SUARÈS André
Publié le 14/10/2018
Extrait du document
«
grandes œuvres : ce lles des peintr es (Véronèse, Rem b randt.
..
), des m usiciens (Wag ner, Deb ussy ...
), et surtout des écrivains (Cervant ès, Pasc al , Chateaubriand, Goethe, Bau del aire, Nietzsche , Do sto lev ski, T ols toï ...
); Sai nte Beuve, invente ur e n Fran ce du «po r tra it litté rai re», en avait fait une enve lopp ant e caresse, une sédu isan te qu ê te élégiaque, destinée s à capt.er 1 'int imité et l'ipséité du mod èle: à cette attitude an ci ll air e de l'âme seco nd e s'o ppose l'ab rupt e a gressivité de Su arès, qui em brasse ct déc hire, aime et hait à la fois.
Ainsi sur Goethe :
Que d'efforts dans toute cett e facilltél Que de lou rde com· plaisance à soi-mêmel Et parfois de do ctoral e nia i serie dans ce rire béat!
Un ce rta in acce nt
L 'obsess ion du néant cerne la pens ée de Suarès : les poèmes recueilli s dans le B ouclier du.
zodiaque chantent un désir éperdu d'amour cosm iq u e: « Je consumerai la matière dans l'ardeur d'une prés ence immort elle.
Aux ce ndre s de l'athanor et d e raffreu se é pai sseur , je cherc herai le grain d'un e éte rnelle certitude ».
Mais à
c es é lans - qui rappellent, sur un m ode tragique , ceux des Nourritu res ter res tres de Gi de - ne répo nde nt qu e la mort et le deuil de toute joie : «Je me coucha is s ur le na n c de l a terre , je la bai sais [ ...
).
Et voici qu 'au réveil rna femme sent ténébreu sement la mort ».
Ce nihili sme n'épargne ni les religions co nstit uée s, ni les illusions politiques, ni l'évent ail des p oses littéra ire s (la sentimen talité romantique, le verba li s m e sy mboli s te ...
); il débou ch e su r ce co nstat: « Je d o ute passionném e nt , c' est m a na lUre; et j'a i la passion de vi v re.
Quelle co ntradi ction! >) La communion avec ceux qui ex hau sse nt la vie à u ne
plei ne et universell e signification; l'écri ture d'un é lan vers J'Être, d'un salut par l'art, voilà qui sert à Suarè s d e
foi et de religion : en ce cu lte du surh o mme, de la forme belle imposée à la troub le obscuri té de l'existe nce, se retrouvent bie n des th èm es et des acce nts ni etzschéen s, tra nsfi gurés par une my sti que de l'intuition et d e l'émo tion q ui emprunte beau coup à Ber gso n (Valeurs , 1936).
L 'effo rt pour éch app er à l'inanité d'un mo i rédui t à la
p ure indivi dualit é ne va pas sans une gra ndiloq uence véhémente, une fébrilité he urt ée, qui lassent, e t laisse nt
u n e impressio n d 'artifice: la lito te gi dienne , la majesté fluvia le de Claudel , le calme océa nique de Saint- Jo hn Pe rse nous ont hab itué s, au sortir du symb olisme, à u n style plu s discret, mo ins enti ché d'eff ets paro xy s ti ques e t
d 'épanchemen t s he urt és.
Mai s e n ces vol umes brû lants, voués au déchiffrement du gé nie, à la méditatio n sur l e monde et sur l'art , au voyage intérieu r , c t r iches en ima ges justes, en ap ho ri s me s brilla n ts, reten tissen t d es acco rds anachroni ques et tout à fai t si n guliers dan s la littérature du x-xe siècle : a d miration é p erdue des in ter cesse urs , amour charnel de la beauté, héroïsme égotis te d'u n d éfi j eté a u x com promiss io ns et aux dém issions modernes .
BIBLIOGRAPHIE Œuvres .
-La plup art des œuvre s de Suar ès furent éditée s chez Émi le-Paul, Gallimard et Gras~et.
Restent disponibl es aujou r d.hui : H élè ne chez Archim èd e, Pari s, Gallimard, 1949; Mar sih o (Paris, 1933), Paris, Laffitte Reprints , 1977; Minos et Pasiphaé.
Paris, la Table rond e, 1950; Trois Hom m es (P ascal, Ib sen, D os· tor evs ki), Paris , Gallimard.
1976; Voici l'homme, Paris , Albin Mi chel, 1948 ; Caprices, lettres modernes, 1977; /~Voyage du condouiere, Paris, Granit, 1985; Musiciens (1931), ibid ..
1986; Âmes et Visages, G allimard, 1990 et 1991; Vues sur l'Euro pe, Grnss et, 1991.
En o utre ont été publiées des correspondances : Correspondance
S uar ès-Cla udel, publiée par R obert Mallet, Pari s.
Galli mard ,
1951; Ce tte éîme arden te [ ..
.
], c ho ix de le ttres de Suarès à R om ain Rolland, publié par Pierre Slprio t, Paris, Albin Michel ,
1 954; Correspondan ce Su arils-P ég u y, publi ée p:lr Alfr ed
2388
Saffre y, Paris, Albin Michel , 1961: Corres pondarr ce Gide
Sua rès, publiée par Sidney D.
Braun , Paris, Gallimard, 196 3.
Étud es.- Marcel Dictschy.
le Cas Andri S uarès, Neuchâtel, la Bacon n iè re , 1967: Yves-Alain Favre, Raver ie et grandeur dans la poésie de SIUl rès, P aris, Mino re).
1973; id ., la Recherche de la
grandeu r dans l'œuv re de Suaris, Pari s, Klincksie ck , 1978; Robert Parienté, Andd Suar ~s l'insurgé.
éd.
F .
Bour in, 1990.
Trois numéros de la Revue des le u res modernes (P aris, Minard) sont consacrés à Suarès : en 1973, An dré Suarè s et le symbolisme (n° 346 -35 0), en 1977, Suar~s et l'Allemagne ( n ° 484-490) , et en 1983, l'Univers mythique d' l111dré Suar ès (n° 682-687), t extes réunis et présentés par Yves-Alain Favre.
V oir, à la fm d u second de ces volumes (p .
191 -199) , une bib li ographie portant sur les années 1968-1975.
Voir auss i les revues lmerfé rences, 14,juill.· déc.1981,etSud, Xll .4 3,l982..
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