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SAGAN (Françoise Quoirez, dite Françoise}

Publié le 10/05/2019

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SAGAN (Françoise Quoirez, dite Françoise}, romancière française (Cajarc 1935). Avec Bonjour tristesse (1954), Françoise Sagan a peut-être eu trop de chance : non pas celle du succès immédiat et immense qui la consacra alors qu'elle n'avait pas vingt ans, mais celle d'avoir aussitôt trouvé, et pour toujours, un univers fictionnel, qu'elle n'a jamais vraiment pu changer ni enrichir. Une chance qui peut devenir encombrante. Un espace d’abord : toujours le même, mondain et artificiel, celui des apparte-ments bon chic bon genre, de la Côte d'Azur où il est entendu qu'on se retrouve l'été, des restaurants et des maisons de campagne, des voitures de sport chères que l'on conduit vite et comme en fermant les yeux. Des personnages ensuite — copiés sur les « patrons » de Fitzgerald (c’est elle qui l'écrit, en 1974, dans Un profil perdu}, psychologiquement s'entend —, des hommes et des femmes qui se promènent, s'occupent au loin de leurs affaires (il faut bien que l'argent leur vienne de quelque part, mais les romans n'insistent pas), se bronzent et s'embrassent, boivent et fument — systématiquement. Le whisky coule dans les gorges des hommes comme dans celles des femmes. Grâce à lui, ils se sentent presque heureux. Quand ils ont bu, ils font l'amour. Presque toujours il y a deux groupes : les jeunes et les vieux (compte tenu de l'époque, on a envie de parler des « croulants »). Mais il ne faut rien exagérer : ces vieux là sont seulement « un peu » vieux. Mûrs autrement dit. L'homme mûr révèle à la trop jeune fille que l'amour ne se fait bien qu’avec les hommes de quarante ans, cyniques, expérimentés, précis dans leur désir mais froidement conscients du néant de leur existence. Oisifs, riches, en général comblés par ces jeunes filles qu'ils fascinent, d'où vient qu'ils soient si désenchantés ? Qu'ils s'ennuient si fort que toute leur énergie soit consacrée à tromper cet ennui qui constitue leur être ?

 

Désenchantement, mal à vivre, mal du siècle : les romans de Fitzgerald disaient la désillusion d'une génération perdue, celle de l'après-Première Guerre mondiale, et la montraient en contraste violent avec la richesse, les facilités d'une classe privilégiée qui ne tirait de son aisance que le temps de regarder complaisamment sa nostalgie et sa fragi lité. Les romans de Sagan n'évoquent pas même la désillusion : pour être désillusionné, encore faut il avoir cru un moment à quelque chose. Aucun des personnages qui passent dans Un certain sourire (1956), Aimez vous Brahms? (1959), les Merveilleux Nuages (1961),

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