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ROMANOS LE MÉLODE

Publié le 18/04/2012

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MAIS Romanos a mené le genre à un sommet insurpassable. Son monde est un monde moralement impeccable, plein de piété, et de reconnaissance envers Dieu. Jésus est la figure idéale, la source de tout bien; l'homme, c'est « l'abomination de la désolation « qui, par une sincère pénitence, par la perfection de son humilité, de sa chasteté et de sa douceur, peut se purifier. Romanos a le coeur pitoyable; il trouve des mots délicats et tendres pour consoler ceux qui ont failli et pour les guider sur la route du salut. Au moyen d'antithèses et de rapprochements lyriques, il rend dramatique la chute de la femme pécheresse ct salue sa résurrection morale...

« ou de deux vers, et un acrostiche qui se prolonge sur tout l'ensemble des strophes.

Krumbacher, au lieu de mille, n'admet que quatre-vingts compositions de Romanos, dont trente ont été publiées jusqu'à ce jour.

Romanos (et certains voient là une influence syrienne) ne suit pas l'ancienne pro­ sodie fondée sur le temps long ou bref des syllabes, mais la prosodie tonique qui dépend de leur accent ou de leur nombre.

Il joint, dans son œuvre hymnographique, une connaissance très pro­ fonde de la foi chrétienne à une fructueuse instruction hébraïque et syrienne.

Enfin il refond tous ces éléments dans sa conscience grecque, pleine de souvenirs classiques.

On range parmi les plus admirables de ses « kontakia »ceux qui se rapportent à la fête de Noël, à l'Epiphanie, à la Passion, à la femme adultère, à Judas, à l'office d'un moine décédé, à Joseph en Eg;ypte, à Abraham, au prophète Elie.

La mère de Dieu, son Immaculée Conception, ses souffrances de mère pendant la Passion divine jouent un très grand rôle dans la poésie de Romanos.

L'ÉTUDE de l'ensemble de son œuvre au point de vue esthétique et formel montre aisément qu'on a eu raison de comparer cet homme à Pindare.

Il a un sens du langage très sûr, une langue claire et pure, débarrassée des archaïsmes pompeux qu'on rencontre chez d'autres hymnographes, ou de concessions triviales au langage vulgaire.

La composition ct l'enchaînement des strophes se déroulent régulièrement et symétriquement, le développement du « mythe » et de la pensée cen­ trale se fait sans entraves.

Suivant en cela les tragiques grecs anciens, Romanos n'innove pas dans l'adaptation du « mythe », excepté pour le « kontakion » relatif à Judas, où la conception du sujet tout entier est d'une remarquable originalité.

Il est naturel, dans une œuvre hymnogra­ phique qui recouvre à peu près le calendrier d'une année liturgique très riche, qu'on n'échappe pas aux clichés et aux répétitions.

Néanmoins, la plupart du temps, Romanos ne se répète pas.

Le caractère principal de sa poésie, c'est l'inépuisable richesse de l'inspiration.

Continuellement, il invente des images, des comparaisons et des métaphores étonnantes, des rapprochements origi­ naux de réflexions et de faits bibliques, parfois jusqu'à la surabondance, jusqu'à l'excès.

C'est un poète majestueux, mais sans emphase.

Son éloquence est pleine d'élévation, de noblesse et de beauté.

Bouvy remarque avec beaucoup d'à-propos : «Saint Romanos est le premier des mélodes par le génie poétique.

Ses œuvres représentent l'hymne liturgique, ou plutôt le drame religieux, dans sa perfection ».

Il est « mystique » en ce qu'il vit toujours dans un commerce étroit avec le surnaturel: les personnages bibliques, les scènes bibliques, les vertus théologales, et aussi la vanité de la vie présente et l'idéal de perfection morale, contemplés par les yeux d'un homme ferme dans sa foi, tel est le cycle où Romanos prend ses thèmes et puise son inspiration.

TEL est souvent son respect de la tradition qu'il lui suffit de paraphraser simplement les textes sacrés.

Mais cette paraphrase elle-même est animée par une inspiration soutenue.

Il se sent le révélateur d'un autre monde, du monde d'en haut, et il communique avec enthousiasme aux fidèles ses visions mystiques, son recueillement vivant.

Ce n'est pas un solitaire : il s'adresse à l'équipage de la nef de l'Eglise, dans une époque où le sentiment religieux fut à son apogée, où les fidèles chantaient le refrain de ses « kontakia » et faisaient leur salut par la parole de l' hymnode.

Son tempé­ rament est celui d'un poète dramatique.

Le « mythe » de ses « kontakia » est développé avec méthode vers leur sommet dramatique.

Il existe une action qui progresse, de la passion et de la souffrance, une continuelle ascension coupée de dialogues qui la rendent plus dramatique.

A ce point de vue, les « kontakia » de Romanos constituent de petits modèles de ces « mystères » qui ont pris un tel développement au moyen âge, en Europe occidentale et centrale.

Ajoutons que le « kontakion » n'est pas une invention de Romanos, qui a imité des modèles plus anciens, surtout ceux de saint Ephrem le Syrien.

2II. »

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