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Tristesse d'Olympio, de Victor Hugo

Publié le 19/02/2011

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C'est les tout derniers jours de 1832 ou les tout premiers de 1833 que Victor Hugo rencontra pour la première fois dans un bal d'artistes cette Juliette, actrice aussi légère de réputation que de talent, mais dont les yeux noirs, la sveltesse et la beauté fascinèrent le poète; dès février une liaison se noua, à laquelle seule mettra fin, cinquante ans plus tard, la mort de Juliette. Ce n'est pas que les débuts de cette liaison aient toujours été faciles : l'actrice avait des dettes qu'elle n'osait avouer au poète et celui-ci d'autre part était comme jaloux du passé de l'artiste, d'où des orages, des tentatives de rupture chaque fois suivies de raccommodements.

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« 1.

La maison des Metz est un pèlerinage littéraire que tous nos jeunes candidats bacheliers de Paris doivent fairependant leur année de Première. .../... strophe de laquelle il notait la bienfaisance du souvenir.

Tout plein de ces pensées, Victor Hugo revoit ces lieuxchers aux deux coeurs, note à son tour ses déceptions et ses impressions, rentre à Paris, se met au travail, écritcette « Contemplation » avant la lettre dont il soumet le texte à Juliette le -samedi suivant 21 octobre 1837 et quiprendra place en 184o dans les Rayons et les Ombres sous le titre de Tristesse d'Olympia, une des créations les pluspersonnelles du poète, dit M.

Levaillant, « qui a grandi lentement dans sa tête et s'est bercée dans les orages deson coeur ».Olympio, c'est le « double » du poète ou le poète lui-même; il s'est plu dès 1825 à se personnifier dans ce Titan, filsde l'Olympe exilé sur la terre, qui va dédaigneux des hommes et plein de mépris pour leurs mesquineries, confiantdans sa force et son génie; l'amour, en 1837, a seulement donné un peu de chaleur et d'âme à cette figure quijusqu'alors n'avait guère été qu'une abstraction.

Nous ne suivrons pas M.

Levaillant dans l'analyse qu'il fait de lacélèbre élégie; les thèmes d'ailleurs se laissent facilement dégager : la douloureuse constatation des changementsapportés par le temps au paysage aimé, — la trahison de la nature qui non seulement modifie sans relâche le visagedes choses, mais qui ne cesse de prêter le même cadre à des couples d'amants toujours renouvelés et disparaissanttour à tour dans la mort (il est difficile ici de ne pas penser à Lucrèce ou au Bossuet du Sermon sur la Mort), — lavolonté d'Olympio de garder vivant le passé et de le transfigurer par le souvenir; car en conservant le souvenir « aufond désolé du gouffre intérieur » où, quand il veut, il descend le chercher, l'homme retrouve toute sa dignité, toutesa grandeur et sa place privilégiée dans la création, puisqu'il triomphe ainsi de la nature et du destin; la conclusiond'Olympio est donc tout sauf celle du désespoir : le passé sans doute est le passé, mais l'homme par le souvenir araison de l'hostilité des choses et, somme toute, le souvenir est l'élément substantiel du bonheur.Nous passerons aussi, toujours à regret, sur l'étude de texte à laquelle se livre M.

Levaillant, bien que rien ne soitplus intéressant que de voir comment et pourquoi le poète se corrige, de surprendre aussi les additions qu'il apporteà sa première rédaction 'à la demande de Juliette-ce sont des détails d'un intérêt plutôt descriptif ou anecdotique,comme si la portée philosophique du poème échappait à la jeune femme; on dirait même qu'elle lui échappe encoreen 1845, date où (enfin!) les deux amants font ensemble le pèlerinage si longtemps désiré : « Nos coeurs, écritJuliette, étaient comme le ciel et comme la nature, ils n'étaient pas changés.

»Le livre se termine par des appendices où l'auteur discute de curieuses questions de chronologie ou traite dessources de certains passages du poème; le dernier appendice est une pièce de vers sur la Maison d'Olympia qu'il aécrite lui-même en octobre 1937 : délicate façon de célébrer un centenaire! C'est de façon générale un monumentde sympathie et d'érudition, ainsi qu'il l'a voulu, que M.

Levaillant a élevé à son poète, où il a fait preuve aussi d'uneexquise finesse d'analyse.. »

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