Devoir de Philosophie

SÉMIOLOGIE ET SÉMIOTIQUE LITTÉRAIRES.

Publié le 14/10/2018

Extrait du document

SÉMIOLOGIE ET SÉMIOTIQUE LITTÉRAIRES.

 

Mots à la mode, récipient prétentieux où l’on mijote des préparations anciennes? Nouvelle technique, dont les rapports avec les notions de sens, de signe, de communication — toutes indispensables — sont déterminants? Perspective capable de situer la littérature dans tous ses contextes? Moyen capable d’articuler les dimensions de la lecture des textes, depuis l’herméneutique jusqu’au jugement esthétique? Ces possibilités intuitives et contradictoires étant mentionnées, il convient de résumer une situation terminologique.

 

« Sémiologie » et « sémiotique » sont employés le plus souvent sans rigueur, en général l’un pour l’autre. La distinction en est d’ailleurs subtile : chez le seul grand théoricien à utiliser contrastivement les deux termes, Louis Hjelmslev, ils désignent l’objet de savoir, une « sémiotique » étant un système de signes de nature scientifique, répondant au principe d’empirisme, et une « sémiologie » un système de signes non scientifique — par exemple, la littérature; enfin, la discipline, chez le même auteur, est appelée « métasémiotique » ou « méta-sémiologie ». Pour d’autres, qui font louablement la distinction, « sémiologie » concerne les « langages secondaires » qui modèlent une réalité signifiante ultime, et notamment le langage (discours, pratiques sociales, mythes...)? mais pas seulement le langage (systèmes signifiants visuels : peinture, cinéma muet, ballet...); tandis que la « sémiotique » étudie toute communication sociale (le langage n’étant alors qu’un élément parmi d’autres) et plus largement l’« économie » générale des signes et des systèmes qu’ils forment. Telle est la position, par exemple, de Ferruccio Rossi-Landi ou de Umberto Eco dans la Structure absente.

 

Mais une opposition pragmatique plus forte, encore que souvent involontaire, vient recouper ces oppositions de fond : « sémiotique » l’emporte lorsqu’il s’agit de la tradition anglo-saxonne, alors que « sémiologie » marque souvent la descendance saussurienne. Si l’on tient compte enfin des épistémologies spécifiques, on voit à quel point le tableau est complexe. Cela explique, sans l’excuser, que, dans l’usage dominant, les deux termes fonctionnent comme des étiquettes commodes servant à repérer quelques attitudes critiques plus ou moins assimilées au « structuralisme » (ajoutons que, la mode ayant reflué quant à ce dernier, la sémiotique vient redorer mythiquement son blason), ou encore, dans l’hostilité, comme des mots-repoussoirs affichant les méfaits supposés du modernisme snob.

 

Ajoutons enfin que les tenants supposés de ces disciplines, pour peu qu’ils s’hypnotisent sur leurs déceptions, rejoignent parfois ceux qui y sont le plus hostiles, en reniant leur allégeance de naguère et en s’éloignant des cadres intellectuels productifs (jugés trop universitaires) pour s’adonner aux délices de l’« écriture » et au saccage du jardin du savoir.

 

Quoi qu’il en soit, l’une des approches du phénomène et des textes littéraires s’intitule « sémiologique » et/ou « sémiotique ». Cet intitulé, à quoi correspond-il?

 

Postérieur au terme « sémantique » que se partagent dans l’ambiguïté la linguistique, la logique, la philosophie et d’autres usages plus troubles — politique, publicité... —, « sémiologie » est incontestablement d’invention saussurienne. Dans le célèbre Cours de linguistique générale, un passage mille fois cité affirme qu’une partie essentielle de la « psychologie sociale » devrait être une science générale des lois gouvernant les signes et que la linguistique en serait un cas particulier, d’ailleurs le plus avancé.

« contradictoires étant mentionnées, il convient de résumer une situa tion terminolog ique.

«Sémiologie» et «sémiotiq ue» sont em ploy és le plus souvent sans rigueu r, e n général l 'un pour l'autre.

