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Ronsard à Marie Stuart

Publié le 13/02/2012

Extrait du document

ronsard

Le jour que vostre voile aux vagues se courba

Et de nos yeux pleurans les vastres desroba,

Ce jour, la mesme voile emporta loin de France

Les Muses qui souloient y faire demeurance

Quand l'heureuse Fortune icy vous arrestoit

Et le sceptre françois entre vos mains estoit.

Comment pourrait chanter la bouche des poètes,

Quand, par vostre départ, les Muses sont muettes?

Tout ce qui est de beau ne se garde longtemps,

Les roses et les lys ne durent qu'un printemps.

Ainsy vostre beauté seulement apparue

Quinze ou seize ans en France est soudain disparue,

Comme on voit d'un esclair s'évanouir le trait,

Et d'elle n'a laissé sinon que le regret,

Sinon le desplaisir qui me remet sans cesse

Au coeur le souvenir d'une telle princesse.

Proclamé de son vivant « Prince des Poètes «, Ronsard ne fut pas moins le « Poète des Princes «. Toutefois dans ces fonctions quasi officielles il n'avilit pas sa muse comme plus tard le fit Malherbe. Il saura donner au jeune Charles IX de sages, voire d'audacieux conseils; il est ici l'interprète de la France entière en exprimant ses regrets à l'infortunée Marie Stuart....

ronsard

« metonymie.

En ce temps-la c'est la partie essentielle...

le moteur...

C'est elle que semble accuser le poke.

Et c'est elle aussi que l'on voit se pencher, s'incliner vers les Hots, sous Ia poussee du vent (courba).

- Remarquons une foil pour toutes l'orthographe archaIque de certains mots : vostre, les vostres, un souvenir du latin, vester, vestrum.

2.

les vostres.

Le souvenir de ces yeux, de ces regards, a longtemps hante Ronsard.

Dans un sonnet, it evoque « Peclair de cet ceil qui n'a point de pareil...

» On dit derober a et non plus de.

Cette preposition marque pourtant plus fortement la separation, l'eloignement; elle est dans le ton du passage. Desroba : des, privatif, rober, vieux francais, apparente A rauben (allemand) ravir, enlever, piller.

D'oa robe (Raub) butin de guerre, vetement pris a la guerre, puis, en general, par extension, vetement long.

Le participe adjectif ici pleurans marque bien un kat, it est done mieux employe que pleurant. equivaut a a en pleurs ».

L'accord du participe present est de regle au xvie siècle.

Remarquons encore dans ce vers la forte inversion qui rejette le verbe a la rime.

3.

Relevons tout d'abord la repetition melancolique des mots jour et voile. L'accusation se precise : non seulement la voile a &robe aux yeux du poste les yeux de la jeune reine, mais, avec elle, - l'inspiratrice - les Muses s'en sont allees, loin de France.

L's de mesme s'explique par le latin metipsimum, lentement transforme.

Les Muses.

C'est Ia seule allusion mythologique renfermee dans ces 16 vers, et nous en savons gre a Ronsard.

Encore est-elle si courante, si discrete, que nous ne la considerons meme pas comme telle.

Le debut du vers forme enjambement avec la fin du precedent.

Bientat Malherbe interdira impitoya- blement cet usage.

La multiplicite des enjambements transforme les vers en prose rimee; mais l'usage raisonne en est parfois tres heureux.

Racine le savait.

- Nous trouvons dans ce vers deux archaismes : souloient, de solere : avoir coutume, souloir en vieux francais.

Celui-ci a disparu de la langue, pent-etre pour eviler des confusions avec le verbe sailer : enivrer. II n'a laisse de trace que dans les adjectifs insolite et insolent : qui sort de l'habituel, de ce qui est recu - qui choque les usages, les convenances, arrogant, orgueilleux par extension.

Oient s'est transforme, au xvirr° siècle, en aient (orthographe voltairienne).

On a conserve les deux formes dans roide et raide.

- Faire demeurance n'est plus employe.

Cette forme corn- plexe, qui s'apparente a avoir souvenance, faire bombance...

ou abstinence, a fait place au verbe simple, demeurer.

On est presque tents de regretter la disparition de cet archalsme.

5.

Fortune signifie alors destin, bon ou mauvais, propice ou contraire. C'est done legitimement que le poke lui accole l'epithete heureuse.

Aujour- d'hui fortune n'a qu'un sens favorable, d'on infortune : absence de ce` secours du destin.

Dans la phrase moderne, heureuse formerait pleonasme. Faut-il voir la une allusion mythologique? et nous representer la Fortune sous les traits d'une femme aux yeux bandes, deversant au hasard sur les humains les tresors contenus dans sa corne d'abondance? Peut-titre.

Mais, comme pour les Muses, l'image est tellement courante qu'on y fait a peine attention.

Le verbe arrestoit est heureusement choisi.

II equivaut A fixait, retenait.

Dans icy, y n'a aucune valeur etymologique.

Le moyen age l'emploie concurremment a i; le xvie siecle le multiplie pour « enjoliver » les mots. 6.

Le sceptre frangois designe la royaute dont Marie kali investie.

En realite ce n'est pas la reine, mais le roi qui porte le sceptre.

Remarquons une nouvelle inversion, motivee probablement par la rime : estoit rejete A la fin du vers.

7.

La grammaire actuelle blamerait la construction de ce vers.

Elle esti- merait - a tort pent-etre - l'interrogation insuffisamment marquee.

