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THIERRY Jacques Nicolas Augustin (vie et oeuvre)

Publié le 08/11/2018

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THIERRY Jacques Nicolas Augustin (1795-1856). « Pharamond, Pharamond » : le nom d\\\\\\'Augustin Thierry fait aussitôt remonter cette rauque antienne du chant que Chateaubriand met dans la bouche des Francs. A vide de lire les Martyrs, le jeune Augustin s\\'est dérobé à la promenade du collège de Blois. Ébranlé pour toujours par l\\\\\\'émerveillement des évocations qu\\\\\\'il y lit, le voilà dédié à l\\\\\\'Histoire. L\\\\\\'anecdote est forte de trois indications significatives : l\\\\\\'élan intellectuel de l\\\\\\'historien capital que va devenir Thierry prend sa source dans un envoûtement littéraire; l\\\\\\'attention vétilleuse portée au romantisme des noms et à leur orthographe restituée est un de ses traits marquants; enfin, l\\\\\\'homme est tout de passion et d\\\\\\'enthousiasme, et tant la forme de son œuvre que le sens qu\\\\\\'elle prend dans une vie qu\\\\\\'on dirait aujourd\\\\\\'hui « engagée » sont empreints de ce caractère.

 

La pensée de Saint-Simon, dont, avant Auguste Comte, il devient secrétaire et \\\\\\\"fils adoptif\\\\\\\" de 1814 à 1817, retient la générosité inventive du jeune et très brillant normalien. D\\\\\\'emblée, il se porte au premier rang des libéraux rebutés par la Restauration, qu\\\\\\'il vilipende de 1817 à 1820 dans le Censeur européen le titre du journal sied fort bien à sa double posture intellectuelle.

 

Ce visionnaire des épopées de jadis, ce prédicateur d\\\\\\'une réorganisation de la société européenne (avec Saint-Simon, 1814) s\\\\\\'impatiente des ornières dans lesquelles est tombé le débat politique et entend régler quelques problèmes théoriques majeurs en cherchant dans les origines les arguments décisifs.

 

En 1817, préoccupé d\\\\\\'un vif désir de contribuer pour ma part au triomphe des opinions constitutionnelles, je me mis à chercher dans les livres d\\\\\\'histoire des preuves et des arguments à l\\\\\\'appui de mes croyances politiques. En me livrant à ce travail avec toute l\\\\\\'ardeur de la jeunesse, je m\\\\\\'aperçus bientôt que l\\\\\\'histoire me plaisait pour elle même, comme tableau du temps passé, et indépendamment des inductions que j\\\\\\'en tirais pour le présent. Sans cesser de subordonner les faits à l\\\\\\'usage que je voulais en faire, je les observais avec curiosité, même lorsqu\\\\\\'ils ne prouvaient rien pour la cause que j\\\\\\'espérais servir; et toutes les fois qu\\\\\\'un personnage ou un événement du Moyen Âge me présentait un peu de vie ou de couleur locale, je ressen tais une émotion involontaire. Cette épreuve, souvent répé tée, ne tarda pas à bouleverser mes idées en littérature.

 

 

 

Ainsi est-il conduit dès 1825 il a trente ans à publier l\\\\\\'Histoire de la conquête de l\\\\\\'Angleterre par les Normands, chef-d\\\\\\'œuvre littéraire qui développe en outre, en pleine lumière, l\\\\\\'interprétation libérale de la théorie des races. La qualité littéraire du récit, dont Augustin Thierry fait l\\\\\\'un des atouts les plus sûrs du genre historique, vaut à cet ouvrage un succès immédiat. Ce qu\\\\\\'il incombe à l\\\\\\'histoire d\\\\\\'apporter de capital, selon Thierry, à la méditation de ses contemporains, c\\\\\\'est le vrai. Dans un univers littéraire torturé par les contorsions les plus extravagantes de la fiction le romantisme tâtonne encore , au cœur d\\\\\\'un débat politique vicié par le mensonge ou la dissimulation, l\\\\\\'histoire est une lice où faire triompher le vrai. Le vrai, c\\\\\\'est-à-dire sans doute la véracité factuelle, la vérification documentaire, la véridicité des épisodes la vérité scientifique, en un mot, des assertions; et Thierry, grand lecteur et archiviste rigoureux, ne cessera de rétablir, redresser, corriger les leçons retenues avant lui. Mais c\\\\\\'est aussi et surtout la vraisemblance, la plénitude et l\\\\\\'exactitude à la fois, de 1\\\\\\' imaginaire suscité par le récit. Ce n\\\\\\'est pas tout que de raconter correctement, il faut aussi restituer, rendre à sa sauvage identité un monde qui ne saurait rien emprunter du nôtre.

