Devoir de Philosophie

SAPER L'IDÉOLOGIE DOMINANTE

Publié le 29/03/2015

Extrait du document

Aux yeux de Tel Quel, le roman, on le voit, est bien plus que ce que l'on définit d'ordinaire comme la littérature. Il est en fait le langage de la société, celui dans lequel, sous les apparences d'une simple distraction, elle consigne les valeurs morales, politiques et collectives qui seules lui don­nent sa cohérence. Les romans feignent de raconter une his­toire et nous n'y prêtons pas garde mais, en réalité, et, à notre insu, ils nous imposent une vision du monde, ou plu­tôt ils nous livrent le langage obligé avec lequel nous allons désormais parler le monde, c'est-à-dire le comprendre. Pour utiliser une image qui fut souvent reprise : nous croyons parler mais en réalité nous sommes parlés.

« 82 /Fonctions de la littérature .

8 avec Tel Quel qui se concrétisera dans une série d'articles et d'entretiens.

L'un de ceux-ci - «Réponses à La Nouvelle Critique» - a été reproduit dans Théorie d'ensemble (Seuil, 1968)- un recueil des textes les plus importants et les plus significatifs de Tel Quel.

Les principaux représen­ tants de ce mouvement d'avant-garde y définissent, de manière collective et anonyme, leur position, notamment en ce qui concerne le problème des rapports entre littérature et politique.

Pour Tel Quel, changer la société ne peut aller sans changer la langue par laquelle celle-ci se parle elle-même : «Toute classe institue un mode d'appropriation du lan­ gage.

Pour la bourgeoisie, par exemple, pour le capita­ lisme, c'est la rhétorique, c'est le roman.

Contester le système rhétorique, ou les formes narratives, c'est déjà mettre en cause l'idéologie bourgeoise du monde, la conception bourgeoise du monde.» ....

Fondée en 1960, aux éditions du Seuil, par un groupe de très jeunes écrivains, au nombre desquels Philippe Sollers, Jean-Edern Hallier, Renaud Matignon et Jean-René Hugue­ nin, la revue Tel Quel se caractérisait notamment par un total apolitisme et une volonté de ne se consacrer qu'à la lit­ térature.

La première trace d'une préoccupation politique par laquelle pourrait s'éclairer la citation que nous étudions serait sans doute à chercher dans une conférence prononcée en décembre 1965 par Sollers sous le titre de « Le Roman et l'expérience des limites» et dont le texte est reproduit dans Logiques (Seuil, 1968).

Dans ce texte, Sollers s'attachait essentiellement à dénoncer dans son ensemble l' «establishment» littéraire.

Repoussant à la fois le roman traditionnel et le nouveau roman, il défi­ nissait sa propre esthétique romanesque, celle qui la même année s'était traduite dans son quatrième ouvrage: Drame.

S'interrogeant sur les résistances que rencontre inévitable­ ment toute littérature romanesque novatrice, il développait les analyses suivantes : «LE ROMAN EST LA MANIÈRE DONT CETIE SOCIÉTÉ SE. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles