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Rose

Publié le 20/04/2014

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    La tradition de Ronsard, et plus loin encore, la philosophie épicurienne d’Horace ou la pensée d’Héraclite est prolongée dans «  Si tu t’imagines  » à travers plusieurs aspects                               Tout d’abord, on y retrouve la thème de la fuite du temps, le fameux «  pantha reï  » grec  dans des phrases à portée universelle, au présent gnomique  : «  les beaux jours s’en vont  ». L’emploi du futur proche est appuyé à travers un jeu verbal qui s’appuie sur la restitution phonétique d’éléments en langage parlé  : [F3]  «  xa va xa va xa  /va durer toujours  », en les répétant dans la première strophe et la deuxième jusqu’à en faire un matériau musical. L’idée de durée est d’ailleurs renforcée par le fait que le mot «  va  » est répété une fois de plus au vers 21, qui a ainsi un statut d’exception dans le poème  : c’est le seul hexasyllabe du texte.   On peut aussi considérer que l’allongement progressif des strophes exprime lui aussi le passage du temps, d’autant plus que la première (la plus courte) évoque plus la jeunesse, alors que la dernière (la plus longue) évoque la vieillesse.                               Ensuite, Queneau peut nous sembler s’inscrire dans la tradition de Ronsard par la cruauté dont il fait preuve à l’égard de sa muse, la «  fillette  » à laquelle il s’adresse en la tutoyant familièrement. Comme le poème «  Quand vous serez bien vieille  », celui-ci repose sur l’anticipation du vieillissement de la jeune femme. Le terme «  fillette  » insiste sur sa jeunesse. La seconde strophe contient un éloge, sous la forme d’une énumération de ses attraits  : on note des termes valorisants dans chaque expression  : «  mignons  », «  légers  », et des ...

« antithèse avec l'énumération péjorative de la troisième strophe  : les parties du corps-moins nobles- sont cette fois associées à des termes dévalorisants («  ride véloce  »/  »pesante graisse  »/  »menton triplé  »/  »muscle avachi  ») qui traduisent la déformation du corps due à l'âge.

On peut penser à Ronsard, quand il évoque Hélène à travers l'expression «  vieille accroupie  »... Enfin, la tradition de Ronsard est particulièrement reconnaissable dans ce poème, à travers des citations directes de celui-ci  : «  allons cueille cueille/les roses les roses/roses de la vie  » renvoie à «  Cueillez, cueillez votre jeunesse  » qui se trouve dans le célèbre poème de Ronsard «  Mignonne, allons voir si la rose...  », puisqu'on y retrouve même la répétition du verbe cueillir à l'impératif.

De même dans «  Quand vous serez bien vieille  », on trouve la formule très proche  : «  Cueillez dés aujourd'huy les roses de la vie.  » C'est une traduction de la métaphore du poète latin Horace «  carpe diem  », qui signifie «  Cueille le jour  », elle-même reprenant les principes des philosophes épicuriens, préconisant le fait de profiter de l'instant présent.

Les roses, qui sont un motif essentiel de la poésie de Ronsard apparaissent plusieurs fois dans «  Si tu t'imagines  »  ; dans la deuxième strophe il est question de «  ton teint de rose  » qui peut évoquer assez directement «  Mignonne, allons voir  ...  », où on trouve le vers «  Et son teint au votre pareil  », se référant à la rose.

Dans la dernière strophe la métaphore liée aux «  roses de la vie  » est filée  ; Queneau la développe  : «  que leurs pétales/soient la mer étale/ de tous les bonheurs  ». On a donc pu constater que le poème de Queneau s'inscrit dans la droite file des poèmes du «  carpe diem  » et qu'il insiste même sur ses liens avec Ronsard.

Cependant, on peut dire aussi qu'il renouvelle profondément ce genre poétique, puisqu'il mêle au thème tragique de la fuite du temps un registre comique étonnant et novateur.[F5]    En effet, plusieurs éléments contribuent à cette transformation comique de la tradition  : le vocabulaire, le rythme, le mélange des tons...[F6]  Tout d'abord,  à la première lecture, on ne peut qu'être surpris par le registre de vocabulaire parfois familier de Queneau.

Il tutoie sa muse, l'interpelle au moyen d'un diminutif, alors que Ronsard a toujours vouvoyé sa muse.

Le refrain qui intervient à la fin de chaque strophe  : «  ce que tu te goures  » est très familier  : comme il. »

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