 

A mesure que j\\\\\\'avançais dans la lecture [des chroniques d\\\\\\'époque], a la vive impression que me causait la peinture contemporaine des hommes et des choses de notre vieille histoire se joignait un sourd mouvement de colère contre les écrivains modernes, qui, loin de reproduire fidèlement ce spectacle, avaient travesti les faits, dénaturé les caractè res, imposé à tout une couleur fausse ou indécise.

 

\\\\\\\"Peinture\\\\\\\" est le mot favori de cet aveugle précoce (dès 1833) pour qui la richesse et la chaleur de l\\\\\\'écriture participent de la même exigence que la rigueur scientifique, dont il fut, pour sa génération et un cercle d\\\\\\'élèves, le premier maître. Toute son œuvre s\\\\\\'ordonne autour de cette passion du vrai. Amené au Moyen Âge par le courant romantique qui en fait une ère d\\\\\\'authenticité, de stabilité, à opposer aux troubles récents aussi bien qu\\\\\\'aux fadeurs contemporaines - qu\\\\\\'on songe à Mathilde de La Mole, rêvant de vivre sous Henri III , cette passion du vrai l\\\\\\'amène à en retourner toutes les parures conventionnelles. Non, la France médiévale n\\\\\\'était pas l\\\\\\'embryon de la grande nation, mais l\\\\\\'espace mouvant du parcours belliqueux de peuples divers, la frontière d\\\\\\'une lutte entre Celtes romanisés et Barbares germains, le champ clos qe querelles dynastiques enchevêtrées.

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« Or c'est peut-être, au contraire, par la con jonction des deux puissances métaphori ques d'un style témoignant pour l'empire de l'intelligence et d'une philoso phie dis ant que l'histoire, habitée et mue par des énergi es agonis tiques, n'est pas passive, que Thierry est au pre­ mier chef histor ien.

Sans doute la science moderne peut­ elle négliger ses livres, et ses théor ies sont- elles cadu­ qu es.

Reste le pla idoyer global d'une œuvre et d'u n homme pour un effort de justesse dans l'appréh ension du cours des choses, monument exemplaire de la gén ération d' après la Révolut ion, et exemple monumental à l'usa ge de not re temp s : Si, comme je me plais à le croi re, l'inté rêt de la science est comp té au nom bre des grands inté rêts nationa ux, j'ai donné à mon pays tout ce que lui donne le soldat mutilé sur le champ de bat aille.

Quelle que soit la des tinée de mes trava ux, cet exemple, je l'espère, ne sera pas perdu.

Je vo udr ais qu'il servît à com battre l'espèce d'aff aissemen t moral qui est la maladie de la génér ation nouvelle; qu'il pût ra mener dans le droi t chemin de la vie quelqu'une de ces âmes énervées qui se plaig nent de manquer de foi, qui ne savent où se pendr e et vont cherchan t pa rto ut, sans le rencontrer nulle part, un objet de culte et de dév ouemen t.

Pourquoi se dire avec tant d'amer tume que, dans le monde cons titué comme il est, il n'y a pas d'air pour toutes les poitri nes, pas d'emploi pour toutes les intelli genc es? L'é tude sérieuse et calme n'est elle pas là? et n'y a til pas en elle un refu ge, une espér ance, une carrière à la po rté e de chacun de nous ? Avec elle, on traverse les mau vais jour s sans en sentir le poids, on se fait à soi même sa destinée : on use noblement la vie.

Voilà ce que j'ai fait et ce que je fe rais encore si j'avais à rec om mencer ma route : je pren dr ais celle qui m'a conduit où je suis .

Av eugle, et souffra nt sa ns espoir et presque sans relâche, je puis rendre ce té moignage, qui de ma part ne sera pas suspec t : il y a au monde quelque chose qui vaut mieux que les jouissances mat ériel les, mieux que la fortune, mieux que la santé elle même, c'est le dévouemen t à la science.

BI BLIOGRAPHIE Œuv res.

Dix Ans d'études historiques, Paris, Te ssier, 1835; , Pari s, 18 17;. »

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