en authenticité.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles