texte 1 - Molière, Le bourgeois gentilhomme, 1670 - comm linéaire

« Texte 1 – Molière, Le Bourgeois Gentilhomme, 1670 Texte Acte V, Scène V Lucile, Monsieur Jourdain, Dorante, Dorimène, etc. 1 MONSIEUR JOURDAIN : Venez, ma fille, approchez-vous, et venez donner votre main à Monsieur, qui vous fait l’honneur de vous demander en mariage. LUCILE : Comment, mon père, comme vous voilà fait ! est-ce une comédie que vous jouez ? MONSIEUR JOURDAIN : Non, non, ce n’est pas une comédie, c’est une affaire fort sérieuse, et 5 la plus pleine d’honneur pour vous qui se peut souhaiter.

Voilà le mari que je vous donne. LUCILE : À moi, mon père ? MONSIEUR JOURDAIN : Oui, à vous : allons, touchez-lui dans la main, et rendez grâce au Ciel de votre bonheur. LUCILE : Je ne veux point me marier. 10 MONSIEUR JOURDAIN : Je le veux, moi qui suis votre père. LUCILE : Je n’en ferai rien. MONSIEUR JOURDAIN : Ah ! que de bruit ! Allons, vous dis-je.

Çà votre main. LUCILE : Non, mon père, je vous l’ai dit, il n’est point de pouvoir qui me puisse obliger à prendre un autre mari que Cléonte ; et je me résoudrai plutôt à toutes les extrémités, que de… 15 (Reconnaissant Cléonte.) il est vrai que vous êtes mon père, je vous dois entière obéissance, et c’est à vous à disposer de moi selon vos volontés. MONSIEUR JOURDAIN : Ah ! je suis ravi de vous voir si promptement revenue dans votre 18 devoir, et voilà qui me plaît, d’avoir une fille obéissante. Molière, Le Bourgeois Gentilhomme, V, 5, 1670 Commentaire linéaire ( épreuve orale) Dès 1660, Molière est influent à la cour.

Quand, en novembre 1669, Louis XIV se sent insulté par Soliman Aga, ambassadeur du sultan de l'Empire ottoman, Mehmed IV, c’est au dramaturge qu’il demande de le venger.

Molière écrit alors une pièce qui tourne en dérision les Turcs en les caricaturant.

Sa pièce a donc une fonction politique appuyée, que tous les spectateurs ont comprise lors de sa représentation.

Elle a également une fonction sociale, puisque l’écrivain a profité de cette tribune pour critiquer les courtisans qui entourent le roi, en choisissant pour personnage un « bourgeois » qui, comme eux, veut être « gentilhomme », c’est-à-dire noble et influent, dans une débauche de moyens.

Mais le génie de Molière a été de faire de cette petite revanche un chef d’œuvre théâtral : il ne crée pas une simple caricature, mais une « comédie-ballet », en collaboration avec son ami, le compositeur italien Lully.

C’est un spectacle total, qui réunit tous les arts appréciés par le roi : la musique, le chant, la danse, la mode, avec de riches costumes, le jeu des farceurs et bien sûr le texte d’un grand écrivain.

Il serait donc intéressant d’étudier comment ce spectacle, propre à la « comédieballet », fonctionne et atteint ses buts critiques.

Nous étudierons pour cela le dénouement de la pièce, à la scène 5 de l’acte V : le jeune Cléonte veut épouser la belle Lucile.

Mais son père, M.

Jourdain, s’y oppose car il veut que son gendre soit « gentilhomme » et Cléonte ne l’est pas.

Sur une idée de son valet Covielle, il se déguise donc en « fils du. »