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SURRÉALISME ET LITTERATURE

Publié le 19/05/2019

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éternel de sa dimension purement historique. Ses antécédents vont du roman noir anglais au romantisme allemand, mêlant Sade, Fourier et Freud, « les grands émancipateurs du désir ». Les surréalistes vouent un culte à Nerval, qui les avait précédés sur la voie du « suma turalisme », ainsi qu'à Rimbaud, Lautréamont et Jarry. Plus proches d'eux, ils reconnaissent l'influence d'Apollinaire, de Reverdy, de De Chirico et de Picasso. Mais c'est la personnalité brisante de Jacques Vaché qui détourna Breton de l'aventure littéraire (« Vaché est surréaliste en moi », Manifeste de 1924); Tzara et Dada accouchent le surréalisme dans la violence. Celui-ci cristallise la seconde crise de la conscience européenne, après le grand bouleversement du xviiie s. À la logique cartésienne ( « La logique : on y est volé comme dans un bois », Aragon) il substitue la mentalité magique, exaltant la liberté des fous, des enfants, des primitifs, intégrant les discours scientifiques du temps : théorie de la relativité, psychanalyse, marxisme, explorant le continent noir de l'inconscient. Ce faisant, il trace les lignes de force d'un nouvel humanisme, s'efforçant de réconcilier l’homme avec lui-même et avec la société, postulant une morale nouvelle, fondée sur la trilogie « Liberté, Amour, Poésie ». Révisant l'expression humaine sous toutes ses formes, le surréalisme s'emploie à « refaire l'entendement humain «Jugeant de la qualification morale de chacun avant d’apprécier le talent artistique, recherchant une mise en commun des forces individuelles dans le groupe. Luttant contre les institutions et les vérités d'établissement, le surréalisme n'a pu s'imposer qu'en recréant les règles minimales de l'institution, ce qui explique les rappro chements et les exclusions dont son histoire est marquée, tout en faisant prévaloir les valeurs de la confusion, du mouvement, de l'inachèvement.

 

Vers une morale nouvelle, le surréalisme rencontre le problème de l'action, de l'art comme pratique révolutionnaire, de l'Amour comme impératif absolu. En germe dès la publication des Champs

 

magnétiques de Breton et Soupault (1919), le surréalisme porte l'empreinte de Dada, auquel ses fondateurs se sont adonnés en toute sincérité. D'où une constante oscillation entre la révolte et le suicide. La révolte s'imposait après l'horrible carnage de 1914-1918 et le bourrage de crâne qui l'accompagnait. Le doute, le dégoût se mêlaient à la volonté de destruction radicale que Dada incarna. Mais, du même mouvement, apparaissaient la volonté du refus et la tentation du suicide, à l'exemple de Jacques Vaché, de Rigaut ou, plus tard, de Crevel. Dès son premier numéro, la Révolution surréaliste interrogeait : « Le suicide est-il une solution ? » La question n'avait rien de littéraire. Sur le même plan, le surréalisme ne craint pas « de se faire un dogme de la révolte absolue », parce qu'au fond il ambitionne de « changer la vie » selon le mot d'ordre de Rimbaud.

 

Rompant avec l'ordre social établi, le surréalisme se manifeste, d'emblée, par des scandales, accompagnés de pamphlets : Un cadavre à la mort d'Anatole France ; une lettre ouverte à Claudel ; une manifestation violente lors du banquet en l'honneur de Saint-Pol-Roux. Aux valeurs de l'Occident, les surréalistes (dont Artaud en 1925) opposent un Orient mythique, fustigent les universités, la justice, l'armée, exigeant la dispariton des prisons et des asiles [la Révolution surréaliste, n° 3, 1925). Artaud, Péret, Crevel s'en prennent à la religion et à Dieu qu'ils vomissent. (Mais, de tous, Péret est sans doute le plus anticlérical.)

 

Cependant le mouvement, sollicité d'agir concrètement, se défie d'abord de l'action politique « La révolution russe ? Vous ne m'empêcherez pas de hausser les épaules. À l'échelle des idées, c’est au plus une vague crise ministérielle », déclarait Aragon dans Traité du style; puis la guerre du Rif, qu'ils condamnent, rapproche les surréalistes du groupe Clarté et du parti communiste. Dans la Révolution et les Intellectuels (1926), Pierre Naville somme ses amis de dépasser le plan moral et d'adhérer au P. C. D'accord sur le principe, Breton,

