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Traducteurs, Mémorialistes, Écrivains politiques et religieux à la Renaissance

Publié le 18/10/2011

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Bien des écrivains de notre xvr siècle se sont occupés accidentellement de politique : ainsi Lemaire de Belges, Guillaume Postel, Ronsard, Agrippa d'Aubigné, Montaigne. Mais il convient de faire une place particulière aux pamphlétaires protestants : le plus illustre d'entre eux, François HoTMAN (1524-1590), fut professeur de droit; son ouvrage capital, FrancoGallia (Genève, 1573) traduit en français par Simon Goulard sous le titre de La Gàule française en 1574, le montre partisan de la souveraineté d'un « grand conseil national, maître d'élire et de déposer les rois :.. A la même date, le dauphinois Nicolas Barnaud publie le Réveille-matin des Français, qui prêche la résistance huguenote.

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Gentilhomme gascon, Monluc qu'on accuse de ·cruauté et de concussion, décide de se juatlfler en dictant aea • Mémoires •• (Photo Roger-VIollet).

Soudain, je connus bien qu'il fallait que d'au­ tres y missent la main que nos gens de pied.

Et tout à un coup, jè perdis la souvenance de l'opinion que j'avais d'y devoir être tué ou blessé , et ne m'en souvins plus; et dis.

à la noblesse : « 0 gentilshommes, mes amis, il n'y a combat que de noblesse : il faut que nous espérions que la victoire nous doit venir par nous autres, qui sommes gentilshommes; allons, je vous montrerai le chemin et vous ferai con­ naître que jamais bon cheval ne devint rosse .

Suivez hardiment, et, sans vous étonner, donnez, car nous ne saurions choisir mort plus honora­ ble ; c'est trop marchander, allons.

» Et pris alors M.

de Gohas par la main, et lui dit : « Monsieur de Gohas, je veux que vous et moi combattions ensemble.

Je vous prie, ne nous abandonnons point; et, si je suis tué ou blessé, ne vous en souciez point et me lai ssez là, et poussez seulement outre, et faites que la vic­ toire en demeure au roi.

» Et ainsi marchâmes tous d'aussi grande volonté qu'à ma vie je connus gens d'aller à l'assaut.

J'avais fait porter trois ou quatre échelles auprès du bord du fossé, et comme je me retournais en arrière pour commander que l'on apportât deux échelles, l'arquebusade me fut donnée par le visage au coin d'une barricade qui touchait à la tour.

Tout à coup je fus tout sang, car je le jetais par la bouche, par le nez et par les yeux.

M .

de Gohas me voulut prendre, cuidant que je tom­ basse; je lui dis : « Laissez-moi; je ne tom­ berai point : suivez votre pointe.

» Alors pres­ que tous les soldats, et presque aussi tous les gentilshommes commencèrent à s'étonner, et se voulurent reculer; mais je leur criai, encore que je ne pouvais guère bien parler, à cause du grand sang que je jetais par la bouche et par le nez : « Où voulez-vous aller ? où voulez­ vous aller ? Vous voulez nous épouvanter pour moi ? Ne vous bougez, ni n'abandonnez point le combat, car je n'ai point de mal; et que chacun retourne en son lieu », couvrant cepen­ dant le sang le mieux que je pouvais et dis à M.

de Gohas : « 0 monsieur de Gohas, gardez, je vous prie, que personne ne s'épouvante, et suivez le combat.

» Je ne pouvais plus demeurer là, car je commençais à perdre la force, et dis aux gentilshommes : « Je m'en vais me faire panser, et que personne ne me suive, et vengez­ moi, si vous m'aimez ».

Autre Gascon, Pierre de BouRDEILLE, seigneur de Brantôme (15-40 · environ -1614) a mené une vie aventureuse de soldat, de courtisan , de diplo­ mate jusqu'au jour où un accident de cheval l'immobilise dans un lit pour plusieurs années (1583).

Il se retire alors dans son abbaye et se met à dicter à des secrétaires ses Mémoires en plusieurs sections (notamment Recueil des dames, Vies des grands capitaines français, Vies des grands capitaines étrangers) qui ne seront publiés pour la première fois qu'au milieu du xv11• siècle.

Il faut se méfier de la véracité des récits rapportés par Brantôme : il lui arrive de colporter des potins de Cour, d'in­ venter ou d'utiliser ses vastes lectures françai­ ses, italiennes, espagnoles et latines .

Mais il a entendu parler de beaucoup d'événements par sa grand-mère qui était dame d'honneur de Marguerite de Navarre et il a lui-même beau­ coup vu; lui aussi, il est plein de verve, de mouvement et de vie ; mais, quand il le veut, il sait s'élever au pathétique le plus sobre et le plus convaincant, comme dans cette page où il raconte le départ de Calais de Marie Stuart , rentrant en Ecosse après son veuvage : Elle voulut se coucher sans n'avoir mangé qu'une salade, et ne voulut descendre en bas dans la chambre de poupe.

Et reposa peu, n'ou­ bliant nullement ses soupirs et larmes.

Elle commanda au timonier, sitôt qu'il serait jour, s'il voyait et découvrait encore le terrain de la France, qu'il l'éveillât et ne craignît de l'appeler.

A quoi la fortune la favorisa; car le vent s'étant cessé, et ayant eu recours aux rames,' on ne fit guère de chemin cette nuit : si bien que, le jour paraissant, parut encore le terrain de France; et, n'ayant failli le timonier au commandement qu'elle lui avait fait, elle se leva sur son lit, et se mit à contempler la. »

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