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scène de la communion, La maison tellier

Publié le 29/09/2013

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Introduction : Guy de Maupassant est un écrivain français du XIXè siècle, auteur de nombreux contes et nouvelles. Aux côtés d' Emile Zola, il fondera le mouvement naturaliste. Dans le recueil manifeste Les soirées de Medan il publie sa première nouvelle, « Boule-de-Suif « en 1879, mettant en scène une prostituée victime d'une conspiration infâme impliquant noblesse, bourgeoisie et clergé. L'observation méticuleuse de la réalité se met ici au service de la dénonciation sociale. Dans « La Maison Tellier «, publiée un an plus tard, Maupassant observe la vie des paysans normands et caricature la petite bourgeoisie provinciale. Avec beaucoup d'ironie, l'auteur raconte la fermeture imprévue d'une maison close, « pour cause de première communion « plongeant les habitués de ces lieux dans le plus profond désarroi?L'absence des « filles «, de deux jours à peine, crée un manque insurmontable révélant la vraie nature de ces messieurs. L'extrait étudié correspond à la cérémonie religieuse. Emues, les prostituées rassemblées sur les bancs de l'Eglise déversent des flots de larmes qui sont comprises par un prêtre extasié comme les signes de la présence de Dieu?(Nous démontrerons que) cette scène peut se lire au premier degré comme une scène de dévotion émouvante. Pourtant, l'ironie constante, l'exagération de certains mots et images trahissent une volonté plus ambiguë de l'auteur. Ne peut-on pas lire cette scène comme une farce ? Plan : 1.Une scène réaliste qui traduit une belle émotion gagnant tous les c?urs des fidèles (lecture naïve) 2.Une farce grotesque qui se moque de l'Eglise ( lecture de l'implicite) Nous allons démontrer dans un premier temps que la cérémonie peut se lire comme une belle scène d'émotion collective offrant une place de choix aux prostituées. Le premier paragraphe met en scène le personnage éploré de Rosa. Un champ lexical abondant traite de la souffrance du personnage qui passe « de larmes discrètes « L.3 « Elle pleure doucement d'abord « à des pleurs beaucoup plus marqués « L.5 : «  cou gonflé « /   « poitrine battante « / « soupirs profonds « « déchirants «. L'auteur crée une sorte de communion entre les prostituées qui pleurent de concert. Les termes sont forts : « abattus « L.8 « gémissaient « « torrents de larmes « Même Madame, connue pour sa dignité et sa retenue, verse des larmes. Dix lignes après les premières larmes, « tout son banc pleurait aussi « L. 11 Maupassant multiplie les images aptes à faire passer les émotions collectives. Le texte est construit sur une gradation qui va largement mettre en valeur l'aspect contagieux des larmes. L. 13 «  Et dans l'Eglise de place en place, une femme, une mère, une soeur « A la ligne 29/30 c'est une foule ébranl...

« pour dire que les filles de joie sont très pieuses, et affirment que leur première qualité est leur possibilité d'avoir conscience de leur propre déchéance.

Les larmes qu'elles versent dans l'église sont celles de la pureté à jamais égarée.

Grâce à la présence des prostituées, les Hommes présents dans l'église se repentent devant Dieu : "Cela passa comme ces coups de vent qui courbent les forêts".

Maupassant crée ainsi une opposition entre la fonction de prostituée en général et leur effet purificateur dans l'église. A un premier niveau de lecture , nous pouvons croire qu’il s’agit d’une scène morale représentant un bel élan de foi.

Cependant, le recours constant aux exagérations nous fait douter de la bienveillance de l’auteur…Cette scène ne peut-elle pas aussi se lire comme une vaste mascarade, pétrie d’ironie ? L’ironie peut se lire dès les premières lignes.

Les manifestations de l’émotion de Rosa sont très disproportionnées.

Maupassant prend soin d’expliciter les souvenirs de la prostituée dans le rythme ternaire.

« Rosa (…) se rappela sa mère, l’église de son village, sa première communion ».

(L.1/2) Les symptômes semblent alors exagérés et ce, dès la ligne 5 : « cou gonflé » « poitrine battante » et sont encore nettement amplifiés par la suite : « râle », « pour ne pas crier » (L.6/7) Le même décalage se lit entre « des souvenances lointaines » ( on imagine des souvenirs lointains, confus) Les femmes versent pourtant des « torrents de larmes » (L.9) Ces attitudes ne sont-elles pas trop exagérées pour être totalement neutres ? Maupassant va également jouer sur le motif de la contagion.

Une telle contagion de larmes est en effet invraisemblable , surtout portée par des hyperboles en relation avec des cataclysmes : « torrents », « feu » , « coups de vent » (L.

9/17/ 29 et 30).

L’auteur accumule les hyperboles « tout son banc pleurait » Prise au premier degré , l’expression est assez comique… L’énumération de la ligne 18/19 montre que tout le monde est pris, même « les jeunes gars en blouse neuve » ce qui est peu crédible.

Maupassant introduit le surnaturel quand il décrit l’esprit divin : le vocabulaire est plus fantastique que sacré « quelque chose de surhumain » « souffle prodigieux » « être invisible » et l’on pense plus à quelque créature surnaturelle qu’à Dieu… La cérémonie apparaît à bien des égards comme une scène de folie collective.

Le champ lexical de la folie ou de la maladie touche tous les personnages : l.29 « une sorte de folie courut » « une rumeur de foule en délire » Les enfants de chœur sont décrits comme des êtres envoûtés : ils « n’avaient plus de pensée » , ils sont « jetés » sur les dalles et « grelottent d’une fièvre divine.

» La dévotion est décrite comme une maladie nerveuse.

Ainsi les fidèles qui reçoivent l’hostie sont décrits avec le champ lexical de la maladie : « spasmes » « grimaces nerveuses » « face pâle » , vocabulaire peu adapté surtout pour aborder le moment le plus sacré de la liturgie : le partage de l’hostie. La fin du texte est une sorte d’ apothéose où culmine l’ironie… Maupassant dépeint un paysage d’apocalypse « Cela passa comme ces coups de vent qui courbent les forêts » En fait, il dépeint la masse des croyants recevant l’hostie…Le curé est décrit comme un personnage en transe « qui reste debout » ( L.

31) au milieu du déluge…Il imagine un miracle et en devient réellement comique ! Dans un contexte débordant d’ironie et de sarcasme, nous pouvons même nous demander si le rythme ternaire pour désigner l’hostie n’est pas foncièrement ironique … » Le vieux curé (…)offrant(…) l’hostie sacrée, le corps du christ, la rédemption du monde.

L’adjonction de « corps du christ » après « hostie sacrée » est ironiquement redondant .

Vu que ce monde- là est « sauvé » par les prostituées, le sens sacré de la rédemption semble également détourné ici …. »

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