Elle dirait : Comment la bouche des poetes pourrait-elle chanter? Sans doute, dans in construction du xvre siecle, chanter semble avoir pour complement bouche; mais l'equivoque est impossible, et cede liberte syntaxique etait legitime. 8.

Quand equivaut ici a puisque; au vers 5, a lorsque, du temps on. Par = a cause de, par suite de.

Depart, de partir = diviser, separer, tran- cher; le prefixe de renforce l'idee de separation, d'eloignement.

Et, dere- chef, les Muses! Entendons : les Muses, navrees par le depart de Marie, leur protectrice, n'inspirent plus les poetes, et ceux-ci se taisent. métonymie.

En ce temps-là c'est la partie essentielle ...

le moteur ...

C'est elle que semble accuser le poète.

Et c'est elle aussi que l'on voit se pencher, s'incliner vers les flots, sous la poussée du vent (courba).- Remarquons une fois pour toutes l'orthographe archaïque de certains mots : vostre, les vostres, un souvenir du latin, vester, vestrum.

2.

les vostres.

Le souvenir de ces yeux, de ces regards, a longtemps hanté Honsard.

Dans un sonnet, il évoque « l'éclair de cet œil qui n'a point de pareil...

» On dit dérober a et non plus de.

Cette préposition marque pourtant plus fortement la séparation, l'éloignement; elle est dans le ton du passage.

Desroba : des, privatif, rober, vieux français, apparenté à rauben (allemand) ravir, enlever, piller.

D'où robe (Raub) butin de guerre, vêtement pris à la guerre, puis, en général, par extension, vêtement long.

Le participe adjectif pleurans marque bien ici un état, il est donc mieux employé que pleurant.

Il équivaut à « en pleurs ».

L'accord du participe présent est de règle au xvi• siècle.

Remarquons encore dans ce vers la forte inversion qui rejette le verbe à la rime.

3.

Relevons tout d'abord la répétition mélancolique des mots jour et voile.

L'accusation se précise : non seulement la voile a dérobé aux yeux du poète les yeux de la jeune reine, mais, avec elle, -l'inspiratrice -les Muses s'en sont allées, loin de France.

L's de mesme s'explique par le latin metipsimum, lentement transformé.

Les Muses.

C'est la seule allusion mythologique renfermée dans ces 16 vers, et nous en savons gré à Ronsard.

Encore est-elle si courante, si discrète, que nous ne la considérons même pas comme telle.

Le début du vers forme enjambement avec la fin du précédent.

Bientôt Malherbe interdira impitoya­ blement cet usage.

La multiplicité des enjambements transforme les vers en prose rimée; mais l'usage raisonné en est parfois très heureux.

Racine le savait.

- Nous trouvons dans ce vers deux archaïsmes : sou/oient, de solere : avoir coutume, souloir en vieux français.

Celui-ci a qisparu de la langue, peut-être pour éviter des confusions avec le verbe soûler : enivrer.

Il n'a laissé de trace que dans les adjectifs insolite et insolent : qui sort de l'habituel, de ce qui est reçu - qui choque les usages, les convenances, arrogant, orgueilleux par extension.

Oient s'est transformé, au xvni• siècle, en aient (orthographe voltairienne).

On a conservé les deux formes dans roide et raide.

-Faire demeurance n'est plus employé.

Cette forme com­ plexe, qui s'apparente à avoir souvenance, faire bombance ...

ou abstinence, a fait place au verbe simple,, demeurer.

On est presque tenté de regretter la disparition de cet archaïsme.

5.

Fortune signifie alors destin, bon ou mauvais, propice ou contraire.

C'est donc légitimement que le poète lui accole l'épithète heureuse.

Aujour­ d'hui fortune n'a qu'un sens favorable, d'où infortune : absence de ce· secours du destin.

Dans la phrase moderne, heureuse formerait pléonasme.

Faut-il voir là une allusion mythologique? et nous représenter la Fortune sous les traits d'une femme aux yeux bandés, déversant au hasard sur les humains les trésors contenus dans sa corne d'abondance? Peut-être.

Mais, comme pour les Muses, l'image est tellement courante qu'on y fait à peine attention.

Le verbe arrestoit est heureusement choisi.

Il équivaut à fixait, retenait.

Dans fey, y n'a aucune valeur étymologique.

Le moyen âge l'emploie concurremment à i; le xvi• siècle le multiplie pour « enjoliver » les mots.

6.

Le sceptre françois désigne la royauté dont Marie était investie.

En réalité ce n'est pas la reine, mais le roi qui porte le sceptre.

Remarquons une nouvelle inversion, motivée probablement par la rime : estoit rejeté à la fin du vers.

7.

La grammaire actuelle blâmerait la construction de ce vers.

Elle esti­ merait - à tort peut-être - l'interrogation insuffisamment marquée.

Elle dirait : Comment la bouche des poètes pourrait-elle chanter? Sans doute, dans la construction du xvi• siècle, chanter semble avoir pour complément bouche; mais l'équivoque est impossible, et cette liberté syntaxique était légitime.

8.

Quand équivaut .ici à puisque; au vers 5, à lorsque, du temps où.

Par = à cause de, par suite de.

Départ, de partir = diviser, séparer, tran­ cher; le préfixe dé renforce l'idée de séparation, d'éloignement.

Et, dere­ chef, les Muses! Entendons : les Muses, navrées par le départ de Marie, leur protectrice, n'inspirent plus les poètes, et ceux-ci se taisent.. »

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