SURRÉALISME. Ce mouvement littéraire a été défini à plusieurs reprises par celui qui l’a incarné de bout en bout et a pris figure de chef, André Breton, et tout particulièrement, dans le Manifeste du surréalisme de 1924, sous la forme d'un article de dictionnaire : « Surréalisme, n. m. Automatisme psychique pur, par lequel on se propose d'exprimer, soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée. Dictée de la pensée, en l’absence de tout contrôle exercé par la raison, en dehors de toute préoccupation esthétique ou morale. Encycl. Philos. Le surréalisme repose sur la croyance à la réalité supérieure de certaines formes d'associations négligées jusqu'à lui, à la toute-puissance du rêve, au jeu désintéressé de la pensée. Il tend à ruiner définitivement tous les autres mécanismes psychiques et à se substituer à eux dans la résolution des principaux problèmes de la vie. »

 

D'abord entreprise philosophique visant à la connaissance de la pensée grâce à l'automatisme psychologique, le surréalisme a évolué en affirmant son adhésion au principe du matérialisme dialectique, et simultanément, en recherchant un monisme philosophique qui le plaçait dans le droit fil de la tradition ésotérique : « Tout porte à croire qu'il existe un certain point de l'esprit d'où la vie et la mort, le réel et l'imaginaire, le passé et le futur, le communicable et l'incommunicable, le haut et le bas cessent d'être perçus contradictoirement. C’est en vain qu’on chercherait à l'activité surréaliste un autre mobile que l'espoir de détermination de ce point » (A. Breton, Deuxième Manifeste, 1929). Confondant la poésie avec la question fondamentale de l'être, le surréalisme se veut en perpétuel dépassement, distinguant le surréalisme

« éternel de sa dimension purement his to ­ rique.

Ses antécé dent s vont du roman noir anglais au romantisme alleman d, mêlant Sade, Fourier et Freud.

« les grands émanc ipa teurs du désir>> .

Les surréalistes vouent un culte à Nerval, qui les avait pré cé dé s sur la voie du « surna ­ turalisme », ainsi qu'à Rimbaud, Lau­ tréamont et Jarry.

Plus proc hes d'eux, ils reconnaissent l'influence d' Apolli­ naire, de Reverdy.

de De Chirico et de Picasso.

Mais c'est la personnalité bri­ sante de Jacques Vaché qui détourna B re ton de l'aventure littéraire ( « Vaché est s urréali ste en moi ».

Manifeste do 1924); Tzara et Dada accouchent le surréalisme dans la violence.

Celui-ci cristallise la seconde crise de la conscience euro pée nn e.

après le grand bouleversement du xvm• s.

A la logique cartésienne ( « La logique ! on y est volé comme dans un bois ».Aragon) il substi­ tue la mentalité magique, exaltant la liberté des fous.

des enfants, des primi ­ ti fs , intégrant les discours scientifiqu es du temps : théorie de la relativité, psychanalyse, marxisme, explorant le continent noir de l'inconscient.

Ce fai­ sant, il trace les lignes de force d'un nouvel humanisme, s'efforçant de réconcilier l'homm e avec lui-même et avec la société, postulant une morale nouvelle, fondée sur la tril ogie « Liberté, Amour, Poésie».

Révi san t l'e xp res s ion humaine sous toutes ses formes.

le surréalisme s'emploie à « refaire l'en­ tendement humain ».jugeant de la qua­ lification morale de chacun avant d'ap­ précier le talent artistique, recherchant une mise en commun des forces indiv i­ duelles dans le groupe.

Luttant contre les institutions et les vérités d'établisse­ ment.

le surréalisme n'a pu s'imposer qu'en recréant les règles minimales de l'institution, ce qui explique les rappro ­ chements et les ex clu sions dont son histoire est marquée, tout en faisant pré val oir les valeurs de la confusion, du mouvement, de l'inachèvement.

Vers une morale nouvelle, le surréa­ lisme rencontre le problème de l'action, de l'art comme pratique révolutionnaire, de l'Amour comme impératif absolu.

En germe dès la publication des Champs magnétiques de Breton et Soupa ult (1919), le surréalisme porte l'empreinte de Dada, auquel ses fondateurs se sont adonnés en toute sinc éri té .

D'où une constante oscillation entre la rèvolte et le suicide.

La révolte s'imposait après l'horrible carnage de 1914-1918 et le bourrage de crâne qui l'acco mpagn ait.

Le do ute, le dégoOt se mêlaient à la volonté de destruction radicale que Dada incarna.

Mais, du même mouvement.

a ppar aissaient la volonté du refus et la tentation du suicide, à l'exemple de Jacques Vaché.

de Rigaut ou.

plu s tard, de Cre vel.

Dès son prerr.ier numéro, la Révolution surréaliste interrogeait:. »

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