La dist inction en est d'ai lleurs subtile : chez le seul grand théoricien à utiliser con trastivement les deux term es, Louis Hjelmslev, ils désignen t l'objet de savoir, une « sémiotique» étan t un système de signes de nature scientifique, répondant au principe d'empirisme, et une « sémiologie » un système de signes non scientifique - par exemple, la littérature; enfin , la discipli ne, chez le même auteur, est appelée « métasémiotiq u e »ou« méta­ sémiologie».

Pour d'autres, qui font looa blement la dis­ tinction , « sémiologie » concerne les « langages secO!) ­ daires >> qui modèlent une réalité signifiante ultime , et ootammem le langage (disc ours, pratiques sociales, mythes ...

), mais pas seulement le langage (sy stèmes signifiants visuels : peintu r e, cinéma muet, ballet ...

); tan­ dis que la > e t/ou «sémiot ique>>.

Cet intitulé, à quoi cor respond-il? Postérieur au terme «sémantique>> que se partagent dans l'am biguïté l a linguistique , la log i que, la philoso ­ phie et d'autres usages plus troubles- polirique, publi­ cité ...

-, «sémiologie» est inco ntestablement d'inven­ tion saussur ie n ne.

Dans Je célèb re Cours de linguistique générale , un passage mille fois cité affirme qu'u ne partie essentielle de la « psycho logie sociale » devrai t être une science générale des lois gouvernant les signes et que la linguistique en serait un cas particul ier, d'ailleurs le plus avancé.

Cette intuition fit long feu, et ses conséquences ne se développèrent que récemment.

Pourtant, l'étude philoso ­ phique du signe et des systèmes signif iants, celle de la communication aussi, était une trè s vieille affaire : celle des s toïciens grecs aprè s Aristote, puis celle de sai n t Aug u stin, po ur ne parler que de l'antiquité o ccidentale -e t l'o n peut remonter aux présocratiq ues.

Le premier moderne à trouver un mot po ur ce vaste domaine fut Locke, qui, dans son Essai sur l 'e ntendement humain , classe les connaissances rationnelles en une Physique ou connaissa nce de la nature, une Pratique, con naissance des valeurs ou morale, et une Semeiotikê, dont l'objet est le même que celui de la logique , c'es t-à- dire les signe s des id ées .

A part d e rare s excep tions, au XIXe siècle, et la réflex i on essentielle de quelques grands phi losophes, dont Hu sserl- en attendant Heidegger- , c'est l' Amé­ ricain Charles Sanders Peirce, philosophe , logicien, ép is­ témologue, homme de science et moraliste de premier plan, qui promut l e terme et qui fit exister son contenu par une masse impressionnan te de textes fondateurs, mal perçus avant Charle s Morris , lequel influença fortement les logiciens issus du «cercle de Vienne >> (C arnap en tête) et les linguistes antimentalistes, à com menc er par Bloomfield.

T out cela n'intéresse que virtue lleme nt la littér ature: la «sémiologi e» d e Saussure n'était qu 'un p r ojet, la «sé miotique» de Peirce est une théorie générale, phil o­ sop hique, - comme l'est la phénoméno logie husser ­ l ienne, sa quasi -contemporain e.

L e tab leau ne se mod ifie pas avant les années 60 .

Auparavant, il est vrai, Eric Buyssens avait redécouvert et orienté le co ncept saussurien -il sera suivi par Prieto, par Georges Mounin - : cette «sé miologie» est le fait ùe lin guis t es fonctionnalistes ct veut se borner aux sig nes volontairement produits dans l'intention de communi­ quer.

Sémiologie de la communication, elle rejette dans 1 'asc ientifique tous les efforts pour maîtrise r la >, et parmi elles, outre les rites, pro tocoles et spect acles a u xq u els Barthes fait expliciteme nt allusio n, fig urent évid e mme nt l es littératures .

Cette « sémiologie » - liée par certains à une concep­ tion unissant lang age , in conscient et soc iété (le fameux am algame : Saussure , Freud , Marx) -refuse par consé­ quent le domaine extra-humain, qui se construi t tou t entier hors l angage.

ll en va de même pour la « sémioti­ que>~ ép istémologiqu e et critique, telle que la conçoit Julia Kr isteva, dont les travaux sur l'origine du roman er sur la « révolution du langage poétiq ue » (autour de Mallarmé) fon t date.

Ce tte « sémi otique » est très proche de la. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles