TOWA Marcien (vie et oeuvre)

TOWA Marcien (né en 1931). Quand il naît, près de Yaoundé, le Cameroun est territoire sous mandat, partagé entre deux puissances coloniales, la France et la Grande-Bretagne, qui succèdent à l'Allemagne. Fervent catholique, élève au grand séminaire d'Otélé, Marcien Towa part en 1956 poursuivre ses études supérieures à Caen. Après une licence et un D.E.S. en philosophie, il enseigne au Cameroun. Une bourse de l’Unesco le conduit en Europe de l’Ouest et en U.R.S.S. pour des études de psychologie. Il obtient en France un doctorat de 3e cycle en 1969 et soutient sa thèse d’État avec succès en 1977. Rédacteur de la revue Abbia, il dirige le département de philosophie à l’université de Yaoundé.

Il est un des initiateurs du débat autour du concept de « philosophie africaine ». D’abord axée sur la critique de la démarche de Tempels (la Philosophie bantoue, 1947), démarche qualifiée d'« ethno-philosophique », la discussion s’est élargie à la recherche d'une définition de la philosophie, à l’interrogation sur la place des sciences. Towa pense qu'une « philosophie africaine » serait « l’exercice par les Africains d’un type déterminé d’activité intellectuelle (l’examen critique de problèmes fondamentaux) appliquée à la réalité africaine »; il a récemment reconnu l’importance des textes oraux, à l’égal des textes écrits, dans l’établissement d’un corpus d'histoire de la philosophie. Stigmatisant l’influence encore prédominante de théologiens dans la formation des professeurs de philosophie en Afrique, il y voit un obstacle à l’épanouissement d'une pensée rationnelle. Affirmant ses convictions socialistes, il dénonce le despotisme politique intérieur et l’assujettissement à l'étranger.